Entre frères et sœurs, existe, à l’état manifeste ou latent, le désir de monopoliser l’amour parental. Aussi, conflit, possessivité et rivalité sont inhérents à leurs relations. Ces caractéristiques réapparaîtront plus tard dans tout espace social.
On a tendance à attribuer la rivalité ou la jalousie au rang de l’enfant dans la fratrie (aîné, cadet ou benjamin). Si cette position est susceptible, dans une certaine mesure, de déclencher des conflits, elle demeure très insuffisante pour les comprendre. Car la perception de sa place dans sa famille par l’enfant dépend d’abord de sa représentation dans les fantasmes parentaux. L’enfant est-il le fruit de l’amour des parents? Dans quel état psychologique se trouvaient-ils à sa naissance? S’y sont-ils préparés? A-t-il été désiré pour lui-même ou pour répondre aux souhaits des autres? Comment ont-ils réagi lorsque l’enfant réel apparu n’a pas correspondu à l’enfant rêvé? De quelle sorte d’amour va-t-il être aimé? Son sexe et son genre répondent-ils à leurs vœux? Que représente pour eux le prénom attribué et que lui font-ils porter ainsi? Et tant d’autres interrogations dont les réponses influeront immanquablement sur les relations fraternelles ainsi que sur le développement psychosomatique de chaque enfant. La jalousie est d’abord issue de ce que perçoit l’enfant dans le regard porté sur lui et sur sa fratrie par ses parents. Le langage verbal, gestuel, mimique, les regards échangés, les postures adoptées de ceux-ci véhiculent des signaux inconscients relatifs aux réponses à ces questionnements que l’enfant percevra et qui seront à l’origine de ses conduites.
À chaque naissance, les mêmes interrogations se reposeront, mais les réponses diffèreront puisque, nous le savons, les parents se retrouveront à une étape nouvelle de leur existence avec tous les changements qui se sont produits aussi bien au niveau psychologique de chacun que sur le plan de la vie du couple et de la famille. L’amour pour chaque enfant ne sera pas le même. Au mieux il sera différent. La phrase cliché selon laquelle les parents aiment de la même manière leurs enfants n’est destinée qu’à calmer leur sentiment de culpabilité.
Les expressions de rivalité et de jalousie fraternelles sont d’abord un message adressé aux parents afin qu’ils s’interrogent sur ce qui les suscite et qui émane de leurs propres perceptions et attitudes, ce qui ne sera jamais une tâche aisée puisqu’il s’agit de leur propre inconscient.
Distribuer le même nombre de confiseries, de jouets ou d’autres avoirs matériels n’exprime qu’une aspiration illusoire à un amour identique et à une tentative impossible de combler le manque.
«Le complexe de l’intrusion» introduit par J. Lacan explique le processus qui se déroule: la maman qui aime d’un amour vrai (c’est-à-dire dans la séparation et non dans la fusion) va favoriser un double détachement: le sien et celui de son enfant. Celui-ci découvre alors l’autre, l’intrus, c’est-à-dire le père, les membres de la fratrie et tout autre objet dont la présence est ressentie comme menaçant l’exclusivité de l’amour. Désormais, l’enfant en devenir construira son moi en relation à l’autre, le moi constituant toujours une image trompeuse. En sera-t-il à jamais dépendant? Pourra-t-il s’en dégager progressivement et parvenir à l’éclosion de son «je»? Cela dépendra à la fois des étapes précédant le complexe de l’intrusion et des suivantes, notamment du complexe d’Œdipe.
La période œdipienne est devenue maintenant familière à bien des lecteurs et lectrices. J’en dirai l’essentiel en ce qui concerne la problématique développée dans le thème qui nous intéresse, quitte à y revenir ailleurs éventuellement, étant donné que c’est une période décisive dans la première structuration de la personnalité. Je vais me contenter ici de rappeler que, dans l’Œdipe classique, c’est une intense passion érotisée que ressentira la fille à l’égard de son père et le garçon à l’égard de sa mère, accompagnée des affres de la jalousie à l’égard de l’autre rival(e). Tout en précisant que la passion amoureuse et les désirs érotiques à ce stade sont vécus dans un registre fantasmatique. C’est la source même de la jalousie qui sera vécue dans les relations entre adultes.
C’est un processus continuel de séparation et de renoncement aux objets d’attachement qui devra s’accomplir dès la naissance et qui se renouvellera tout au long de l’existence humaine. Il sera souvent ardu, malaisé, jalonné par des moments de crise et de remises en question. Il rencontrera l’hostilité de familles appartenant à des cultures traditionnelles ou celles dont l’amour narcissique dressera des obstacles face au désir d’émancipation et de libération. Ce sera, malheureusement, le lot de beaucoup de filles et de garçons dans notre culture libanaise.
Dès son plus jeune âge, l’enfant aura besoin d’être accompagné de parents éclairés qui, ayant pris conscience de leur amour narcissique, le soutiendront dans le cheminement vers son émancipation. D’un père et d’une mère qui sauront favoriser le passage des différentes étapes de son développement, qui se montreront protecteurs et fermes à la fois, l’aidant à renoncer à ses pulsions destructrices, à ses désirs de possessivité, à les sublimer dans des activités favorisant sa créativité et son originalité, respectueux d’une identité qui se construit dans la différence et non dans l’imitation, dans le but de faire partie d’une communauté humaine, tout en sauvegardant ce qui fait de chacun(e) un être singulier, différent.
On a tendance à attribuer la rivalité ou la jalousie au rang de l’enfant dans la fratrie (aîné, cadet ou benjamin). Si cette position est susceptible, dans une certaine mesure, de déclencher des conflits, elle demeure très insuffisante pour les comprendre. Car la perception de sa place dans sa famille par l’enfant dépend d’abord de sa représentation dans les fantasmes parentaux. L’enfant est-il le fruit de l’amour des parents? Dans quel état psychologique se trouvaient-ils à sa naissance? S’y sont-ils préparés? A-t-il été désiré pour lui-même ou pour répondre aux souhaits des autres? Comment ont-ils réagi lorsque l’enfant réel apparu n’a pas correspondu à l’enfant rêvé? De quelle sorte d’amour va-t-il être aimé? Son sexe et son genre répondent-ils à leurs vœux? Que représente pour eux le prénom attribué et que lui font-ils porter ainsi? Et tant d’autres interrogations dont les réponses influeront immanquablement sur les relations fraternelles ainsi que sur le développement psychosomatique de chaque enfant. La jalousie est d’abord issue de ce que perçoit l’enfant dans le regard porté sur lui et sur sa fratrie par ses parents. Le langage verbal, gestuel, mimique, les regards échangés, les postures adoptées de ceux-ci véhiculent des signaux inconscients relatifs aux réponses à ces questionnements que l’enfant percevra et qui seront à l’origine de ses conduites.
À chaque naissance, les mêmes interrogations se reposeront, mais les réponses diffèreront puisque, nous le savons, les parents se retrouveront à une étape nouvelle de leur existence avec tous les changements qui se sont produits aussi bien au niveau psychologique de chacun que sur le plan de la vie du couple et de la famille. L’amour pour chaque enfant ne sera pas le même. Au mieux il sera différent. La phrase cliché selon laquelle les parents aiment de la même manière leurs enfants n’est destinée qu’à calmer leur sentiment de culpabilité.
Les expressions de rivalité et de jalousie fraternelles sont d’abord un message adressé aux parents afin qu’ils s’interrogent sur ce qui les suscite et qui émane de leurs propres perceptions et attitudes, ce qui ne sera jamais une tâche aisée puisqu’il s’agit de leur propre inconscient.
Distribuer le même nombre de confiseries, de jouets ou d’autres avoirs matériels n’exprime qu’une aspiration illusoire à un amour identique et à une tentative impossible de combler le manque.
«Le complexe de l’intrusion» introduit par J. Lacan explique le processus qui se déroule: la maman qui aime d’un amour vrai (c’est-à-dire dans la séparation et non dans la fusion) va favoriser un double détachement: le sien et celui de son enfant. Celui-ci découvre alors l’autre, l’intrus, c’est-à-dire le père, les membres de la fratrie et tout autre objet dont la présence est ressentie comme menaçant l’exclusivité de l’amour. Désormais, l’enfant en devenir construira son moi en relation à l’autre, le moi constituant toujours une image trompeuse. En sera-t-il à jamais dépendant? Pourra-t-il s’en dégager progressivement et parvenir à l’éclosion de son «je»? Cela dépendra à la fois des étapes précédant le complexe de l’intrusion et des suivantes, notamment du complexe d’Œdipe.
La période œdipienne est devenue maintenant familière à bien des lecteurs et lectrices. J’en dirai l’essentiel en ce qui concerne la problématique développée dans le thème qui nous intéresse, quitte à y revenir ailleurs éventuellement, étant donné que c’est une période décisive dans la première structuration de la personnalité. Je vais me contenter ici de rappeler que, dans l’Œdipe classique, c’est une intense passion érotisée que ressentira la fille à l’égard de son père et le garçon à l’égard de sa mère, accompagnée des affres de la jalousie à l’égard de l’autre rival(e). Tout en précisant que la passion amoureuse et les désirs érotiques à ce stade sont vécus dans un registre fantasmatique. C’est la source même de la jalousie qui sera vécue dans les relations entre adultes.
C’est un processus continuel de séparation et de renoncement aux objets d’attachement qui devra s’accomplir dès la naissance et qui se renouvellera tout au long de l’existence humaine. Il sera souvent ardu, malaisé, jalonné par des moments de crise et de remises en question. Il rencontrera l’hostilité de familles appartenant à des cultures traditionnelles ou celles dont l’amour narcissique dressera des obstacles face au désir d’émancipation et de libération. Ce sera, malheureusement, le lot de beaucoup de filles et de garçons dans notre culture libanaise.
Dès son plus jeune âge, l’enfant aura besoin d’être accompagné de parents éclairés qui, ayant pris conscience de leur amour narcissique, le soutiendront dans le cheminement vers son émancipation. D’un père et d’une mère qui sauront favoriser le passage des différentes étapes de son développement, qui se montreront protecteurs et fermes à la fois, l’aidant à renoncer à ses pulsions destructrices, à ses désirs de possessivité, à les sublimer dans des activités favorisant sa créativité et son originalité, respectueux d’une identité qui se construit dans la différence et non dans l’imitation, dans le but de faire partie d’une communauté humaine, tout en sauvegardant ce qui fait de chacun(e) un être singulier, différent.
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