Jana Tamer ou l’histoire d’une vie…
Nos chemins se sont croisés lors de mes tout premiers pas dans le journalisme, à Magazine, où j’étais une jeune pigiste passionnée par mon métier, menant en parallèle mes études d’anthropologie à l’USJ. Jana Tamer était la bienveillance et le savoir incarnés, distillant ses conseils d’ainesse à la «petite» qu’elle avait adoptée. Le hasard a fait qu’elle a eu, très vite, à jouer un rôle beaucoup plus important dans ma vie privée. Épouse d’Armand Farès à l’époque, camarade de classe de celui qui allait devenir mon époux, nous avions assez vite partagé des dîners à quatre, et le couple Tamer/Farès allait être le premier mis dans le secret de l’idylle naissante. Plus tard, notre parcours amical se pliera invariablement aux aléas de la vie sans jamais rompre et sans perdre un iota de son intensité à chaque retrouvailles.

Nous ne nous sommes jamais réellement perdues de vue, pratiquant par la suite le métier d’éditrice, chacune de son côté, belle coïncidence. Nous prenions le temps de bavarder ensemble, de prendre conseil, d’échanger nos points de vue, de nous soutenir, de fomenter des projets à réaliser un jour ensemble et surtout de partager nos bilans afin que l’une profite de l’expérience de l’autre. Avec Jana au bout du fil, c’était toujours une écoute aimante et honnête, celle d’une femme droite dans ses bottes. Je peux affirmer qu’il en était de même pour elle. Lorsqu’elle m’appelait pour me poser des questions, elle savait qu’avec moi c’était cash. Qu’il n’y aurait que de la franchise. J’étais honorée par sa confiance tout comme j’étais bénie par la sienne. Et même si nous nous étions un peu perdues de vue ces trois dernières années, un peu comme pour tout le monde entre le 4 août 2020 et la tragédie économique libanaise, il y avait toujours Facebook qui nous connectait… Son dernier post date du 3 juillet dernier… Je ne savais pas qu’elle se battait contre le cancer, je ne savais pas qu'elle avait, en sus, contracté ce satané coronavirus qui a décimé mon entourage en 2021.

Mourir à 73 ans de cette saloperie? Chienne de vie…


De Jana je garde ses ouvrages lumineux, ces encyclopédies vivantes, dédicacés à la plume de son affection, je garde aussi cette notion de l’amitié si noble et si rare… celle qui fait que deux êtres qui s’apprécient demeurent liés pour la vie, et par-delà la mort…

Dors en paix Jana, ton brutal départ est un couteau planté dans le cœur de tous ceux qui t’aiment…
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