"Les querelles picrocholines et les pratiques du passé sur le partage des dépouilles de l’État sont dérisoires face à l’urgence", a déclaré l’ambassadrice de France au Liban, dans un discours prononcé à la Résidence des Pins jeudi à l’occasion de la Fête nationale française.
À l’occasion de la Fête nationale française, célébrée à la Résidence des Pins, jeudi, l’ambassadrice de France au Liban, Anne Grillo a annoncé "une année d’un enjeu considérable pour le Liban", soulignant dans ce contexte la détermination de la France à venir en aide aux Libanais dans différents domaines. « Le Liban demeure important pour la France », a-t-elle affirmé devant les personnalités politiques et diplomatiques présentes.
Dressant un tableau exhaustif – parfois très sombre – de la situation dans laquelle se débat le pays. Elle s’est notamment attardée sur "l’enjeu démocratique" de l’année à venir. Elle a appelé à respecter les échéances constitutionnelles, à commencer par la formation d’un gouvernement. "Je le souligne avec d’autant plus de force que la France sort elle-même d’une séquence électorale majeure. Les élections, c’est compliqué, c’est la démocratie qui veut ça. Les dictatures, c’est vrai, c’est plus simple. Mais au Liban, comme en France, la démocratie parle. Elle a parlé lors de vos élections législatives très disputées. Les résultats parfois surprenants ont montré que rien n’est jamais entièrement joué à l’avance. Au-delà de la simple arithmétique des sièges obtenus, il faut entendre les attentes qui s’expriment. Il faut maintenant qu’un gouvernement soit formé. Le temps presse. Une élection présidentielle est attendue d'ici à la fin du mois d’octobre", a-t-elle déclaré.
Elle a ensuite évoqué la présidentielle en s’adressant aux députés conviés à la cérémonie.
"Mesdames et messieurs les députés ici présents, vous allez choisir le futur président du Liban. Dans un moment de défiance abyssale des Libanais vis-à-vis de leurs institutions politiques, le respect de cette échéance démocratique constitutionnelle est fondamental. Comme le sera la tenue, l’année prochaine, des élections municipales. Ce serait folie d’ajouter une crise politique et institutionnelle à la profonde crise économique et financière que vit le Liban", a-t-elle relevé.
"Les querelles picrocholines et les pratiques du passé sur le partage des dépouilles de l’État sont dérisoires face à l’urgence. La spirale vers les abîmes continue de tourner. Ne pas la regarder en face n’interrompra pas son cours", a encore souligné la diplomate.
Le drame du 4 août 2020
Anne Grillo a ensuite passé en revue l’aide de la France au Liban, surtout après la double explosion au port de Beyrouth le 4 août 2020. "Si le Liban demeure important pour la France et son président, ce n’est pas que le fruit d’une histoire partagée, mais aussi à ce qu’il a d’unique au Proche-Orient: un pays démocratique, un pays de coexistence culturelle et confessionnelle, de tolérance, qui fait écho aux valeurs et principes républicains auxquels nous tenons plus que tout", a-t-elle commencé par rappeler. "Et vous, chers amis ici présents, vous incarnez ce Liban-là. C’est pour cela que la France est sans relâche à vos côtés depuis le drame de l’explosion dans le port de Beyrouth le 4 août 2020 sur lequel il est urgent que la justice se prononce en toute indépendance", a-t-elle ajouté.
Et l’ambassadrice de France d’expliquer : "Depuis deux ans, vous le savez, la France redouble d’efforts pour le Liban, pour vous. Nous avons tenu les engagements pris. Cette année encore, nous répondons à vos multiples demandes d’urgences. Et dans le même temps, nous aidons à poser les jalons du redressement: poursuite de notre soutien au secteur éducatif et aux universités, francophones en particulier, aux structures de santé, à vos forces de sécurité, en matière de transports collectifs, d’assainissement des eaux, d’infrastructures portuaires, d’agriculture, à la préservation de votre patrimoine et de vos espaces de liberté d’expression et de création culturelle. Près de 200 millions d’euros depuis 2020".
"Que le monde soit en tourment, secoué par des guerres, des crises, des pénuries, il y a quelque chose qui ne change pas, qui ne changera pas, c’est l’amitié entre la France et le Liban, la solidarité et la fraternité qui nous lient", a-t-elle relevé.
"Le soutien à ceux qui ne baissent pas les bras"
La diplomate n’a pas manqué de saluer la détermination des Libanais à faire face à la crise. "Comme toujours, je vous parlerai en amie. Voilà deux ans que je représente la France au Liban. J’ai commencé tout de suite à le parcourir, pour le connaître, pour vous connaître. J’ai vu des femmes et des hommes courageux et déterminés, une jeunesse au dynamisme incroyable. Ce soir, j’ai une pensée pour tous ceux qui s’emploient à faire tourner ce qui reste de vos institutions, pour tous ceux qui portent le Liban à bout de bras, ce Liban dans lequel ils veulent vivre dignement et en paix et en citoyens protégés par un État de droit", a-t-elle déclaré.
Elle a promis de "continuer cette année à aller à votre rencontre pour voir les initiatives qui méritent d’être poussées et assurer le soutien de la France à ceux qui ne baissent pas les bras. La semaine dernière, j’étais à nouveau à Tripoli, une ville qui malgré les drames reste dynamique et vivante. Cette proximité nourrit mon espérance dans votre pays et mon énergie".
"La France peut vous aider"
Anne Grillo a insisté sur le fait que "le Liban a tous les atouts pour monter dans le train de l’histoire et y occuper sa place, pleinement. Il a une position géographique charnière, en Méditerranée, entre l’Europe, l’Asie et l’Afrique. Il peut compter sur l’exceptionnel talent de sa jeunesse, sur sa diaspora qui a participé au développement de tant d’autres pays. Il a aussi une solide expérience pour avoir été un lieu de dialogue et d’échanges qu’il peut réinvestir". Il y a surtout "les amis et partenaires du Liban qui peuvent l’aider. Parmi eux, vous avez la France, vous le savez: la France et son soutien indéfectible", a affirmé l’ambassadrice en revenant sur les signes de ce soutien au cours de l’année écoulée. "Nous avons œuvré à faciliter l’accord avec le Fonds Monétaire International. Nous vous avons aidés à renouer avec les pays du Golfe, l’Arabie saoudite en particulier. Nous avons maintenu une aide bilatérale conséquente ainsi que la présence des 700 soldats français au sein de la Force intérimaire des Nations unies pour le Liban – et je veux leur rendre ici un hommage appuyé", a-t-elle déclaré, avant d’annoncer que la France "peut continuer à aider le Liban".
"Je pense notamment à l’urgence énergétique à laquelle le pays est confronté. Nous pouvons contribuer à la rénovation du système électrique libanais, à aider le Liban à sécuriser ses approvisionnements en gaz et en électricité, et à faciliter une perspective pour l’exploration et l’exploitation de ressources gazières dans un environnement stable. Le président de la République française l’a redit récemment. La France peut vous aider. Elle le peut parce qu’elle a une capacité d’entraînement et de mobilisation, parce que nous siégeons partout où les décisions se prennent dans les institutions européennes, internationales, aux Nations unies, parce que nous pouvons parler à tout le monde", a-t-elle annoncé.
Un Etat et des institutions exsangues
Mme Grillo a d’autre part mis l’accent sur la gravité de la crise économique et financière qui ébranle le pays, soulignant la nécessité à ce propos d’un accord avec le Fonds monétaire international. "Le Liban s’appauvrit, a-t-elle affirmé. Bientôt il n’y aura plus d’argent pour payer les denrées que vous importez et l’énergie qui fait tourner l’économie du pays, qui permet d’éclairer votre aéroport comme vos villes et vos villages, plus d’argent pour payer vos professeurs et vos personnels soignants", a-t-elle déclaré, avant de poursuivre: "Votre État et ses institutions sont exsangues. Vos forces de sécurité sont sous pression. L’économie informelle et les trafics prospèrent. Vos forces vives choisissent l’exil, sans billet de retour, alors qu’elles ne demandaient qu’à investir leurs énergies ici".
Il reste que "tout cela est réversible », a relevé Mme Grillo, si le Liban aboutit à un accord avec le FMI qui «prend bien en compte les spécificités de votre pays et de la crise qu’il traverse». « S’il n’y a pas de fatalité à ce que ce pays se recroqueville, se dessèche et s’effondre, faute de regarder enfin le monde et la réalité en face, (…) personne (…) ne peut prendre le train de l’histoire à la place du Liban. C’est votre pays. C’est votre destin. C’est maintenant", a lancé l’ambassadrice de France.
À l’occasion de la Fête nationale française, célébrée à la Résidence des Pins, jeudi, l’ambassadrice de France au Liban, Anne Grillo a annoncé "une année d’un enjeu considérable pour le Liban", soulignant dans ce contexte la détermination de la France à venir en aide aux Libanais dans différents domaines. « Le Liban demeure important pour la France », a-t-elle affirmé devant les personnalités politiques et diplomatiques présentes.
Dressant un tableau exhaustif – parfois très sombre – de la situation dans laquelle se débat le pays. Elle s’est notamment attardée sur "l’enjeu démocratique" de l’année à venir. Elle a appelé à respecter les échéances constitutionnelles, à commencer par la formation d’un gouvernement. "Je le souligne avec d’autant plus de force que la France sort elle-même d’une séquence électorale majeure. Les élections, c’est compliqué, c’est la démocratie qui veut ça. Les dictatures, c’est vrai, c’est plus simple. Mais au Liban, comme en France, la démocratie parle. Elle a parlé lors de vos élections législatives très disputées. Les résultats parfois surprenants ont montré que rien n’est jamais entièrement joué à l’avance. Au-delà de la simple arithmétique des sièges obtenus, il faut entendre les attentes qui s’expriment. Il faut maintenant qu’un gouvernement soit formé. Le temps presse. Une élection présidentielle est attendue d'ici à la fin du mois d’octobre", a-t-elle déclaré.
Elle a ensuite évoqué la présidentielle en s’adressant aux députés conviés à la cérémonie.
"Mesdames et messieurs les députés ici présents, vous allez choisir le futur président du Liban. Dans un moment de défiance abyssale des Libanais vis-à-vis de leurs institutions politiques, le respect de cette échéance démocratique constitutionnelle est fondamental. Comme le sera la tenue, l’année prochaine, des élections municipales. Ce serait folie d’ajouter une crise politique et institutionnelle à la profonde crise économique et financière que vit le Liban", a-t-elle relevé.
"Les querelles picrocholines et les pratiques du passé sur le partage des dépouilles de l’État sont dérisoires face à l’urgence. La spirale vers les abîmes continue de tourner. Ne pas la regarder en face n’interrompra pas son cours", a encore souligné la diplomate.
Le drame du 4 août 2020
Anne Grillo a ensuite passé en revue l’aide de la France au Liban, surtout après la double explosion au port de Beyrouth le 4 août 2020. "Si le Liban demeure important pour la France et son président, ce n’est pas que le fruit d’une histoire partagée, mais aussi à ce qu’il a d’unique au Proche-Orient: un pays démocratique, un pays de coexistence culturelle et confessionnelle, de tolérance, qui fait écho aux valeurs et principes républicains auxquels nous tenons plus que tout", a-t-elle commencé par rappeler. "Et vous, chers amis ici présents, vous incarnez ce Liban-là. C’est pour cela que la France est sans relâche à vos côtés depuis le drame de l’explosion dans le port de Beyrouth le 4 août 2020 sur lequel il est urgent que la justice se prononce en toute indépendance", a-t-elle ajouté.
Et l’ambassadrice de France d’expliquer : "Depuis deux ans, vous le savez, la France redouble d’efforts pour le Liban, pour vous. Nous avons tenu les engagements pris. Cette année encore, nous répondons à vos multiples demandes d’urgences. Et dans le même temps, nous aidons à poser les jalons du redressement: poursuite de notre soutien au secteur éducatif et aux universités, francophones en particulier, aux structures de santé, à vos forces de sécurité, en matière de transports collectifs, d’assainissement des eaux, d’infrastructures portuaires, d’agriculture, à la préservation de votre patrimoine et de vos espaces de liberté d’expression et de création culturelle. Près de 200 millions d’euros depuis 2020".
"Que le monde soit en tourment, secoué par des guerres, des crises, des pénuries, il y a quelque chose qui ne change pas, qui ne changera pas, c’est l’amitié entre la France et le Liban, la solidarité et la fraternité qui nous lient", a-t-elle relevé.
"Le soutien à ceux qui ne baissent pas les bras"
La diplomate n’a pas manqué de saluer la détermination des Libanais à faire face à la crise. "Comme toujours, je vous parlerai en amie. Voilà deux ans que je représente la France au Liban. J’ai commencé tout de suite à le parcourir, pour le connaître, pour vous connaître. J’ai vu des femmes et des hommes courageux et déterminés, une jeunesse au dynamisme incroyable. Ce soir, j’ai une pensée pour tous ceux qui s’emploient à faire tourner ce qui reste de vos institutions, pour tous ceux qui portent le Liban à bout de bras, ce Liban dans lequel ils veulent vivre dignement et en paix et en citoyens protégés par un État de droit", a-t-elle déclaré.
Elle a promis de "continuer cette année à aller à votre rencontre pour voir les initiatives qui méritent d’être poussées et assurer le soutien de la France à ceux qui ne baissent pas les bras. La semaine dernière, j’étais à nouveau à Tripoli, une ville qui malgré les drames reste dynamique et vivante. Cette proximité nourrit mon espérance dans votre pays et mon énergie".
"La France peut vous aider"
Anne Grillo a insisté sur le fait que "le Liban a tous les atouts pour monter dans le train de l’histoire et y occuper sa place, pleinement. Il a une position géographique charnière, en Méditerranée, entre l’Europe, l’Asie et l’Afrique. Il peut compter sur l’exceptionnel talent de sa jeunesse, sur sa diaspora qui a participé au développement de tant d’autres pays. Il a aussi une solide expérience pour avoir été un lieu de dialogue et d’échanges qu’il peut réinvestir". Il y a surtout "les amis et partenaires du Liban qui peuvent l’aider. Parmi eux, vous avez la France, vous le savez: la France et son soutien indéfectible", a affirmé l’ambassadrice en revenant sur les signes de ce soutien au cours de l’année écoulée. "Nous avons œuvré à faciliter l’accord avec le Fonds Monétaire International. Nous vous avons aidés à renouer avec les pays du Golfe, l’Arabie saoudite en particulier. Nous avons maintenu une aide bilatérale conséquente ainsi que la présence des 700 soldats français au sein de la Force intérimaire des Nations unies pour le Liban – et je veux leur rendre ici un hommage appuyé", a-t-elle déclaré, avant d’annoncer que la France "peut continuer à aider le Liban".
"Je pense notamment à l’urgence énergétique à laquelle le pays est confronté. Nous pouvons contribuer à la rénovation du système électrique libanais, à aider le Liban à sécuriser ses approvisionnements en gaz et en électricité, et à faciliter une perspective pour l’exploration et l’exploitation de ressources gazières dans un environnement stable. Le président de la République française l’a redit récemment. La France peut vous aider. Elle le peut parce qu’elle a une capacité d’entraînement et de mobilisation, parce que nous siégeons partout où les décisions se prennent dans les institutions européennes, internationales, aux Nations unies, parce que nous pouvons parler à tout le monde", a-t-elle annoncé.
Un Etat et des institutions exsangues
Mme Grillo a d’autre part mis l’accent sur la gravité de la crise économique et financière qui ébranle le pays, soulignant la nécessité à ce propos d’un accord avec le Fonds monétaire international. "Le Liban s’appauvrit, a-t-elle affirmé. Bientôt il n’y aura plus d’argent pour payer les denrées que vous importez et l’énergie qui fait tourner l’économie du pays, qui permet d’éclairer votre aéroport comme vos villes et vos villages, plus d’argent pour payer vos professeurs et vos personnels soignants", a-t-elle déclaré, avant de poursuivre: "Votre État et ses institutions sont exsangues. Vos forces de sécurité sont sous pression. L’économie informelle et les trafics prospèrent. Vos forces vives choisissent l’exil, sans billet de retour, alors qu’elles ne demandaient qu’à investir leurs énergies ici".
Il reste que "tout cela est réversible », a relevé Mme Grillo, si le Liban aboutit à un accord avec le FMI qui «prend bien en compte les spécificités de votre pays et de la crise qu’il traverse». « S’il n’y a pas de fatalité à ce que ce pays se recroqueville, se dessèche et s’effondre, faute de regarder enfin le monde et la réalité en face, (…) personne (…) ne peut prendre le train de l’histoire à la place du Liban. C’est votre pays. C’est votre destin. C’est maintenant", a lancé l’ambassadrice de France.
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