Un jour, l’on se décide à quitter Beyrouth
Un jour, l’on se décide à quitter Beyrouth.

Un soir, après avoir jonglé pour la millième fois entre les pannes d'électricité et les coupures totales, l'on se dit «ça suffit». Khalass.

Il est temps de s'en aller. Parce que l'on a fait son temps à Beyrouth.

Et puis l'on fait ses bagages comme d'autres font la guerre.

Et puis l’on s’en va. Excédés. Usés jusqu'à la corde par un quotidien libanais qui met les nerfs à rude épreuve.

Pourtant l'on ignore sur le moment qu'il ne suffira pas de défaire ses bagages pour se délester des souvenirs qui débordent d'une malle cabossée. Ils débordent, flots de mots aux ondulations dont le rythme cadencé s’en vient de nous ramener, le temps d'un langoureux voyage linguistique, vers ces bords de la Méditerranée aux confins de la Phénicie.


Babil joyeux, savant mélange de français, de libanais et d'anglais.

Wallaw, tu t'en souviens pas? Oh my God! Yaané…comment te dire? Look. C'est pas compliqué, Anjad. This is Lebanon.

Bonheur du linguiste. Nul n'est parvenu à un tel prodige du langage si ce n'est le Libanais. Trois langues réunies harmonieusement en une seule!

La tour de Babel a encore de beaux jours devant elle. Pour y accéder, il suffit pour cela d'aller à Beyrouth. Berceau de la francophonie certes, mais berceau de la communication aussi. Et de la créativité. Vous y croiserez un melting-pot linguistique unique au monde.

Et, si vous prêtez une oreille attentive, peut-être aurez-vous la chance de vous emplir de certains libanismes qui vous laisseront perplexe dans un premier temps avant de venir apposer sur vos lèvres, dans un second temps, un sourire béat. Peut-être.

Il est temps de refermer la malle. Next time, promis, bkhabérkon.
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