JO: La trottinette file vers 2028, le roller s'aligne
©Des skaters de roller, le long de Venice Beach, le 3 septembre 2020 rollerRoller Skates Regain Popularity Across America. Mario Tama/AFP/Archives
"Être champion olympique, c'est une dinguerie !": Esteban Clot, 17 ans, est convaincu que son sport, la trottinette, sera aux JO en 2028 à Los Angeles, dans le nouvel esprit initié par le skateboard. Des discussions sont en cours et le roller entend bien suivre le mouvement des sports urbains.

Devant des milliers de personnes lors du Fise à Montpellier - rendez-vous incontournable des sports urbains et extrêmes -, trottinette et roller font le show dans l'épreuve du street park (réaliser des figures dans un park contenant des modules), l'une des deux catégories du skateboard qui a fait son entrée olympique aux Jeux de Tokyo en 2021. Et la Fédération internationale de skate (World Skate) n'entend pas s'arrêter là.

"Nous discutons actuellement avec le Comité international olympique. Notre ADN est un avantage parce que c’est un ADN urbain, et avec l’aide des villes hôtes comme Los Angeles (2028) ou Brisbane (2030), on a de bonnes chances d’avoir d’autres sports dans le futur", explique à l'AFP Francesco Zangarini, directeur des sports à la World Skate.

"Il y a des millions de jeunes à travers le monde et ça a explosé depuis l’année dernière. C’est la raison pour laquelle la trottinette pourrait être reconnue par le mouvement olympique. On l’a déjà présentée au CIO et on a déjà parlé de Los Angeles avec eux", indique Zangarini, en charge du développement des 12 disciplines de la World Skate (135 fédérations affiliées).

La trottinette - appelée "trotte" par la communauté francophone et "scooter" en anglais - est la petite dernière de la famille des sports de glisse urbains, communément dénommée "freestyle" et présente aussi dans le vélo aux JO avec le BMX Park (entré aux Jeux de Tokyo).

Le Français Esteban Clot sur sa trottinette, lors de l'épreuve de street park, le 26 mai 2022 au Festival International des Sports extrêmes à Montpellier. Sylvain Thomas/AFP/Archives

Carte jeune

En 1996, le Suisse Wim Outboker remet au goût du jour une trottinette de son enfance. A la fin de l'année 2000, sa société Micro vendait 80.000 trottinettes par jour. Depuis, ce sont plus de 50 millions de modèles vendus, souligne à l'AFP le PDG de Micro France, relevant que le "marché de la trottinette freestyle a connu un énorme boom comme tous les sports de glisse en 2020 et 2021 pendant et post-pandémie".

Un marché en explosion, une population particulièrement jeune, une forte présence sur les réseaux sociaux: des arguments pouvant séduire les JO.


"Il y a tellement de pratiquants en scooter que ça me semblerait bizarre qu’en 2028 on ne soit pas là-bas (aux JO). Les Jeux, y a un côté +Faut que ça rapporte+ et la trotte en termes de business c’est pas mal. Franchement, avec tous les petits qui pratiquent, les vidéos... Je ne vois pas pourquoi il y a le BMX, le skateboard et pas la trotte en 2028", lance Esteban Clot, passé pro à 15 ans.

Encore victime de conflits avec les plus grands que sont le skateboard ou le BMX, la trottinette doit cependant se structurer pour viser plus haut. Ce à quoi "travaille durement" Zangarini, dont la Fédération a repris la trottinette alors qu'il existait déjà l'International Scooter Federation (ISF).

Atout féminin

En revanche, il y a fort à faire en terme d'équité sportive hommes-femmes. Lors du Fise, il n'y avait aucune rideuse pro en trottinette.

Le roller en ligne, lui, se targue d'une représentation féminine très importante.

"Pour qu’un sport entre aux JO, il faut honnêtement de la parité. Le roller pourrait être préféré pour ça. En trotte y a quoi, dix filles dans le monde. En roller c’est vraiment beaucoup", relève à l'AFP la Française Manon Derien, l'une des rideuse en roller en ligne, citant l'explosion du niveau et de la participation des filles en BMX freestyle depuis le label olympique.

Le roller, à l'origine de la création de la World Skate en 1924 avec le rink-hockey, a connu ses années fastes dans les années 90 avec la marque Rollerblade, puis le creux de la vague entre 2002 et 2010. Avant de revenir ces deux, trois dernières années porté par le retour très tendance de la mode des années 90.

Mais pour entrer aux Jeux, le roller "doit être plus urbain" prévient Zangarini, qui ne perd pas espoir pour 2028.

Les JO seront alors à Los Angeles, lieu culte du roller.
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