Un baiser furtif entre deux personnes de même sexe et les autorités libanaises s’enflamment. Cette scène du dernier film d’animation Pixar «Lightyear» a créé la polémique. Il a été interdit dans 14 pays d’Asie dont le Liban.
«Nous ne sommes pas censés avoir encore autant de censure sur les livres, les films et les médias», s’exclame Georges Ghali, membre du bureau exécutif de l’ONG Act for Human Rigths, Alef. Récemment, la censure au Liban a de nouveau frappé en interdisant la projection du film «Lightyear» de Pixar à cause de cette scène où deux femmes s’embrassent furtivement.
«Cette censure est exercée sur tout et n’importe quoi, que le sujet soit important ou léger, s’insurge Georges Ghali. Nous ne savons pas exactement qui est l’autorité qui gère la censure. C’est souvent une décision opaque sans aucune transparence. C’est une restriction flagrante de la liberté d’expression». Il estime que la Sûreté générale et les autorités religieuses jouent un rôle important dans cette prise de décision. «Les pouvoirs religieux ont de plus en plus de pouvoir auprès de la Sûreté générale et n’hésitent pas à l’exercer», souligne-t-il, précisant que la censure s’applique à large échelle sans que l’opinion publique n’en soit pour autant informée.
La première mondiale du long métrage "Lightyear" de Disney et Pixar a eu lieu au El Capitan Theatre à Hollywood, Californie. Le film débutera dans les salles américaines le 17 juin 2022. (AFP)
Pour Georges Ghali, le problème va au-delà de la simple censure. Il est fortement lié à la corruption. «N’importe quelle personne influente peut interdire la projection d’un film si le contenu ne lui plaît pas, dénonce-t-il. La censure n’est pas basée sur des critères précis et les restrictions sont sans fondement. C’est tout simplement de l’abus de pouvoir.» Georges Ghali souhaiterait que la loi soit plus claire à ce sujet. «Toutes les restrictions devraient être citées dans la loi, insiste-t-il. Il y a beaucoup trop d‘ambiguïtés. La décision finale devrait revenir à un tribunal. Elle doit être basée sur des justifications légales et des procédures transparentes.»
M. Ghali rappelle que la censure est présente dans tous les pays et que si elle est bien appliquée, elle est même bénéfique à la société. «Il ne faut pas oublier que la censure peut être positive dans bien des cas, avance-t-il. Notamment pour protéger l’identité de personnes victimes de viol, à titre d’exemple. Je comprends que la censure soit immédiatement appliquée s’il y a un risque sur la sécurité nationale ou les relations diplomatiques.»
La première mondiale du long métrage "Lightyear" de Disney et Pixar a eu lieu au El Capitan Theatre à Hollywood, Californie. Le film débutera dans les salles américaines le 17 juin 2022. (AFP)
Un pouvoir arbitraire
Mais qui décide de la censure? Pour Joseph Obeid, ancien directeur de la communication à la Sûreté générale, la censure au Liban ne devrait concerner que la sécurité nationale du pays ou les matières qui pourraient déstabiliser le pays. Il souligne que la Sûreté générale n’est pas l’autorité à qui revient la décision finale pour la censure. «La Sûreté générale visionne les films et décide ou non de contacter la commission de censure qui, elle, sera chargée d’évaluer l'œuvre», précise-t-il. Cette commission est composée du directeur général du ministère de l’Information, des représentants des ministères des Affaires sociales, de l’Éducation, des Affaires étrangères et de l’Économie, ainsi que d’un officier représentant le ministère de l’Intérieur. Après avoir étudié le dossier selon le décret 85/2010 du 30 septembre 2010 qui dresse une liste des matières à censurer, elle soumet son rapport au ministre de l’Intérieur à qui reviendra la décision finale.
Il convient de noter que la censure s’applique si une œuvre porte atteinte aux mœurs, à l’autorité de l’État, aux autorités religieuses ou défend la propagande "sioniste". Toutefois l’atteinte aux mœurs est une notion qui reste subjective comme l’explique M. Obeid et donc tout peut faire l’objet de censure. «Un baiser entre deux femmes est considéré comme une atteinte aux mœurs pour certaines personnes, mais il n’est pas cité dans le décret comme tel», explique-t-il. Il rappelle que dans les sociétés comme le Liban, la censure n’est plus aussi efficace qu’elle l’était puisqu’il suffit d’un seul clic pour tout trouver sur Internet. De même, que sur les télévisions satellites dont les programmes ne passent pas par la censure.
Dame Anastasie a les pleins pouvoir au Liban. Entre propagande et liberté d’expression – qui est de plus en plus restreinte – quel est donc le véritable rôle de la censure? Est-elle devenue une menace à la liberté individuelle?
«Nous ne sommes pas censés avoir encore autant de censure sur les livres, les films et les médias», s’exclame Georges Ghali, membre du bureau exécutif de l’ONG Act for Human Rigths, Alef. Récemment, la censure au Liban a de nouveau frappé en interdisant la projection du film «Lightyear» de Pixar à cause de cette scène où deux femmes s’embrassent furtivement.
«Cette censure est exercée sur tout et n’importe quoi, que le sujet soit important ou léger, s’insurge Georges Ghali. Nous ne savons pas exactement qui est l’autorité qui gère la censure. C’est souvent une décision opaque sans aucune transparence. C’est une restriction flagrante de la liberté d’expression». Il estime que la Sûreté générale et les autorités religieuses jouent un rôle important dans cette prise de décision. «Les pouvoirs religieux ont de plus en plus de pouvoir auprès de la Sûreté générale et n’hésitent pas à l’exercer», souligne-t-il, précisant que la censure s’applique à large échelle sans que l’opinion publique n’en soit pour autant informée.
La première mondiale du long métrage "Lightyear" de Disney et Pixar a eu lieu au El Capitan Theatre à Hollywood, Californie. Le film débutera dans les salles américaines le 17 juin 2022. (AFP)
Pour Georges Ghali, le problème va au-delà de la simple censure. Il est fortement lié à la corruption. «N’importe quelle personne influente peut interdire la projection d’un film si le contenu ne lui plaît pas, dénonce-t-il. La censure n’est pas basée sur des critères précis et les restrictions sont sans fondement. C’est tout simplement de l’abus de pouvoir.» Georges Ghali souhaiterait que la loi soit plus claire à ce sujet. «Toutes les restrictions devraient être citées dans la loi, insiste-t-il. Il y a beaucoup trop d‘ambiguïtés. La décision finale devrait revenir à un tribunal. Elle doit être basée sur des justifications légales et des procédures transparentes.»
M. Ghali rappelle que la censure est présente dans tous les pays et que si elle est bien appliquée, elle est même bénéfique à la société. «Il ne faut pas oublier que la censure peut être positive dans bien des cas, avance-t-il. Notamment pour protéger l’identité de personnes victimes de viol, à titre d’exemple. Je comprends que la censure soit immédiatement appliquée s’il y a un risque sur la sécurité nationale ou les relations diplomatiques.»
La première mondiale du long métrage "Lightyear" de Disney et Pixar a eu lieu au El Capitan Theatre à Hollywood, Californie. Le film débutera dans les salles américaines le 17 juin 2022. (AFP)
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Mais qui décide de la censure? Pour Joseph Obeid, ancien directeur de la communication à la Sûreté générale, la censure au Liban ne devrait concerner que la sécurité nationale du pays ou les matières qui pourraient déstabiliser le pays. Il souligne que la Sûreté générale n’est pas l’autorité à qui revient la décision finale pour la censure. «La Sûreté générale visionne les films et décide ou non de contacter la commission de censure qui, elle, sera chargée d’évaluer l'œuvre», précise-t-il. Cette commission est composée du directeur général du ministère de l’Information, des représentants des ministères des Affaires sociales, de l’Éducation, des Affaires étrangères et de l’Économie, ainsi que d’un officier représentant le ministère de l’Intérieur. Après avoir étudié le dossier selon le décret 85/2010 du 30 septembre 2010 qui dresse une liste des matières à censurer, elle soumet son rapport au ministre de l’Intérieur à qui reviendra la décision finale.
Il convient de noter que la censure s’applique si une œuvre porte atteinte aux mœurs, à l’autorité de l’État, aux autorités religieuses ou défend la propagande "sioniste". Toutefois l’atteinte aux mœurs est une notion qui reste subjective comme l’explique M. Obeid et donc tout peut faire l’objet de censure. «Un baiser entre deux femmes est considéré comme une atteinte aux mœurs pour certaines personnes, mais il n’est pas cité dans le décret comme tel», explique-t-il. Il rappelle que dans les sociétés comme le Liban, la censure n’est plus aussi efficace qu’elle l’était puisqu’il suffit d’un seul clic pour tout trouver sur Internet. De même, que sur les télévisions satellites dont les programmes ne passent pas par la censure.
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