“Liban, au coeur du chaos” un documentaire d’Alfred de Montesquiou sur France 5
Reportage, essai, roman, documentaire, Alfred de Montesquiou a décrit sous tous les formats cet Orient qui s’étend de l’Hindu Kuch à l’Atlantique, la passion arabe dans le coeur et dans le sang. Reporter de guerre pour Associated Press de 2004 à 2010 puis grand reporter à Paris Match jusqu’en 2019, son premier roman paru en mars 2021, L’étoiles de frontières (Stock, 336 p.), est marqué par son expérience de la révolution et de la guerre syrienne. C’est en image qu’il présente ce 28 novembre, sur France 5 (20h55) un autre pays qui lui est cher, le Liban. Son documentaire « Liban, au coeur du chaos » est un voyage au pays du cèdre, brisé mais où continue de germer l’espoir sous les décombres.

Pendant près d’une heure et demi, Montesquiou nous emmène, de Beyrouth à Baalbek et de Naqoura à Tripoli, chercher des explications à la détresse dans laquelle se débat le pays, à la purulence des “cinq plaies du Liban : la corruption, les guerres, la démission de l’Etat, le confessionnalisme et l’anarchie”. On y suit Liliane, étudiante en sciences politiques qui a dû abandonner ses rêves de diplomatie pour trouver un travail de subsistance. Puis Khalid, jeune journaliste qui nous guide dans le Sud au son des hymnes du Hezbollah. Dans la Békaa, un enfant syrien nourrit sa famille en taillant impeccablement cheveux et barbes sous les bâches blanches au sigle des Nations unies. “Nous sommes parqués comme du bétail dans notre communauté confessionnelle”, se désolent à Deir el Qamar Marie-Jo et Abdallah, les pionniers du mariage civil au Liban tandis qu’à Tripoli un jeune père de famille menace “si je n’ai plus rien pour nourrir mes enfants, je descends dans la rue tout casser”.

Entre ces portraits vibrants d’émotion et de vérité, la caméra marque régulièrement une pause et se fixe pour quelques échanges sur les traits soignés de visages très connus que le réalisateur a réussi à rassembler par un tour de force. Cheikh Naïm Qassem, secrétaire général adjoint du Hezbollah déclare : “Les sanctions américaines sont responsables de la crise économique ” ; “le Hezbollah impose une idéologie basée sur le concept de la guerre perpétuelle”, lui répond Samy Gemayel des Kataeb. Imperturbable, le gouverneur de la Banque centrale Riad Salamé ne sait rien des dizaines de millions de dollars que les autorités financières européennes lui prêtent. La voix off présente un Gebran Bassil toujours droit dans ses bottes, “girouette pour les uns, maître stratège pour les autres”, puis intervient l’analyse de Walid Joumblatt : “C’est impossible de faire des réformes dans un système confessionnel”. Aussi vivant que pédagogique, le documentaire explique efficacement la genèse des “cinq plaies du Liban” tout en exposant leurs expressions dramatiques actuelles.

“Au coeur du chaos, que reste-t-il du Liban ? Sans doute la vaillance d’un peuple qui a su traverser tous les remous de l’histoire à force d’intelligence, d’humour et de courage”, conclut Montesquiou, qui a accepté de confier à Ici Beyrouth ses sentiments pour le Liban et ce qu’il a tiré de cette dernière expérience.



 










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