Les historiens verront dans la visite de Biden en Arabie saoudite une lointaine ressemblance avec le voyage de l'empereur du Saint-Empire romain, Henri IV, au pape Grégoire VII à Canossa. Après avoir menacé de traiter le royaume wahhabite en Etat paria, le président américain s'est finalement plié aux exigences de la realpolitik en se rendant à Jeddah. Voilà que la presse américaine s'insurge, alors que les Saoudiens mobilisaient leur diplomatie pour verser leur fiel sur la Maison-Blanche.
Les médias au nom des droits humains, les Saoudiens au nom de l'humiliation qu'ils ont dû subir depuis le début de mandat de Biden. Le poids de l'affront s'est fait ressentir dès le premier face à face entre MBS et le président. Le prince héritier affichait une courtoisie hypocrite et un regard revanchard. C'était comme s'il disait "voilà! tu as finalement eu besoin de moi".
Joseph Robinette Biden, Jr. est rentré bredouille à Washington. Il n'a pas eu de la part de ses alliés saoudiens l'augmentation de la production de brut qu'il réclamait d'urgence. Sa requête était diligentée par l'inflation qui sape les économies américaine et occidentales, et qui pourrait lui coûter cher lors des prochains midterms de novembre.
Par ailleurs, malgré les annonces spectaculaires faites par Israël et l'Arabie la veille de son arrivée à Jeddah, Biden n'a pas pu décrocher une normalisation, ou même une feuille de route préparant une normalisation des relations entre Ryad et Tel-Aviv.
Les Saoudiens se sont empressés de déclarer, après le départ du président, que l'ouverture de leur espace aérien aux vols israéliens ne prédit aucun changement des relations entre les deux pays.
Finalement, côté israélien cette fois, Biden et Lapid n'ont fait que confirmé des évidences: ils ont répété en choeur qu'une nucléarisation de l'Iran constitue une menace sérieuse. La vraie discorde concerne la manière de traiter cette menace: si Biden veut raviver l'accord de Vienne de 2015, les Israéliens, plutôt "va-t-en guerre", optent pour une politique plus intransigeante même si ceci implique une opération militaire.
Quant au conflit israélo-palestinien, le président US s'est limité à jeter des miettes, 100 millions de dollars pour les hôpitaux et la promesse d'une connexion 4G, aux Palestiniens. Une annonce encore plus humiliante pour un peuple en quête d'un Etat indépendant.
Le poids de l'affront se sentait dès le premier face à face entre MBS et le président Biden.
Joe Biden espérait réaffirmer l'influence des Etats-Unis au Moyen-Orient lors de sa première tournée dans la région en tant que président. Cependant, sa visite s'est, sans surprise, conclue avec très peu d'avancées notables, estiment des analystes.
Après une première étape mercredi et jeudi en Israël et dans les Territoires occupés, le président américain a passé les dernières 24 heures de sa tournée en Arabie saoudite, où il n'a réalisé aucune percée diplomatique majeure, ni sur les prix du pétrole, ni sur les droits humains, ni sur le rôle d'Israël dans la région.
L'accueil de Biden à l'aéroport de Jeddah était minimal. Il a été reçu par le gouverneur de La Mecque, aucun membre du gouvernement saoudien n'était présent.
L'Arabie saoudite était l'étape la plus délicate du voyage, la flambée des prix de l'énergie après l'invasion de l'Ukraine ayant contraint Joe Biden à courtiser le royaume, qu'il avait pourtant promis de traiter en "paria" après l'assassinat en 2018 du journaliste saoudien Jamal Khashoggi.
Washington espérait un coup de pouce de la part du premier exportateur mondial de brut pour faire baisser le prix élevé du pétrole, qui plombe les chances des démocrates aux élections législatives de novembre.
"Je fais tout ce que je peux" pour augmenter l'offre de pétrole, a déclaré M. Biden après des réunions bilatérales avec les dirigeants saoudiens vendredi, ajoutant que les résultats ne seraient pas visibles "avant deux semaines".
La cherté de l'essence aux Etats-Unis pourrait permettre aux républicains de rafler un nombre important de sièges à la Chambre des représentants.
Son conseiller en sécurité nationale, Jake Sullivan, a toutefois tempéré les attentes, affirmant aux journalistes que toute action "sera menée dans le cadre de l'OPEP+", l'alliance des principaux pays exportateurs qui comprend notamment la Russie.
Samedi, lors d'un sommet réunissant les six membres du Conseil de coopération du Golfe (Arabie saoudite, Emirats arabes unis, Qatar, Oman, Koweït, Bahreïn), ainsi que l'Egypte, la Jordanie et l'Irak, le pétrole "n'était pas vraiment au menu", a déclaré le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Fayçal ben Farhane, lors d'une conférence de presse.
Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Fayçal ben Farhane.
La promesse du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane d'augmenter la capacité de production à 13 millions de barils par jour avait déjà été faite en mai, et ne devrait pas devenir réalité avant 2027.
Au niveau des relations avec Israël, le royaume n'a jamais adhéré aux Accords d'Abraham négociés par les Etats-Unis en 2020, qui ont permis à l'Etat hébreu de normaliser ses relations avec Bahreïn et les Émirats arabes unis, assurant qu'il ne reconnaitra Israël que dans le cadre d'un accord de paix avec les Palestiniens.
Joe Biden lors de son arrivée à Bethléem.
Ryad a toutefois semblé faire un geste quelques heures avant l'arrivée de M. Biden en annonçant l'ouverture de son espace aérien à "tous les transporteurs", y compris israéliens.
Mais les espoirs de Washington ont rapidement été douchés, le royaume ayant minimisé sa décision, l'une des rares annonces concrètes de ce voyage. Ce n'est "en aucun cas un prélude à une quelconque étape" vers la normalisation, a tempéré le chef de la diplomatie saoudienne, à peine l'avion présidentiel décollé de Jeddah.
Par ailleurs, les déplacements du président américain en Israël et dans les Territoires palestiniens, n'ont marqué aucun progrès au niveau des négociations de paix qui sont au point mort depuis 2014.
M. Biden s'est contenté de rencontrer des dirigeants des deux côtés, annonçant des aides financières aux Palestiniens et un projet pour déployer la 4G en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.
Le président américain et le Premier ministre israélien Yaïr Lapid ont par ailleurs signé un pacte de sécurité engageant les Etats-Unis à ne jamais permettre à l'Iran, bête noire d'Israël, d'acquérir l'arme nucléaire.
Les deux hommes ont toutefois affiché leurs divergences sur l'approche à adopter dans ce dossier, M. Biden privilégiant la voie diplomatique et M. Lapid n'excluant pas le recours à la force contre la République islamique.
AFP
Les médias au nom des droits humains, les Saoudiens au nom de l'humiliation qu'ils ont dû subir depuis le début de mandat de Biden. Le poids de l'affront s'est fait ressentir dès le premier face à face entre MBS et le président. Le prince héritier affichait une courtoisie hypocrite et un regard revanchard. C'était comme s'il disait "voilà! tu as finalement eu besoin de moi".
Joseph Robinette Biden, Jr. est rentré bredouille à Washington. Il n'a pas eu de la part de ses alliés saoudiens l'augmentation de la production de brut qu'il réclamait d'urgence. Sa requête était diligentée par l'inflation qui sape les économies américaine et occidentales, et qui pourrait lui coûter cher lors des prochains midterms de novembre.
Par ailleurs, malgré les annonces spectaculaires faites par Israël et l'Arabie la veille de son arrivée à Jeddah, Biden n'a pas pu décrocher une normalisation, ou même une feuille de route préparant une normalisation des relations entre Ryad et Tel-Aviv.
Les Saoudiens se sont empressés de déclarer, après le départ du président, que l'ouverture de leur espace aérien aux vols israéliens ne prédit aucun changement des relations entre les deux pays.
Finalement, côté israélien cette fois, Biden et Lapid n'ont fait que confirmé des évidences: ils ont répété en choeur qu'une nucléarisation de l'Iran constitue une menace sérieuse. La vraie discorde concerne la manière de traiter cette menace: si Biden veut raviver l'accord de Vienne de 2015, les Israéliens, plutôt "va-t-en guerre", optent pour une politique plus intransigeante même si ceci implique une opération militaire.
Quant au conflit israélo-palestinien, le président US s'est limité à jeter des miettes, 100 millions de dollars pour les hôpitaux et la promesse d'une connexion 4G, aux Palestiniens. Une annonce encore plus humiliante pour un peuple en quête d'un Etat indépendant.
Ici Beyrouth
Le poids de l'affront se sentait dès le premier face à face entre MBS et le président Biden.
Joe Biden espérait réaffirmer l'influence des Etats-Unis au Moyen-Orient lors de sa première tournée dans la région en tant que président. Cependant, sa visite s'est, sans surprise, conclue avec très peu d'avancées notables, estiment des analystes.
Après une première étape mercredi et jeudi en Israël et dans les Territoires occupés, le président américain a passé les dernières 24 heures de sa tournée en Arabie saoudite, où il n'a réalisé aucune percée diplomatique majeure, ni sur les prix du pétrole, ni sur les droits humains, ni sur le rôle d'Israël dans la région.
L'accueil de Biden à l'aéroport de Jeddah était minimal. Il a été reçu par le gouverneur de La Mecque, aucun membre du gouvernement saoudien n'était présent.
L'Arabie saoudite était l'étape la plus délicate du voyage, la flambée des prix de l'énergie après l'invasion de l'Ukraine ayant contraint Joe Biden à courtiser le royaume, qu'il avait pourtant promis de traiter en "paria" après l'assassinat en 2018 du journaliste saoudien Jamal Khashoggi.
Le pétrole "n'était pas au menu"!
Washington espérait un coup de pouce de la part du premier exportateur mondial de brut pour faire baisser le prix élevé du pétrole, qui plombe les chances des démocrates aux élections législatives de novembre.
"Je fais tout ce que je peux" pour augmenter l'offre de pétrole, a déclaré M. Biden après des réunions bilatérales avec les dirigeants saoudiens vendredi, ajoutant que les résultats ne seraient pas visibles "avant deux semaines".
La cherté de l'essence aux Etats-Unis pourrait permettre aux républicains de rafler un nombre important de sièges à la Chambre des représentants.
Son conseiller en sécurité nationale, Jake Sullivan, a toutefois tempéré les attentes, affirmant aux journalistes que toute action "sera menée dans le cadre de l'OPEP+", l'alliance des principaux pays exportateurs qui comprend notamment la Russie.
Samedi, lors d'un sommet réunissant les six membres du Conseil de coopération du Golfe (Arabie saoudite, Emirats arabes unis, Qatar, Oman, Koweït, Bahreïn), ainsi que l'Egypte, la Jordanie et l'Irak, le pétrole "n'était pas vraiment au menu", a déclaré le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Fayçal ben Farhane, lors d'une conférence de presse.
Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Fayçal ben Farhane.
La promesse du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane d'augmenter la capacité de production à 13 millions de barils par jour avait déjà été faite en mai, et ne devrait pas devenir réalité avant 2027.
Normalisation avec Israël
Au niveau des relations avec Israël, le royaume n'a jamais adhéré aux Accords d'Abraham négociés par les Etats-Unis en 2020, qui ont permis à l'Etat hébreu de normaliser ses relations avec Bahreïn et les Émirats arabes unis, assurant qu'il ne reconnaitra Israël que dans le cadre d'un accord de paix avec les Palestiniens.
Joe Biden lors de son arrivée à Bethléem.
Ryad a toutefois semblé faire un geste quelques heures avant l'arrivée de M. Biden en annonçant l'ouverture de son espace aérien à "tous les transporteurs", y compris israéliens.
Mais les espoirs de Washington ont rapidement été douchés, le royaume ayant minimisé sa décision, l'une des rares annonces concrètes de ce voyage. Ce n'est "en aucun cas un prélude à une quelconque étape" vers la normalisation, a tempéré le chef de la diplomatie saoudienne, à peine l'avion présidentiel décollé de Jeddah.
Par ailleurs, les déplacements du président américain en Israël et dans les Territoires palestiniens, n'ont marqué aucun progrès au niveau des négociations de paix qui sont au point mort depuis 2014.
M. Biden s'est contenté de rencontrer des dirigeants des deux côtés, annonçant des aides financières aux Palestiniens et un projet pour déployer la 4G en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.
Le président américain et le Premier ministre israélien Yaïr Lapid ont par ailleurs signé un pacte de sécurité engageant les Etats-Unis à ne jamais permettre à l'Iran, bête noire d'Israël, d'acquérir l'arme nucléaire.
Les deux hommes ont toutefois affiché leurs divergences sur l'approche à adopter dans ce dossier, M. Biden privilégiant la voie diplomatique et M. Lapid n'excluant pas le recours à la force contre la République islamique.
AFP
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