©photo prise par aldo ayoub
Vendredi soir, la saison des élections estudiantines s’est clôturée au cœur du Kesrouan par la victoire écrasante des Forces Libanaises (FL) qui ont remporté 24 des 27 sièges en lice au cours du scrutin à la proportionnelle à l’Université Notre-Dame (NDU, Zouk Mosbeh, Kesrouan). Les trois places restantes seront occupées par des représentants des Kataëb, tandis que le club laïc, regroupant des groupes issus de la société civile et des différents mouvements de la « Thawra » sort perdant de ce scrutin.
Depuis plusieurs années, notamment lors de l’occupation syrienne et ensuite lorsque le pays était scindé entre les mouvances des 14 et 8 Mars, les différents partis politiques ont investi, humainement et financièrement, dans les processus d’élections des représentants des étudiants dans les différentes universités du pays, notamment à l’Université Américaine de Beyrouth (AUB), la Lebanese American University (LAU), l’Université Saint-Joseph (USJ) et la NDU. Ces scrutins estudiantins permettent aux différents groupes politiques de tâter le terrain en utilisant les résultats comme des sondages d’opinion, mais également de convaincre les étudiants qui ne sont pas encore en âge de voter – le droit de vote étant fixé à 21 ans au Liban- de rejoindre leurs rangs ou d’adhérer à leurs idées.
Un outil dans la communication des partis
Pour le responsable de la section des étudiants au sein des FL, Tony Badr, «les élections estudiantines permettent aux jeunes de découvrir la pratique démocratique et de se construire une opinion sur les enjeux nationaux.». Ces élections permettent aussi aux partis de roder leurs machines électorales avant les plus grands scrutins municipaux et législatifs et d’utiliser ces résultats comme un outil dans leur communication politique, alors même que ces scrutins ne sont pas forcément représentatifs de la société. Ainsi, chaque année, chaque parti politique décrypte les résultats et publie les chiffres qui lui conviennent : certains soulignent le nombre de facultés remportées tandis que d’autres vont comptabiliser les sièges et le reste mettra l’accent sur le nombre de voix ou sur l’abstention.
Mais les scrutins de ces trois dernières années et l’évolution de leurs résultats méritent qu’on s’y arrête. Tout d’abord, depuis le début du soulèvement populaire d’octobre 2019, les clubs «indépendants» ou non rattachés à un des vieux partis libanais ont pris plus de place, notamment à l’AUB, la LAU et l’USJ, grâce à l’enthousiasme et l’envie de changement de la société à l’époque mais également du fait de l’absence de concurrence suite au retrait des vieux partis politiques et de leurs clubs. Seuls les FL ont fait campagne lors des trois derniers scrutins, tandis que les autres partis se sont majoritairement abstenus. Un signe de solidité des FL ? Pour D.Badr, les résultats «confirment l’attachement des jeunes à une ligne souverainiste que seules les FL peuvent mener».
Du côté de Mada, réseau de groupes progressistes au niveau estudiantin, syndical et local, l’avis diffère : «On peut voir des changements sociétaux à travers les élections. Pour preuve, le club laïque et ses alliés voient leurs rangs grossir d’année en année» nous confie Karim Safieddine, responsable de recrutement au sein du réseau. «A la LAU par exemple, le club a été créé en novembre 2020 et a remporté 4 sièges le mois dernier face aux différents partis politiques, mais c’est vrai que les FL profitent des tensions confessionnelles face au Hezbollah pour renforcer leurs rangs, notamment à la NDU qui est leur bastion.»
Les élections de l’AUB sont également un exemple révélateur : deux listes non partisanes se sont affrontées à l'ombre d'une absence totale des partis politiques. Cette absence pourrait signifier que les partis avaient réalisé qu’ils n’avaient aucune chance face à des progressistes aux idées nouvelles. Ce courant était assez attrayant pour pouvoir présenter deux listes. Mais cela pouvait aussi être une tactique électorale pour laisser les nouveaux groupes se casser les dents pour ensuite revenir en force. De plus, les divergences idéologiques et tactiques que l’on retrouvait entre les deux listes alternatives étaient telle qu’elles les rendaient incompatibles et les poussa à se présenter l’une contre l’autre. Elles réussirent à remporter des sièges, mais uniquement grâce à l’absence de concurrence, ce qui n’est pas le cas dans d’autres universités, syndicats ou même municipalités et Parlement.
Cette saison électorale universitaire, tout comme l’élection du Barreau de Beyrouth la semaine dernière et les différentes élections syndicales prévues dans un futur proche, nous donne, malgré leur manque de représentativité, une certaine image de la société et des probables tendances aux prochaines élections législatives de 2022. Il est de plus en plus clair que les groupes nés des mouvement d’octobre 2019 ou qui étaient déjà présents faiblement sur la scène politique ont très peu de chance de remporter quelques sièges au Parlement s’ils ne s’unissent pas et n’ont pas une ligne claire, souverainiste et réformiste à la fois. Il ne suffit pas de se vendre comme étant alternatif et d’attaquer toute la classe politique de ces 30 dernières années, sur base du fameux slogan «tout le monde veut dire tout le monde», pour engranger des voix.
Depuis plusieurs années, notamment lors de l’occupation syrienne et ensuite lorsque le pays était scindé entre les mouvances des 14 et 8 Mars, les différents partis politiques ont investi, humainement et financièrement, dans les processus d’élections des représentants des étudiants dans les différentes universités du pays, notamment à l’Université Américaine de Beyrouth (AUB), la Lebanese American University (LAU), l’Université Saint-Joseph (USJ) et la NDU. Ces scrutins estudiantins permettent aux différents groupes politiques de tâter le terrain en utilisant les résultats comme des sondages d’opinion, mais également de convaincre les étudiants qui ne sont pas encore en âge de voter – le droit de vote étant fixé à 21 ans au Liban- de rejoindre leurs rangs ou d’adhérer à leurs idées.
Un outil dans la communication des partis
Pour le responsable de la section des étudiants au sein des FL, Tony Badr, «les élections estudiantines permettent aux jeunes de découvrir la pratique démocratique et de se construire une opinion sur les enjeux nationaux.». Ces élections permettent aussi aux partis de roder leurs machines électorales avant les plus grands scrutins municipaux et législatifs et d’utiliser ces résultats comme un outil dans leur communication politique, alors même que ces scrutins ne sont pas forcément représentatifs de la société. Ainsi, chaque année, chaque parti politique décrypte les résultats et publie les chiffres qui lui conviennent : certains soulignent le nombre de facultés remportées tandis que d’autres vont comptabiliser les sièges et le reste mettra l’accent sur le nombre de voix ou sur l’abstention.
Mais les scrutins de ces trois dernières années et l’évolution de leurs résultats méritent qu’on s’y arrête. Tout d’abord, depuis le début du soulèvement populaire d’octobre 2019, les clubs «indépendants» ou non rattachés à un des vieux partis libanais ont pris plus de place, notamment à l’AUB, la LAU et l’USJ, grâce à l’enthousiasme et l’envie de changement de la société à l’époque mais également du fait de l’absence de concurrence suite au retrait des vieux partis politiques et de leurs clubs. Seuls les FL ont fait campagne lors des trois derniers scrutins, tandis que les autres partis se sont majoritairement abstenus. Un signe de solidité des FL ? Pour D.Badr, les résultats «confirment l’attachement des jeunes à une ligne souverainiste que seules les FL peuvent mener».
Du côté de Mada, réseau de groupes progressistes au niveau estudiantin, syndical et local, l’avis diffère : «On peut voir des changements sociétaux à travers les élections. Pour preuve, le club laïque et ses alliés voient leurs rangs grossir d’année en année» nous confie Karim Safieddine, responsable de recrutement au sein du réseau. «A la LAU par exemple, le club a été créé en novembre 2020 et a remporté 4 sièges le mois dernier face aux différents partis politiques, mais c’est vrai que les FL profitent des tensions confessionnelles face au Hezbollah pour renforcer leurs rangs, notamment à la NDU qui est leur bastion.»
Les élections de l’AUB sont également un exemple révélateur : deux listes non partisanes se sont affrontées à l'ombre d'une absence totale des partis politiques. Cette absence pourrait signifier que les partis avaient réalisé qu’ils n’avaient aucune chance face à des progressistes aux idées nouvelles. Ce courant était assez attrayant pour pouvoir présenter deux listes. Mais cela pouvait aussi être une tactique électorale pour laisser les nouveaux groupes se casser les dents pour ensuite revenir en force. De plus, les divergences idéologiques et tactiques que l’on retrouvait entre les deux listes alternatives étaient telle qu’elles les rendaient incompatibles et les poussa à se présenter l’une contre l’autre. Elles réussirent à remporter des sièges, mais uniquement grâce à l’absence de concurrence, ce qui n’est pas le cas dans d’autres universités, syndicats ou même municipalités et Parlement.
Cette saison électorale universitaire, tout comme l’élection du Barreau de Beyrouth la semaine dernière et les différentes élections syndicales prévues dans un futur proche, nous donne, malgré leur manque de représentativité, une certaine image de la société et des probables tendances aux prochaines élections législatives de 2022. Il est de plus en plus clair que les groupes nés des mouvement d’octobre 2019 ou qui étaient déjà présents faiblement sur la scène politique ont très peu de chance de remporter quelques sièges au Parlement s’ils ne s’unissent pas et n’ont pas une ligne claire, souverainiste et réformiste à la fois. Il ne suffit pas de se vendre comme étant alternatif et d’attaquer toute la classe politique de ces 30 dernières années, sur base du fameux slogan «tout le monde veut dire tout le monde», pour engranger des voix.
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