Qui formera le 54ᵉ gouvernement du Liban «indépendant»? Qui sera le dernier président du Conseil du mandat Aoun qui prend fin normalement le 31 octobre 2022? Ces deux questions sont sur toutes les lèvres. La séance parlementaire de mardi, consacrée à l’élection du président, du vice-président et des membres du bureau de la Chambre, a montré que la minorité du 8 Mars sait dépasser ses différends quand l’enjeu en vaut la chandelle, et que la "nouvelle majorité" doit mieux coordonner son action pour en être vraiment une.
La prochaine échéance constitutionnelle – la plus importante alors que le Liban passe par une période charnière de son histoire – est la formation d’un nouveau gouvernement. À moins de cinq mois de la fin du mandat de Michel Aoun, tous les regards sont tournés vers le Sérail où Najib Mikati continue d’expédier les affaires courantes, en attendant l’avènement de son remplaçant qui devra diriger l’équipe censée prendre des décisions existentielles pour le pays.
Presque deux semaines se sont déjà écoulées depuis l’entrée en fonction de la nouvelle Assemblée et la présidence de la République n’a toujours pas convoqué les nouveaux députés aux consultations parlementaires contraignantes pour la désignation d’un Premier ministre, comme l’impose l’article 52 de la Constitution. Selon des sources proches du palais de Baabda contactées par Ici Beyrouth, la présidence attend la liste officielle des groupes parlementaires pour pouvoir convier les députés en groupe ou individuellement. Chose faite ce jeudi après-midi: le secrétariat général de la Chambre a officiellement déposé la liste des blocs parlementaires et des députés indépendants à la direction générale de la présidence de la République. Selon les mêmes milieux, les consultations n’auront pas lieu avant mardi, puisque le Parlement doit se réunir ce jour-là pour décider de la composition des commissions et élire leurs présidents et rapporteurs. La répartition de ces derniers sur les différentes commissions est également soumise à un savant dosage qui fait probablement l’objet de discussions officieuses.
Le chef de l’État pourrait également attendre un consensus entre les différents groupes politiques avant de convoquer officiellement les députés pour désigner un nouveau Premier ministre, un procédé auquel Michel Aoun n’a pas hésité à avoir recours ces trois dernières années: il a fallu attendre deux mois après la démission de Saad Hariri (novembre 2019) ponctuées de deux reports de dates, pour que les consultations soient enfin organisées. Celles-ci avait débouché sur la nomination de Hassane Diab qui devait démissionner neuf mois plus tard, après l’explosion au port de Beyrouth, le 4 août 2020. A l’époque, il a pareillement fallu attendre trois semaines et l’imminence de la visite du président français Emmanuel Macron, pour que Moustapha Adib soit désigné.
Dans le contexte de clivage politique actuel et compte-tenu de la configuration de la Chambre où l’on n’a plus deux camps distincts majoritaires mais des groupes politiques qui se côtoient (souverainistes-loyalistes-opposants et indépendants), un consensus politique autour de la personnalité du nouveau chef de gouvernement s’avère problématique.
Selon la Constitution et la coutume, les députés conviés par le président de la République nomment un(e) citoyen(ne) de confession sunnite, et la personnalité qui a obtenu le plus grand nombre de voix est désignée en concertation entre la présidence de la République et celle de la Chambre pour former la nouvelle équipe ministérielle. Contrairement à l’élection du président du Parlement, les députés ne peuvent pas se cacher derrière un bulletin secret et doivent donc assumer leur choix devant leurs compatriotes. De plus, le Premier ministre désigné n’a pas besoin d’une majorité absolue de 65 voix pour être choisi, mais uniquement du plus grand nombre de désignations de la part des représentants de la nation.
Le profil de cette personnalité sunnite qui devrait tenir le gouvernail alors que le Liban ne cesse de couler, reste pour l’instant inconnu. Plusieurs noms circulent dans la presse, notamment celui du Premier ministre sortant Najib Mikati. Certains analystes politiques spéculent même sur un renflouement du gouvernement jusqu’à l’élection du prochain chef de l’État.
Mais cette hypothèse semble faible, notamment à cause des divergences entre le chef du gouvernement d’expédition des affaires courantes et le CPL, opposé à une reconduction de M. Mikati à son poste. Ces divergences se sont récemment manifestées par une guerre des communiqués entre la présidence du Conseil et le ministère de l’Énergie. Les bureaux de presse du Sérail et du ministre Walid Fayad, proche du CPL, s’étaient écharpés par communiqués interposés autour du dossier de l’électricité. Najib Mikati avait ensuite accusé clairement le Courant patriotique libre de Gebran Bassil de bloquer toute avancée à ce niveau.
Les divergences entre les différents blocs politiques semblent d’ailleurs se renforcer autour de la composition du gouvernement. Après le scrutin du 15 mai, les Forces libanaises (FL), ont appelé à la mise en place d’un gouvernement majoritaire tandis que le Hezbollah continuait de plaider pour un cabinet d’union nationale, regroupant toutes les forces présentes au Parlement, soit un mini-Parlement réputé pour être synonyme de blocage. La formation pro-iranienne souhaite que tous les partis politiques soient présents au sein du gouvernement pour que tout le monde assume ses responsabilités au niveau des décisions difficiles qui doivent être prises dans la perspective d’un redressement économique et financier. Elle a également besoin d’une personnalité acceptée par la communauté internationale, qui pourrait dans le même temps assurer une couverture légale et une certaine légitimité à ses armes.
Du côté du Parti socialiste progressiste (PSP), on considère que le nouveau locataire du Sérail devrait avoir un profil déterminé. Le député Marwan Hamadé a affirmé ainsi à Ici Beyrouth que le gouvernement doit être dirigé "de manière très impartiale, par une personne la plus neutre possible, et qui n’accepte pas que la Déclaration ministérielle implique le fameux triptyque peuple-armée-résistance». Selon M. Hamadé, le nouveau Premier ministre doit également être à même de mener des négociations avec le FMI et engager des discussions avec les pays arabes pour encourager leur retour sur la scène libanaise politiquement et économiquement".
L'ancien ministre a notamment souligné l’importance de ne pas tarder dans la formation d’un nouveau gouvernement "puisqu’il y a urgence et que le Liban est au bout du rouleau". Une réunion du groupe parlementaire joumblattiste devrait se tenir dans les prochains jours pour dégager une position commune par rapport au dossier gouvernemental.
Pour les FL, d’après une source proche de Meerab contactée par Ici Beyrouth, le principal est que la personnalité désignée «ait toutes les aptitudes nécessaires au niveau de la gouvernance pour gérer le pays durant cette période tourmentée du Liban». Selon les mêmes milieux, le compte à rebours est lancé pour que des discussions sérieuses entre les membres de la majorité hétéroclite mènent à une entente.
Du côté du CPL, un député du groupe "Le Liban fort" contacté par Ici Beyrouth, a estimé que «toutes les options sont sur la table», soulignant qu’«il ne faut pas se presser de renflouer le gouvernement actuel avant d’avoir exploité toutes les autres alternatives». Une réunion du groupe parlementaire de Gebran Bassil devrait aussi se tenir dans les prochains jours pour prendre position à ce sujet. Idem pour les treize députés réformistes issus du mouvement de contestation du 17 octobre 2019. Le député Ibrahim Mneinmé a affirmé que le plateau de la chaîne al-Jadeed jeudi après-midi que "plusieurs noms circulaient" mais que le groupe auquel il appartient "n’a pas encore pris une décision qui dépendra du programme que portent ces personnes".
Quoi qu’il en soit, la balle est à présent dans le camp présidentiel qui doit fixer une date pour les consultations parlementaires contraignantes. Du côté des différents groupes parlementaires, l’heure est aux concertations mais le jeu politique devrait s’accélérer une fois connue la date butoir.
La prochaine échéance constitutionnelle – la plus importante alors que le Liban passe par une période charnière de son histoire – est la formation d’un nouveau gouvernement. À moins de cinq mois de la fin du mandat de Michel Aoun, tous les regards sont tournés vers le Sérail où Najib Mikati continue d’expédier les affaires courantes, en attendant l’avènement de son remplaçant qui devra diriger l’équipe censée prendre des décisions existentielles pour le pays.
Presque deux semaines se sont déjà écoulées depuis l’entrée en fonction de la nouvelle Assemblée et la présidence de la République n’a toujours pas convoqué les nouveaux députés aux consultations parlementaires contraignantes pour la désignation d’un Premier ministre, comme l’impose l’article 52 de la Constitution. Selon des sources proches du palais de Baabda contactées par Ici Beyrouth, la présidence attend la liste officielle des groupes parlementaires pour pouvoir convier les députés en groupe ou individuellement. Chose faite ce jeudi après-midi: le secrétariat général de la Chambre a officiellement déposé la liste des blocs parlementaires et des députés indépendants à la direction générale de la présidence de la République. Selon les mêmes milieux, les consultations n’auront pas lieu avant mardi, puisque le Parlement doit se réunir ce jour-là pour décider de la composition des commissions et élire leurs présidents et rapporteurs. La répartition de ces derniers sur les différentes commissions est également soumise à un savant dosage qui fait probablement l’objet de discussions officieuses.
Le chef de l’État pourrait également attendre un consensus entre les différents groupes politiques avant de convoquer officiellement les députés pour désigner un nouveau Premier ministre, un procédé auquel Michel Aoun n’a pas hésité à avoir recours ces trois dernières années: il a fallu attendre deux mois après la démission de Saad Hariri (novembre 2019) ponctuées de deux reports de dates, pour que les consultations soient enfin organisées. Celles-ci avait débouché sur la nomination de Hassane Diab qui devait démissionner neuf mois plus tard, après l’explosion au port de Beyrouth, le 4 août 2020. A l’époque, il a pareillement fallu attendre trois semaines et l’imminence de la visite du président français Emmanuel Macron, pour que Moustapha Adib soit désigné.
Dans le contexte de clivage politique actuel et compte-tenu de la configuration de la Chambre où l’on n’a plus deux camps distincts majoritaires mais des groupes politiques qui se côtoient (souverainistes-loyalistes-opposants et indépendants), un consensus politique autour de la personnalité du nouveau chef de gouvernement s’avère problématique.
Selon la Constitution et la coutume, les députés conviés par le président de la République nomment un(e) citoyen(ne) de confession sunnite, et la personnalité qui a obtenu le plus grand nombre de voix est désignée en concertation entre la présidence de la République et celle de la Chambre pour former la nouvelle équipe ministérielle. Contrairement à l’élection du président du Parlement, les députés ne peuvent pas se cacher derrière un bulletin secret et doivent donc assumer leur choix devant leurs compatriotes. De plus, le Premier ministre désigné n’a pas besoin d’une majorité absolue de 65 voix pour être choisi, mais uniquement du plus grand nombre de désignations de la part des représentants de la nation.
Le profil de cette personnalité sunnite qui devrait tenir le gouvernail alors que le Liban ne cesse de couler, reste pour l’instant inconnu. Plusieurs noms circulent dans la presse, notamment celui du Premier ministre sortant Najib Mikati. Certains analystes politiques spéculent même sur un renflouement du gouvernement jusqu’à l’élection du prochain chef de l’État.
Mais cette hypothèse semble faible, notamment à cause des divergences entre le chef du gouvernement d’expédition des affaires courantes et le CPL, opposé à une reconduction de M. Mikati à son poste. Ces divergences se sont récemment manifestées par une guerre des communiqués entre la présidence du Conseil et le ministère de l’Énergie. Les bureaux de presse du Sérail et du ministre Walid Fayad, proche du CPL, s’étaient écharpés par communiqués interposés autour du dossier de l’électricité. Najib Mikati avait ensuite accusé clairement le Courant patriotique libre de Gebran Bassil de bloquer toute avancée à ce niveau.
Les divergences entre les différents blocs politiques semblent d’ailleurs se renforcer autour de la composition du gouvernement. Après le scrutin du 15 mai, les Forces libanaises (FL), ont appelé à la mise en place d’un gouvernement majoritaire tandis que le Hezbollah continuait de plaider pour un cabinet d’union nationale, regroupant toutes les forces présentes au Parlement, soit un mini-Parlement réputé pour être synonyme de blocage. La formation pro-iranienne souhaite que tous les partis politiques soient présents au sein du gouvernement pour que tout le monde assume ses responsabilités au niveau des décisions difficiles qui doivent être prises dans la perspective d’un redressement économique et financier. Elle a également besoin d’une personnalité acceptée par la communauté internationale, qui pourrait dans le même temps assurer une couverture légale et une certaine légitimité à ses armes.
Du côté du Parti socialiste progressiste (PSP), on considère que le nouveau locataire du Sérail devrait avoir un profil déterminé. Le député Marwan Hamadé a affirmé ainsi à Ici Beyrouth que le gouvernement doit être dirigé "de manière très impartiale, par une personne la plus neutre possible, et qui n’accepte pas que la Déclaration ministérielle implique le fameux triptyque peuple-armée-résistance». Selon M. Hamadé, le nouveau Premier ministre doit également être à même de mener des négociations avec le FMI et engager des discussions avec les pays arabes pour encourager leur retour sur la scène libanaise politiquement et économiquement".
L'ancien ministre a notamment souligné l’importance de ne pas tarder dans la formation d’un nouveau gouvernement "puisqu’il y a urgence et que le Liban est au bout du rouleau". Une réunion du groupe parlementaire joumblattiste devrait se tenir dans les prochains jours pour dégager une position commune par rapport au dossier gouvernemental.
Pour les FL, d’après une source proche de Meerab contactée par Ici Beyrouth, le principal est que la personnalité désignée «ait toutes les aptitudes nécessaires au niveau de la gouvernance pour gérer le pays durant cette période tourmentée du Liban». Selon les mêmes milieux, le compte à rebours est lancé pour que des discussions sérieuses entre les membres de la majorité hétéroclite mènent à une entente.
Du côté du CPL, un député du groupe "Le Liban fort" contacté par Ici Beyrouth, a estimé que «toutes les options sont sur la table», soulignant qu’«il ne faut pas se presser de renflouer le gouvernement actuel avant d’avoir exploité toutes les autres alternatives». Une réunion du groupe parlementaire de Gebran Bassil devrait aussi se tenir dans les prochains jours pour prendre position à ce sujet. Idem pour les treize députés réformistes issus du mouvement de contestation du 17 octobre 2019. Le député Ibrahim Mneinmé a affirmé que le plateau de la chaîne al-Jadeed jeudi après-midi que "plusieurs noms circulaient" mais que le groupe auquel il appartient "n’a pas encore pris une décision qui dépendra du programme que portent ces personnes".
Quoi qu’il en soit, la balle est à présent dans le camp présidentiel qui doit fixer une date pour les consultations parlementaires contraignantes. Du côté des différents groupes parlementaires, l’heure est aux concertations mais le jeu politique devrait s’accélérer une fois connue la date butoir.
Lire aussi
Commentaires