Cannes, le Festival des effusions libératrices…
Au-delà de la fête du cinéma, du glamour, du tapis rouge, du ballet de stars qui ont posé devant les objectifs des photographes, vêtues de tenues les unes plus spectaculaires que les autres; au-delà de tout ça, il y a une lecture qui saute aux yeux après avoir fait un pas de côté et s’être éloigné de l’événement purement cinématographique. Il s’agit du spectacle – stricto sensu – d’un ballet de corps venus se mêler aux autres, au point de s’y complaire, de s’y frotter, après plus de deux années de distanciation. Il était évident que la barrière psychologique qui portait en elle tant d’interdits, à commencer par celle de la peur de l’autre potentiellement porteur d’un virus tueur, a été franchie avec une sacrée dose de sensualité. À Cannes, cet excès de baisers volés, provoqués, induits, est l’expression de la liberté retrouvée: celle de pouvoir enfin tomber les masques, rire à gorge déployée sans avoir à contrôler les postillons, inspirer et expirer le même air que les autres dans une salle fermée, l’estomac dénoué de toute angoisse.

Les tenues des stars étaient fabuleuses, des paillettes, des strass, des étoiles sur et sous les paupières, mais sutout dans les yeux.

Il fallait surtout rattraper le temps perdu. Ce temps mis entre parenthèses où on a dû se plier aux restrictions imposées, mettre «pause» sur la marche de la vie et attendre que l’orage passe.

Et l’orage est passé, fauchant de nombreuses victimes, mais la pulsion de vie a repris le dessus et tous ces corps à corps qui étaient réprimés se sont débridés, jusqu’à l’overdose. Non, ce n’étaient pas de simples «baisers de cinéma», comme l’a évoqué Carole Bouquet après son french kiss appuyé avec Vincent Lindon, président du jury, c’était tout simplement ce que chaque homme et femme – en temps normal – sont et font puisqu’ils sont naturellement portés par et pour le désir… ce désir qui a dû être étouffé pendant plus de deux ans. Aimer, démontrer l’amour, avoir à nouveau envie d’avoir envie…


Sans désir, sans envie, la vie s’apparente à une mort lente.

Cette explosion des sens, ce soir-là, est à elle seule révélatrice de ce moteur qui fait qu’une vie en est vraiment une. Désirer nous rend vivants. La soirée de clôture de la 75e édition du Festival de Cannes a parfaitement illustré ce retour à une vie où tout est désormais permis… pour tous ceux qui avaient tout oublié, jusqu’au goût des baisers…

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