Pochettino le frileux n'a pas résisté à la révolution au PSG
Un jeu trop terne malgré ses stars et un discours peu emballant: Mauricio Pochettino n'a pas tenu ses promesses au Paris SG, emporté par les changements d'organigramme dans la capitale et son remplacement par Christophe Galtier, qui doit être présenté mardi après-midi.

"C'est difficile pour un club comme le PSG car les objectifs sont tellement élevés. Parfois, quand vous gagnez le championnat, ça n'a pas l'air suffisant et, bien sûr, ça n'est pas assez pour nous non plus", admettait récemment "Poche".

Pourtant, "ce club, il l'aime", disait Luis Fernandez en janvier 2021 au sujet du technicien qui, comme défenseur central, a porté "dignement" le maillot du PSG entre 2001 et 2003.

Il n'a fallu qu'une poignée de mois pour que l'entraîneur Pochettino dilapide le crédit gagné par le joueur Mauricio.

L'énorme pression du PSG qatarien, transformé depuis 2011 à coups de centaines de millions d'euros, a broyé la nostalgie que générait son nom, qui rappelait aux supporters le show des années Ronaldinho (2001-2003).

Dans un club qui veut tout gagner, tout de suite, l'Argentin de 50 ans a accumulé trop d'échecs: Ligue 1 perdue en mai 2021 au profit de Lille, Trophée des champions cédé en août au Losc, Coupe de France abandonnée en janvier 2022 dès les 8e...

"Style" abandonné

Seule la Ligue des champions aurait pu sauver le bilan de Pochettino, dont le contrat courait jusqu'en 2023.

Mais il n'a pas réussi non plus à sublimer l'équipe qui restait sur une finale perdue face au Bayern Munich (1-0) en août 2020 avec son prédécesseur Thomas Tuchel.

Pochettino s'est arrêté au stade des demi-finales en 2021, sèchement éliminé par Manchester City (défaites 2-1 et 2-0). Cette année, la sortie dès les huitièmes face au Real Madrid (1-0, 1-3) ressemble à un énorme pas en arrière pour le PSG, malgré le renfort de Lionel Messi.

Certes, la "Pulga" (35 ans) n'a pas été à la hauteur des attentes depuis son arrivée. Mais les flèches ont surtout pointé vers Pochettino lorsqu'il a fallu désigner un coupable.


Rarement son équipe a montré un visage conforme à ses ambitions. À part quelques fulgurances collectives lors de la saison écoulée, portées par une défense en béton, et plusieurs exploits de Kylian Mbappé, le PSG n'a remporté "que" la Ligue 1, pour la dixième fois, un flop pour celui qui promettait à son arrivée de "gagner avec style".

Langue de bois

Pochettino, qui a souvent réclamé du temps pour développer ses idées, n'a pas été aidé non plus par les nombreuses absences qui ont déplumé son effectifs, comme la blessure de Neymar à une cheville qui a éloigné le Brésilien deux mois et demi.

"La première partie de saison, tu n'avais même pas le temps de t'entraîner. Le coach, le pauvre, il ne pouvait même pas faire un entrainement tactique. Vraiment, on s'entraîne en jouant", a concédé Marco Verratti, mi-janvier.

Proche de ses joueurs, l'Argentin ne les griffait que très exceptionnellement en public, comme la défaite "inacceptable" à Monaco (3-0), alors que les plaies de la déroute madrilène saignaient encore, où il avait parlé de "honte".

Même après le 3-1 à Madrid, où son équipe dominait avant de s'écrouler en 17 minutes, le coach avait défendu ses joueurs et préféré pointer une erreur d'arbitrage.

Pourtant ce soir-là son gardien Gianluigi Donnarumma est fautif, son capitaine Marquinhos joue son pire match en neuf ans à Paris, Neymar est transparent comme souvent et Messi à des années lumières de son statut de septuple Ballon d'Or.

Mais on n'a que trop rarement retrouvé à Paris le jeu électrique de son Tottenham, finaliste de la C1 en 2019 (battu 2-0 par Liverpool).

En outre, il laisse en France l'image d'un entraîneur volontiers langue de bois en conférence de presse, frileux dans ses décisions... Et le temps pris par les négociations pour sa rupture conventionnelle ne risque pas de redorer son blason, malgré les nombreuses photos aux couleurs du PSG que diffusait l'entraîneur sur Instagram ces derniers jours, façon message d'adieu.

Au bout de 18 mois, "Poche" ne parlait que rarement français en public, contrairement à ses prédécesseurs, accentuant la distance avec l'environnement.

Après Unai Emery et Thomas Tuchel, voilà un troisième entraîneur débarqué avant d'avoir fait trois ans. "Poche" n'a pas répondu aux attentes, mais Paris use aussi ses coaches.
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