C’est une visite particulièrement symbolique que le Premier ministre libanais Nagib Mikati a effectué jeudi matin au Vatican, où il s’est entretenu avec le pape François à un moment où le Liban s’enlise au plus profond de la crise, et sur fond de blocage gouvernemental depuis le 12 octobre dernier, au lendemain des déclarations controversées du ministre de l’Information Georges Cordahi sur le conflit yéménite, mais aussi et surtout à cause de l’opposition du Hezbollah à l’enquête menée par le juge Tarek Bitar sur l’explosion du port de Beyrouth, le 4 août 2020.
M. Mikati a sans doute cherché par sa démarche à briser le blocus imposé par le Hezbollah et ses alliés à une reprise - toujours très improbable - du Conseil des ministres. A cette fin, il a fait appel à une autorité morale indéniable
pour tenter de débloquer la situation, ou à tout le moins, en marquant des points politiques virtuels à travers ce geste emblématique d’une rencontre avec le souverain pontife dans un contexte dramatique, là où la présidence de la République, pourtant occupée par le « chrétien fort » selon le crédo que cette dernière a elle-même choisi pour son mandat, paraît être aux abonnés absents.
Le président du Rassemblement de Saydet el-Jabal, l’ancien député Farès Souhaid, relève ainsi « l’enthousiasme du Premier ministre sunnite à l’égard du Vatican pour tenter de trouver une solution à la crise libanaise alors que le président de la République ne présente aucune initiative à l’égard de l’Eglise - comme si le souci de solliciter le Saint-Siège pour le salut du Liban était un souci sunnite plutôt que chrétien ».
L’initiative du Premier ministre s’inscrirait en effet dans une logique de préservation de ce qui peut encore être sauvé de la « culture du lien » face aux ravages causés par la « culture de l’exclusion », qui saucissonne sans cesse le Liban et le pousse de sa plus-value fondamentale, sa profondeur stratégique et culturelle historique arabe et occidentale, en faveur d’un alignement tous azimut sur l’expansionnisme iranien.
« Lève-toi ! »
Durant l’audience qui a duré une vingtaine de minutes, le pape François a déclaré au Premier ministre libanais qu'il priait pour que Dieu aide le Liban à « se relever » et à se remettre sur pied.
Le souverain pontife a évoqué les différents problèmes dans ses remarques à M. Mikati et la délégation libanaise et les a assurés de ses prières et de ses efforts « pour la mise en place d’un effort commun qui aiderait le Liban à se relever » sur pied.
Il a fait référence à un passage biblique dans lequel Jésus prend la main d'une jeune fille sur son lit de mort et lui dit « Lève-toi ! ». « Que Dieu prenne le Liban par la main et lui dise : "Lève-toi !" », a déclaré le Vatican en citant le pape.
Selon le bureau de presse de M. Mikati, le pape « a exprimé son inquiétude concernant la situation sociale au Liban et les conditions économiques dans lesquelles vivent les Libanais ».
Le pape aurait notamment dit au Premier ministre libanais que le Vatican « ferait des efforts pour soutenir le Liban auprès des instances internationales », soulignant la nécessité pour le pays du Cèdre de « maintenir de bonnes relations avec ses voisins arabes et la communauté internationale », mais aussi et surtout de veiller à la concorde interlibanaise et au maintien de la culture du dialogue et de la réconciliation islamo-chrétienne, loin du sectarisme sous toutes ses formes. Des mots lourds de sens dans le contexte actuel de crise avec le monde arabe en raison de l’influence considérable du Hezbollah sur le processus de décision officiel et, partant, sur les causes de la crise avec les pays du Golfe.
De son côté, Nagib Mikati a renouvelé son adhésion au modèle de vivre-ensemble et à la formule du « Liban-message », énoncée par Saint Jean-Paul II, ainsi qu’aux bonnes relations du Liban avec son environnement arabe.
A l’issue de l'audience, François a invité M. Mikati et la délégation libanaise formée des ministres de la Justice Henri Khoury, du Tourisme Walid Nassar et de l’ambassadeur du Liban au Vatican, Farid Elias el-Khazen, à observer une minute de silence et de prière, selon le Vatican.
Fait hautement symbolique, le président du Conseil a offert au Souverain Pontife un fragment d'une église de Beyrouth du XIXe siècle gravement endommagée lors de l'explosion du port, le 4 août 2020.
Nagib Mikati a en outre rencontré le secrétaire d'État du Vatican, le cardinal Pietro Parolin. Les entretiens ont porté sur l'espoir que « la justice, les réformes nécessaires et le soutien de la communauté internationale aident à résoudre les problèmes », selon un communiqué du Vatican.
Le cardinal Parolin a mis l’accent durant la rencontre sur « l’importance du Liban pour la présence chrétienne au Moyen-Orient, d’autant qu’il a toujours été un modèle de vivre-ensemble pour les sociétés du monde entier ». Il a exprimé sa profonde inquiétude concernant l’effondrement du niveau de vie des Libanais et de la situation économique dans le pays, avant d'assurer que le Saint-Siège déploiera tous ses efforts afin d’aider le Liban.
M. Mikati a sans doute cherché par sa démarche à briser le blocus imposé par le Hezbollah et ses alliés à une reprise - toujours très improbable - du Conseil des ministres. A cette fin, il a fait appel à une autorité morale indéniable
pour tenter de débloquer la situation, ou à tout le moins, en marquant des points politiques virtuels à travers ce geste emblématique d’une rencontre avec le souverain pontife dans un contexte dramatique, là où la présidence de la République, pourtant occupée par le « chrétien fort » selon le crédo que cette dernière a elle-même choisi pour son mandat, paraît être aux abonnés absents.
Le président du Rassemblement de Saydet el-Jabal, l’ancien député Farès Souhaid, relève ainsi « l’enthousiasme du Premier ministre sunnite à l’égard du Vatican pour tenter de trouver une solution à la crise libanaise alors que le président de la République ne présente aucune initiative à l’égard de l’Eglise - comme si le souci de solliciter le Saint-Siège pour le salut du Liban était un souci sunnite plutôt que chrétien ».
L’initiative du Premier ministre s’inscrirait en effet dans une logique de préservation de ce qui peut encore être sauvé de la « culture du lien » face aux ravages causés par la « culture de l’exclusion », qui saucissonne sans cesse le Liban et le pousse de sa plus-value fondamentale, sa profondeur stratégique et culturelle historique arabe et occidentale, en faveur d’un alignement tous azimut sur l’expansionnisme iranien.
« Lève-toi ! »
Durant l’audience qui a duré une vingtaine de minutes, le pape François a déclaré au Premier ministre libanais qu'il priait pour que Dieu aide le Liban à « se relever » et à se remettre sur pied.
Le souverain pontife a évoqué les différents problèmes dans ses remarques à M. Mikati et la délégation libanaise et les a assurés de ses prières et de ses efforts « pour la mise en place d’un effort commun qui aiderait le Liban à se relever » sur pied.
Il a fait référence à un passage biblique dans lequel Jésus prend la main d'une jeune fille sur son lit de mort et lui dit « Lève-toi ! ». « Que Dieu prenne le Liban par la main et lui dise : "Lève-toi !" », a déclaré le Vatican en citant le pape.
Selon le bureau de presse de M. Mikati, le pape « a exprimé son inquiétude concernant la situation sociale au Liban et les conditions économiques dans lesquelles vivent les Libanais ».
Le pape aurait notamment dit au Premier ministre libanais que le Vatican « ferait des efforts pour soutenir le Liban auprès des instances internationales », soulignant la nécessité pour le pays du Cèdre de « maintenir de bonnes relations avec ses voisins arabes et la communauté internationale », mais aussi et surtout de veiller à la concorde interlibanaise et au maintien de la culture du dialogue et de la réconciliation islamo-chrétienne, loin du sectarisme sous toutes ses formes. Des mots lourds de sens dans le contexte actuel de crise avec le monde arabe en raison de l’influence considérable du Hezbollah sur le processus de décision officiel et, partant, sur les causes de la crise avec les pays du Golfe.
De son côté, Nagib Mikati a renouvelé son adhésion au modèle de vivre-ensemble et à la formule du « Liban-message », énoncée par Saint Jean-Paul II, ainsi qu’aux bonnes relations du Liban avec son environnement arabe.
A l’issue de l'audience, François a invité M. Mikati et la délégation libanaise formée des ministres de la Justice Henri Khoury, du Tourisme Walid Nassar et de l’ambassadeur du Liban au Vatican, Farid Elias el-Khazen, à observer une minute de silence et de prière, selon le Vatican.
Fait hautement symbolique, le président du Conseil a offert au Souverain Pontife un fragment d'une église de Beyrouth du XIXe siècle gravement endommagée lors de l'explosion du port, le 4 août 2020.
Nagib Mikati a en outre rencontré le secrétaire d'État du Vatican, le cardinal Pietro Parolin. Les entretiens ont porté sur l'espoir que « la justice, les réformes nécessaires et le soutien de la communauté internationale aident à résoudre les problèmes », selon un communiqué du Vatican.
Le cardinal Parolin a mis l’accent durant la rencontre sur « l’importance du Liban pour la présence chrétienne au Moyen-Orient, d’autant qu’il a toujours été un modèle de vivre-ensemble pour les sociétés du monde entier ». Il a exprimé sa profonde inquiétude concernant l’effondrement du niveau de vie des Libanais et de la situation économique dans le pays, avant d'assurer que le Saint-Siège déploiera tous ses efforts afin d’aider le Liban.
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