À Sud I, 120.874 électeurs inscrits – 63.662 à Saïda et 57.212 à Jezzine – sont invités à élire leurs représentants parmi les 29 candidats répartis sur sept listes.
À quelques jours du scrutin du 15 mai, le paysage électoral à Sud I, qui englobe les cazas de Saïda et Jezzine, reste flou. Tout se jouera au dernier quart d’heure, selon de nombreux observateurs. De fait, c’est la première fois depuis 1992 que Saïda se retrouve sans un leadership sunnite, après que l’ancien Premier ministre et chef du Courant du futur, Saad Hariri, a annoncé en janvier dernier la suspension de sa participation à la vie politique et appelé indirectement sa base électorale à boycotter les législatives. Or l’électorat haririen «compte plus de 40% des voix à Saïda – soit près de 15.000 voix – et, jusqu’à présent, il n’est pas clair s’il va voter», explique un observateur ayant requis l’anonymat. «Il attend le mot d’ordre de Bahia Hariri, députée sortante de la région qui semble jusqu'à présent se conformer à la décision de Saad Hariri et affirme ne pas se mêler de la bataille électorale, ce qui crée une grande confusion parmi l’électorat sunnite en général et haririen en particulier», ajoute-t-il.
«On ignore si Bahia Hariri campera sur sa position, d’autant que l’un des principaux candidats sunnites, Youssef el-Naqib, est proche de la famille, poursuit l’observateur. Il a toujours été impliqué au sein du Courant du futur et avait longtemps dirigé la machine électorale du parti. Il avait également occupé un important poste à Ogero et à Saudi Oger. Il a donc du poids, mais pas en dehors du cadre des Hariri.»
Youssef el-Naqib se présente sur la liste «Notre unité à Saïda et Jezzine» formée par les Forces libanaises et des indépendants et soutenue par l’ancien Premier ministre Fouad Siniora. Face à elle, six autres listes sont engagées dans la bataille électorale: «Nous votons le changement», formée par Oussama Saad, Abdel Rahman Bizri et des indépendants; «Nous sommes le changement», formée par Madinati et des indépendants; «Capables», formée par Citoyens et citoyennes dans un État et des indépendants; «La voix du changement», formée par des indépendants; «Ensemble pour Saïda et Jezzine», liste du Courant patriotique libre (CPL) et «La modération, notre force», formée par Ibrahim Azar, soutenue par le mouvement Amal. À Sud I, 120.874 électeurs inscrits – 63.662 à Saïda et 57.212 à Jezzine – sont invités à élire leurs représentants parmi les 29 candidats répartis sur ces listes: deux sunnites à Saïda, deux maronites et un grec-catholique à Jezzine.
Si Bahia Hariri appelle la base du parti à voter, les voix iront à Youssef el-Naqib dont la liste pourrait avoir un second coefficient, estiment des observateurs. Dans le cas contraire, ceux qui parmi eux décident de voter accorderont leur voix à Abdel Rahman Bizri sur la liste «Nous votons le changement», «parce que, traditionnellement, de nombreuses voix haririennes votaient pour les Bizri, mais pour des raisons multiples, elles accordent depuis des années leur voix aux candidats des Hariri», selon une source bien informée. «Abdel Rahman Bizri semblerait d’ailleurs avoir une petite avance sur Oussama Saad», constate Walid Osseiran, activiste social, qui affirme par ailleurs que la liste «Nous votons le changement» est certaine d’avoir un coefficient, voire même plus.
Naqib vs Bizri
Selon un observateur averti, Oussama Saad, qui s’était allié au CPL en 2018 mais qui a pris ses distances par rapport au Hezbollah et au parti aouniste depuis la contestation du 17 octobre 2019 en adhérant aux revendications populaires, a pratiquement garanti son siège à l’hémicycle, même si les quelque 3.000 à 3.500 voix chiites du Hezbollah à Saïda ne lui seront pas accordées, comme cela avait été le cas en 2018, mais iront à Nabil Zaatari sur la liste «La modération, notre force», soutenue par Amal.
La bataille pour le second siège sunnite à Saïda sera menée entre Youssef el-Naqib et Abdel Rahman Bizri. Dans ce cas, le résultat est tributaire de la décision de Bahia Hariri, qui peut renverser la donne. Selon le même observateur, les chrétiens de Saïda voteront massivement pour la candidate grecque-catholique, Ghada Ayoub, sur la liste soutenue par les Forces libanaises. «Même si Youssef el-Naqib ne passe pas, la liste aura au moins assuré un coefficient pour ce siège qu’ils pourraient arracher à la liste du CPL», estime-t-il.
Une autre grande inconnue à Saïda, reste le vote de la Jamaa islamiya qui compte quelque 1.500 à 2.000 voix, «un chiffre important qui pourrait assurer un second coefficient aux listes qui ont le plus de chances de passer», selon Ibrahim Jouhari, expert en droit international et électoral et professeur d’université. Jusqu’à présent, la Jamaa n’a pas encore décidé si elle participera à la consultation électorale du 15 mai.
Renfort au CPL
À Jezzine, Ibrahim Azar, qui se présente sur la liste appuyée par le mouvement Amal, a perdu beaucoup de sa cote sur le plan chrétien. «Sur le plan individuel, Ibrahim Azar est populaire, mais c’est son alliance avec le parti de Nabih Berry, malgré l’effondrement économique, qui l’a affaibli dans la rue chrétienne, selon une source de Jezzine. Les chrétiens du caza sont plus favorables à la liste des FL parce que ce parti s’oppose aux aounistes. Charbel Massaad et Camille Serhal, tous deux médecins et colistiers de Oussama Saad et Abdel Rahman Bizri, ont eux aussi gagné en popularité au niveau chrétien, en raison de services rendus aux habitants de la région depuis le début de la crise économique. Ils pourraient arracher des voix à Ibrahim Azar et à la liste aouniste, même s’ils n'étaient pas élus.»
«Quant aux candidats du CPL Ziad Assouad et Amal Abou Zeid, ils sont en danger, poursuit-on dans les mêmes milieux. Leur liste pourrait ne pas avoir de coefficient. D’une part, parce que les deux colistiers sont en mauvais termes et qu’ils mènent une bataille l’un contre l’autre, non seulement pour l’un des deux sièges maronites du caza, mais aussi dans les médias et sur les réseaux sociaux. D’autre part, parce qu’ils pourraient être privés des voix chiites de Jabal el-Rihane. Celles-ci bénéficieront à Ibrahim Azar, le chef du mouvement Amal, Nabih Berry, n’acceptant pas que son allié chiite, le Hezbollah, accorde ses voix aux candidats aounistes.»
Selon Ibrahim Jouhari toutefois, le Hezb ne jouera sa dernière carte que dans l’après-midi. Quelque 1.000 à 1.500 de ses électeurs ne se rendront aux urnes qu’en fin de journée, si la liste du CPL a besoin de renfort.
À quelques jours du scrutin du 15 mai, le paysage électoral à Sud I, qui englobe les cazas de Saïda et Jezzine, reste flou. Tout se jouera au dernier quart d’heure, selon de nombreux observateurs. De fait, c’est la première fois depuis 1992 que Saïda se retrouve sans un leadership sunnite, après que l’ancien Premier ministre et chef du Courant du futur, Saad Hariri, a annoncé en janvier dernier la suspension de sa participation à la vie politique et appelé indirectement sa base électorale à boycotter les législatives. Or l’électorat haririen «compte plus de 40% des voix à Saïda – soit près de 15.000 voix – et, jusqu’à présent, il n’est pas clair s’il va voter», explique un observateur ayant requis l’anonymat. «Il attend le mot d’ordre de Bahia Hariri, députée sortante de la région qui semble jusqu'à présent se conformer à la décision de Saad Hariri et affirme ne pas se mêler de la bataille électorale, ce qui crée une grande confusion parmi l’électorat sunnite en général et haririen en particulier», ajoute-t-il.
«On ignore si Bahia Hariri campera sur sa position, d’autant que l’un des principaux candidats sunnites, Youssef el-Naqib, est proche de la famille, poursuit l’observateur. Il a toujours été impliqué au sein du Courant du futur et avait longtemps dirigé la machine électorale du parti. Il avait également occupé un important poste à Ogero et à Saudi Oger. Il a donc du poids, mais pas en dehors du cadre des Hariri.»
Youssef el-Naqib se présente sur la liste «Notre unité à Saïda et Jezzine» formée par les Forces libanaises et des indépendants et soutenue par l’ancien Premier ministre Fouad Siniora. Face à elle, six autres listes sont engagées dans la bataille électorale: «Nous votons le changement», formée par Oussama Saad, Abdel Rahman Bizri et des indépendants; «Nous sommes le changement», formée par Madinati et des indépendants; «Capables», formée par Citoyens et citoyennes dans un État et des indépendants; «La voix du changement», formée par des indépendants; «Ensemble pour Saïda et Jezzine», liste du Courant patriotique libre (CPL) et «La modération, notre force», formée par Ibrahim Azar, soutenue par le mouvement Amal. À Sud I, 120.874 électeurs inscrits – 63.662 à Saïda et 57.212 à Jezzine – sont invités à élire leurs représentants parmi les 29 candidats répartis sur ces listes: deux sunnites à Saïda, deux maronites et un grec-catholique à Jezzine.
Si Bahia Hariri appelle la base du parti à voter, les voix iront à Youssef el-Naqib dont la liste pourrait avoir un second coefficient, estiment des observateurs. Dans le cas contraire, ceux qui parmi eux décident de voter accorderont leur voix à Abdel Rahman Bizri sur la liste «Nous votons le changement», «parce que, traditionnellement, de nombreuses voix haririennes votaient pour les Bizri, mais pour des raisons multiples, elles accordent depuis des années leur voix aux candidats des Hariri», selon une source bien informée. «Abdel Rahman Bizri semblerait d’ailleurs avoir une petite avance sur Oussama Saad», constate Walid Osseiran, activiste social, qui affirme par ailleurs que la liste «Nous votons le changement» est certaine d’avoir un coefficient, voire même plus.
Naqib vs Bizri
Selon un observateur averti, Oussama Saad, qui s’était allié au CPL en 2018 mais qui a pris ses distances par rapport au Hezbollah et au parti aouniste depuis la contestation du 17 octobre 2019 en adhérant aux revendications populaires, a pratiquement garanti son siège à l’hémicycle, même si les quelque 3.000 à 3.500 voix chiites du Hezbollah à Saïda ne lui seront pas accordées, comme cela avait été le cas en 2018, mais iront à Nabil Zaatari sur la liste «La modération, notre force», soutenue par Amal.
La bataille pour le second siège sunnite à Saïda sera menée entre Youssef el-Naqib et Abdel Rahman Bizri. Dans ce cas, le résultat est tributaire de la décision de Bahia Hariri, qui peut renverser la donne. Selon le même observateur, les chrétiens de Saïda voteront massivement pour la candidate grecque-catholique, Ghada Ayoub, sur la liste soutenue par les Forces libanaises. «Même si Youssef el-Naqib ne passe pas, la liste aura au moins assuré un coefficient pour ce siège qu’ils pourraient arracher à la liste du CPL», estime-t-il.
Une autre grande inconnue à Saïda, reste le vote de la Jamaa islamiya qui compte quelque 1.500 à 2.000 voix, «un chiffre important qui pourrait assurer un second coefficient aux listes qui ont le plus de chances de passer», selon Ibrahim Jouhari, expert en droit international et électoral et professeur d’université. Jusqu’à présent, la Jamaa n’a pas encore décidé si elle participera à la consultation électorale du 15 mai.
Renfort au CPL
À Jezzine, Ibrahim Azar, qui se présente sur la liste appuyée par le mouvement Amal, a perdu beaucoup de sa cote sur le plan chrétien. «Sur le plan individuel, Ibrahim Azar est populaire, mais c’est son alliance avec le parti de Nabih Berry, malgré l’effondrement économique, qui l’a affaibli dans la rue chrétienne, selon une source de Jezzine. Les chrétiens du caza sont plus favorables à la liste des FL parce que ce parti s’oppose aux aounistes. Charbel Massaad et Camille Serhal, tous deux médecins et colistiers de Oussama Saad et Abdel Rahman Bizri, ont eux aussi gagné en popularité au niveau chrétien, en raison de services rendus aux habitants de la région depuis le début de la crise économique. Ils pourraient arracher des voix à Ibrahim Azar et à la liste aouniste, même s’ils n'étaient pas élus.»
«Quant aux candidats du CPL Ziad Assouad et Amal Abou Zeid, ils sont en danger, poursuit-on dans les mêmes milieux. Leur liste pourrait ne pas avoir de coefficient. D’une part, parce que les deux colistiers sont en mauvais termes et qu’ils mènent une bataille l’un contre l’autre, non seulement pour l’un des deux sièges maronites du caza, mais aussi dans les médias et sur les réseaux sociaux. D’autre part, parce qu’ils pourraient être privés des voix chiites de Jabal el-Rihane. Celles-ci bénéficieront à Ibrahim Azar, le chef du mouvement Amal, Nabih Berry, n’acceptant pas que son allié chiite, le Hezbollah, accorde ses voix aux candidats aounistes.»
Selon Ibrahim Jouhari toutefois, le Hezb ne jouera sa dernière carte que dans l’après-midi. Quelque 1.000 à 1.500 de ses électeurs ne se rendront aux urnes qu’en fin de journée, si la liste du CPL a besoin de renfort.
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