Des ONG rallument les rues de Beyrouth… et l’espoir
Rebirth Beirut a illuminé dimanche soir les quartiers de Gemmayzé, Mar Mikhaël et Pasteur dans le but de contribuer à leur relance économique.

Dans les rues noires de Beyrouth, conduire ou marcher la nuit relève d’un défi «sensoriel» éprouvant. À l’instar de plusieurs régions du pays, la capitale sombre dans l’obscurité, faute d’alimentation en courant électrique. Mais dans certaines rues et ruelles, seuls les feux de signalisation, placés sur les intersections principales de Beyrouth, sont allumés. À l’origine de cette initiative, Rebirth Beirut, une ONG fondée en septembre 2020 à la suite de la double explosion dévastatrice du 4 août au port de Beyrouth, par Gabriel Ferneiné, ancien membre du conseil municipal de Beyrouth, ayant démissionné au lendemain de l’explosion.

L’ONG, dont les locaux se situent à Gemmayzé, quartier fortement détruit par l’explosion du 4 août, a commencé par venir en aide aux habitants de cette région, palliant les besoins essentiels en termes d’aliments et de médicaments, mais aussi en participant à la réhabilitation de plusieurs maisons.

«Un énorme travail restait à faire au niveau de l’infrastructure, quasiment détruite, de cette partie de la capitale, explique à Ici Beyrouth Gabriel Ferneiné. C’est ainsi qu’est née l’initiative de réinstaller des feux de signalisation, placés sur différentes intersections principales de Beyrouth.»

Au départ, il a été décidé de rallumer les régions les plus touchées par l’explosion, principalement Gemmayzé et ses environs, grâce aux panneaux solaires. Quatre intersections ont ainsi été couvertes, celles de Bourj el-Ghazal, Tabaris, Saint-Nicolas et Sofil.

«Le recours aux panneaux solaires pallie le grave problème du manque d’électricité dont souffre le pays, souligne M. Ferneiné. Mais rallumer la ville pourra contribuer également à une certaine relance économique, en rassurant les gens réticents à s’aventurer dans l’obscurité.» C’est à cet effet que Rebirth Beirut a illuminé dimanche soir les rues de Gemmayzé, Pasteur et Mar Mikhaël.

Installation de 293 panneaux solaires 


D’autres ONG qui jouent aux allumeurs de réverbères modernes ont pris à leur charge de rallumer des quartiers de Beyrouth touchés par l’explosion du 4 août. Tel est le cas de Lebanon of Tomorrow, une ONG également fondée en 2020 dans le but de fournir une assistance sociale aux catégories vulnérables de la population, à l’ombre de la crise économique et financière.

À la suite de l’explosion, l’ONG s’est mobilisée pour soutenir les victimes de cette tragédie. Vu l’infrastructure défaillante dans la capitale, Lebanon of Tomorrow a également décidé de rallumer, grâce à des panneaux solaires, les quartiers les plus touchés et qui souffrent de surcroît d’un rationnement strict en courant électrique. Mayssa Moubarak, directrice du projet, souligne à Ici Beyrouth que plus de 293 panneaux ont déjà été installés dans les quartiers de Rmeil, Karm el-Zeitoun et Sassine.

Dix villages à Aley

En dehors de Beyrouth, c’est Aley qui bénéficie d’un projet similaire grâce à l’initiative de la Fondation Moutajaziroun (littéralement: enracinés), une ONG active dans le caza de Aley et qui œuvre en faveur du développement d’une économie durable pour les habitants de cette région rurale.

Dans le cadre de ses initiatives, l’ONG veut alimenter en courant les routes des villages du caza grâce aux énergies renouvelables. Ziad Abdo, directeur de Moutajaziroun, explique à Ici Beyrouth que cette initiative «contribuera à faire diminuer le nombre de vols, relancera l’économie des commerces et donnera une bouffée d’optimisme aux habitants de la région». À ce jour, dix villages, au nombre desquels Remhala et Ain Trez, ont déjà profité de cette initiative. Dépendamment des donations, cette initiative devra englober soixante-douze villages.

La société civile a clairement pris le dessus sur l’État pour subvenir aux besoins basiques de la population. Les initiatives privées lancées dans différentes régions du pays pour venir en aide aux habitants se multiplient pour pallier le désengagement total du gouvernement envers ses citoyens.

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