Le chef du gouvernement Nagib Mikati épingle le ministre de l’Énergie Walid Fayad sur une gestion louche d’offres préliminaires pour la fourniture d’électricité au Liban.
Une guerre des communiqués a éclaté lundi entre le chef du gouvernement Nagib Mikati et le ministre de l’Énergie Walid Fayad, suite à une bourde de ce dernier, certes involontaire mais qui en dit long sur les intérêts strictement personnels et politiciens liés au secteur de l’électricité au Liban.
Les deux hommes se sont livrés à un échange acerbe, plein de sous-entendus, sur les obstacles à un développement du secteur de l’énergie. Alors que Walid Fayad s’efforçait d’expliquer qu’une procédure normale et régulière était suivie par son département pour améliorer la distribution du courant électrique au Liban, Nagib Mikati accusait implicitement le Courant patriotique libre (CPL), dont son ministre de l’Énergie est proche, de bloquer l’accès du Liban à une assistance essentielle et urgente dans ce domaine.
Tout a commencé jeudi dernier, la veille du dernier Conseil des ministres qui s’est tenu avant que le gouvernement ne se mette à expédier les affaires courantes. M. Fayad avait réclamé, pour complément d’étude, le retrait de l’ordre du jour de la séance de deux textes relatifs à des offres soumises au Liban par des compagnies internationales qui couvrent toute la chaîne de production de courant électrique.
Jusque-là, rien d’anormal. Deux jours plus tard, tout bascule cependant. Walid Fayad est invité avec les autres membres du cabinet chez Nagib Mikati. Ce dernier a voulu les réunir avec leurs épouses autour d’un café, pour une rencontre conviviale avant qu’ils ne soient chargés de l’expédition des affaires courantes avec l’entrée en fonction du nouveau Parlement issu des élections du 15 mai. On discute de tout: des élections, de la crise, des activités du gouvernement, des dossiers en suspens. Dans la foulée de la conversation, le ministre réputé pour sa spontanéité lâche un énigmatique «c’est eux qui l’ont voulu» en parlant du retrait du dossier des deux offres faites au Liban pour l’électricité. Nagib Mikati sursaute. Il ne lui en faut pas plus pour comprendre, ainsi que ses convives, que c’est à la demande du chef du CPL Gebran Bassil que Walid Fayad a retiré les deux textes. Initiative qu’il n’a toujours pas digérée si l’on tient compte du ton du communiqué dans lequel il a répondu à celui du ministre qui expliquait les raisons de sa démarche. C’est que l’info a immédiatement fuité à la presse: Walid Fayad a court-circuité des offres importantes qui permettaient au Liban de régler la crise de l’électricité.
Ces offres ont été faites au Liban par Ansaldo, Siemens, General Electric et Mitsubishi. Celles-ci devaient fournir au Liban les équipements nécessaires pour une production de l’électricité 24 heures sur 24. General Electric et Siemens devaient également présenter une offre pour alimenter les centrales de Zahrani et de Deir Ammar en gaz afin qu’elles puissent assurer en urgence le courant électrique durant l’été. Cette offre avait été faite au Liban en coordination avec des instances internationales à des prix qui seraient acceptables.
Dans un communiqué qu’il a fait paraître lundi dans l’après-midi «pour répondre à des calomnies infondées (….) contre le ministre de l’Énergie, accusé de se soumettre à des pressions politiques», M. Fayad a défendu son «indépendance». Il a rappelé une proposition qui consiste à charger Électricité du Liban de préparer le cahier des charges d’un appel d’offres pour adjuger les travaux de construction de centrales électriques à Zahrani et Deir Ammar, en précisant que les prix de l’offre faite par EDF au Liban étaient élevés et qu’il avait voulu prendre le temps de négocier une baisse «par souci des finances de l’État et de l’intérêt national, sans compter que les fonds nécessaires n’étaient pas disponibles».
Il a ensuite indiqué que les offres «n’étaient pas complètes et avaient besoin d’être étudiées (….) d’autant que les prix étaient élevés», avant de faire part de «sa surprise du fait qu’elles ont été également soumises à des parties autres que le ministère de l’Énergie», en l’occurrence la présidence du Conseil.
Le bureau du ministère de l’Énergie a réaffirmé l’attachement de ce département à l’exécution du plan de redressement du secteur de l’électricité «par les voies légales régulières (…) en toute transparence», soulignant qu’«il n’est pas question pour lui de conclure des contrats de gré à gré pour l’achat de courant».
La présidence du Conseil a immédiatement réagi à travers son bureau de presse, en accusant le ministre de «jeter de la poudre aux yeux» des Libanais et en le mettant au défi «d’identifier ceux qui lui ont demandé de retirer les deux textes de l’ordre du jour du Conseil des ministres». «Depuis que le chef du gouvernement d’expédition des affaires courantes a annoncé ce retrait par le ministre, ce dernier s’efforce de couvrir sa démarche par des positions et des communiqués confus et peu convaincants, surtout qu’il a lui-même révélé devant ses collègues et devant le Premier ministres les raisons véritables derrière ce geste. Osera-t-il nommer celui qui lui demandé de retirer le dossier et dire pourquoi?», a lancé la présidence du Conseil qui a commenté ensuite l’engagement de M. Fayad à ne pas conclure des contrats de gré à gré. «La question à laquelle le ministre doit répondre clairement et sans tergiversations est la suivante : est-ce que quelqu’un lui a demandé de conclure un accord de gré à gré pour l’achat de l’électricité?», selon le texte.
Dans ce contexte, il est intéressant de rappeler que le gouvernement avait approuvé durant son avant-dernière réunion, une demande du ministère de l’Énergie de conclure des contrats de gré à gré avec 11 compagnies qui avaient remporté en 2017 un appel d’offres pour la production de l’énergie solaire, sur une période de 20 ans, en dépit du fait que la loi régissant cet appel d’offres avait expiré.
Une guerre des communiqués a éclaté lundi entre le chef du gouvernement Nagib Mikati et le ministre de l’Énergie Walid Fayad, suite à une bourde de ce dernier, certes involontaire mais qui en dit long sur les intérêts strictement personnels et politiciens liés au secteur de l’électricité au Liban.
Les deux hommes se sont livrés à un échange acerbe, plein de sous-entendus, sur les obstacles à un développement du secteur de l’énergie. Alors que Walid Fayad s’efforçait d’expliquer qu’une procédure normale et régulière était suivie par son département pour améliorer la distribution du courant électrique au Liban, Nagib Mikati accusait implicitement le Courant patriotique libre (CPL), dont son ministre de l’Énergie est proche, de bloquer l’accès du Liban à une assistance essentielle et urgente dans ce domaine.
Tout a commencé jeudi dernier, la veille du dernier Conseil des ministres qui s’est tenu avant que le gouvernement ne se mette à expédier les affaires courantes. M. Fayad avait réclamé, pour complément d’étude, le retrait de l’ordre du jour de la séance de deux textes relatifs à des offres soumises au Liban par des compagnies internationales qui couvrent toute la chaîne de production de courant électrique.
Jusque-là, rien d’anormal. Deux jours plus tard, tout bascule cependant. Walid Fayad est invité avec les autres membres du cabinet chez Nagib Mikati. Ce dernier a voulu les réunir avec leurs épouses autour d’un café, pour une rencontre conviviale avant qu’ils ne soient chargés de l’expédition des affaires courantes avec l’entrée en fonction du nouveau Parlement issu des élections du 15 mai. On discute de tout: des élections, de la crise, des activités du gouvernement, des dossiers en suspens. Dans la foulée de la conversation, le ministre réputé pour sa spontanéité lâche un énigmatique «c’est eux qui l’ont voulu» en parlant du retrait du dossier des deux offres faites au Liban pour l’électricité. Nagib Mikati sursaute. Il ne lui en faut pas plus pour comprendre, ainsi que ses convives, que c’est à la demande du chef du CPL Gebran Bassil que Walid Fayad a retiré les deux textes. Initiative qu’il n’a toujours pas digérée si l’on tient compte du ton du communiqué dans lequel il a répondu à celui du ministre qui expliquait les raisons de sa démarche. C’est que l’info a immédiatement fuité à la presse: Walid Fayad a court-circuité des offres importantes qui permettaient au Liban de régler la crise de l’électricité.
Ces offres ont été faites au Liban par Ansaldo, Siemens, General Electric et Mitsubishi. Celles-ci devaient fournir au Liban les équipements nécessaires pour une production de l’électricité 24 heures sur 24. General Electric et Siemens devaient également présenter une offre pour alimenter les centrales de Zahrani et de Deir Ammar en gaz afin qu’elles puissent assurer en urgence le courant électrique durant l’été. Cette offre avait été faite au Liban en coordination avec des instances internationales à des prix qui seraient acceptables.
Dans un communiqué qu’il a fait paraître lundi dans l’après-midi «pour répondre à des calomnies infondées (….) contre le ministre de l’Énergie, accusé de se soumettre à des pressions politiques», M. Fayad a défendu son «indépendance». Il a rappelé une proposition qui consiste à charger Électricité du Liban de préparer le cahier des charges d’un appel d’offres pour adjuger les travaux de construction de centrales électriques à Zahrani et Deir Ammar, en précisant que les prix de l’offre faite par EDF au Liban étaient élevés et qu’il avait voulu prendre le temps de négocier une baisse «par souci des finances de l’État et de l’intérêt national, sans compter que les fonds nécessaires n’étaient pas disponibles».
Il a ensuite indiqué que les offres «n’étaient pas complètes et avaient besoin d’être étudiées (….) d’autant que les prix étaient élevés», avant de faire part de «sa surprise du fait qu’elles ont été également soumises à des parties autres que le ministère de l’Énergie», en l’occurrence la présidence du Conseil.
Le bureau du ministère de l’Énergie a réaffirmé l’attachement de ce département à l’exécution du plan de redressement du secteur de l’électricité «par les voies légales régulières (…) en toute transparence», soulignant qu’«il n’est pas question pour lui de conclure des contrats de gré à gré pour l’achat de courant».
La présidence du Conseil a immédiatement réagi à travers son bureau de presse, en accusant le ministre de «jeter de la poudre aux yeux» des Libanais et en le mettant au défi «d’identifier ceux qui lui ont demandé de retirer les deux textes de l’ordre du jour du Conseil des ministres». «Depuis que le chef du gouvernement d’expédition des affaires courantes a annoncé ce retrait par le ministre, ce dernier s’efforce de couvrir sa démarche par des positions et des communiqués confus et peu convaincants, surtout qu’il a lui-même révélé devant ses collègues et devant le Premier ministres les raisons véritables derrière ce geste. Osera-t-il nommer celui qui lui demandé de retirer le dossier et dire pourquoi?», a lancé la présidence du Conseil qui a commenté ensuite l’engagement de M. Fayad à ne pas conclure des contrats de gré à gré. «La question à laquelle le ministre doit répondre clairement et sans tergiversations est la suivante : est-ce que quelqu’un lui a demandé de conclure un accord de gré à gré pour l’achat de l’électricité?», selon le texte.
Dans ce contexte, il est intéressant de rappeler que le gouvernement avait approuvé durant son avant-dernière réunion, une demande du ministère de l’Énergie de conclure des contrats de gré à gré avec 11 compagnies qui avaient remporté en 2017 un appel d’offres pour la production de l’énergie solaire, sur une période de 20 ans, en dépit du fait que la loi régissant cet appel d’offres avait expiré.
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