L'impact du conflit ukrainien se fait sentir en Europe. Les 19 pays de la Zone euro revoient à la baisse leurs prévisions initiales de croissance, tout en élevant celles de l'inflation. Même si la France est un peu mieux lotie que les autres, notamment en raison de sa moindre dépendance aux hydrocarbures russes, les prix de l'énergie et de l'alimentation sont des facteurs qui conduisent la Zone euro à être pessimiste pour cette année et l'an prochain.
L'inconnue du gaz
L'économie devrait certes "poursuivre son expansion, mais à un rythme nettement plus lent" que celui annoncé lors des précédentes prévisions publiées en mai, déjà nettement revues en baisse par rapport au début de l'année, a résumé la Commission. Elle souligne toutefois que la situation pourrait encore empirer en cas d'interruption totale des approvisionnements de gaz par Moscou, l'Europe restant très dépendante des hydrocarbures russes.
"L'évolution de la guerre et la fiabilité des approvisionnements en gaz étant inconnues, cette prévision est soumise à une forte incertitude et à des risques de baisse", a prévenu le commissaire européen à l'Economie, Paolo Gentiloni, lors d'une conférence de presse. Estimant que les sanctions européennes contre Moscou frappaient lourdement l'économie russe, attendue en récession cette année, il a reconnu qu'elles avaient aussi "quelques conséquences" sur l'économie européenne.
Les prévisions annoncées jeudi "dépendent fortement de l'évolution de la guerre et en particulier de ses implications pour l'approvisionnement en gaz de l'Europe, a signalé Bruxelles. De nouvelles augmentations des prix du gaz pourraient augmenter encore l'inflation et étouffer la croissance". En outre, les hausses de salaires décidées en Europe pour compenser la hausse du coût de la vie pourraient à leur tour renforcer la flambée des prix et enclencher un cercle vicieux inflationniste.
Prévisions à la baisse
Parmi les autres facteurs se répercutant négativement sur la croissance, Bruxelles pointe le resserrement "plus rapide que prévu" de la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE), nécessaire pour endiguer l'inflation. S'y ajoutent "la décélération continue de la croissance aux États-Unis" et l'impact de la politique de Pékin contre le Covid-19 qui a entraîné confinements et fermetures d'usines en Chine.
La guerre en Ukraine a mis fin au fort rebond de l'économie européenne entamé au printemps 2021, après la récession historique provoquée par la pandémie en 2020. Pour l'ensemble de l'UE, la croissance atteindrait 2,7% cette année, puis 1,5% l'an prochain, tandis que l'inflation s’élèverait à 8,3% en 2022 et 4,6% en 2023. "La dynamique de la réouverture de nos économies devrait soutenir la croissance annuelle en 2022, mais pour 2023, nous avons nettement revu nos prévisions à la baisse", a expliqué Paolo Gentiloni.
La France est un peu mieux lotie que l'Allemagne. Elle devrait connaître une croissance de 2,4% cette année et 1,4% l'an prochain, contre respectivement 1,4% et 1,3% dans la première économie européenne. Sur le front de l'inflation, la Commission estime que le pic devrait être atteint au troisième trimestre, avec un taux annuel estimé à 8,4% en 2022. Il se réduirait ensuite progressivement jusqu'à tomber sous la barre des 3% fin 2023.
Cela pourrait entraîner un relèvement encore plus fort des taux d'intérêt, susceptible non seulement de ralentir la croissance, mais aussi de faire peser "des risques accrus pour la stabilité financière", s'inquiète la Commission. Alors que l'Europe affronte cet été une nouvelle vague de contaminations au Covid-19, la Commission note aussi "la possibilité que la résurgence d'une pandémie dans l'UE apporte de nouvelles perturbations à l'économie".
Avec AFP
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