Passionnément Avignon !
 Le festival d’Avignon… la destination de rêve, le « Disneyland », le paradis des passionnés de théâtre. Dès qu’on a franchi le rempart de la cité des papes, en sortant de la gare Centrale pour accéder au centre-ville par le cours Jean Jaurès, on est transporté dans un monde à part. 

Des affiches multicolores tapissent les murs, les rambardes, les panneaux et les portails de la ville. Des troupes font leur parade en costume, d’autres déclament des tirades en pleine rue, un metteur en scène vient vous dire que Gogol, peu connu en France, est le « Molière » russe et vous incite à réserver vos places pour « le Revizor » à la salle des Templiers. Un groupe de comédiens vous tend un tract et vous présente les personnages et l’intrigue, puis vous invite à profiter d’ « une place offerte pour une place achetée ». Des funambules, des rappeurs, des danseurs happent l’attention de festivaliers enchantés et complices qui applaudissent ou qui déposent des pièces dans un étui de guitare.

La profusion d’affiches du festival Off. (crédit : marianne.net)

À l’office du tourisme ou au « Village du Off », on vous incitera à acheter la « carte off », votre carte de réduction de 30 % sur tous les spectacles. Les billets vous coûteront alors environ douze euros. Le catalogue du festival au format papier (500 pages) ou électronique regroupe plus de mille trois cents spectacles, triés par genre, auteur, lieu, horaire… Il faudra absolument le consulter pour repérer les pièces qui vous intéressent, appeler et réserver dans l’un des cent trente-neuf théâtres de la ville.
Assis à une terrasse pour siroter un jus et atténuer la chaleur torride de juillet, vous interrogez votre voisin de table sur ses coups de cœur du festival, pendant qu’une troupe vient présenter un extrait de « Hamlet » ou des « Fourberies de Scapin » joué dans un style « Lucky Luke ». Il vous arrivera de converser avec une actrice célèbre ou un humoriste et d’éterniser la rencontre par une photo sourire.
Je vous ai décrit là l’ambiance du festival d’Avignon « Off ». Celui où l’on vient sans réservation préalable, à la découverte d’une panoplie de comédies, tragédies, seuls en scène, comédies musicales, pièces classiques, classiques déjantées, comédies dramatiques inspirées de faits divers, etc.

Le festival dit « In » a la réputation d’être devenu « élitaire et peu populaire », contrairement à la conception du créateur du festival, Jean Vilar, en 1947. Certaines pièces du « In » sont exclusivement écrites pour Avignon.
Les pièces y sont souvent vues comme « trop intellectuelles » ou créées dans un but de recherche expérimentale.
En 2016, par exemple, Julien Gosselin a livré une création inspirée d’un roman chilien de Roberto Bolaño, 2666. Une pièce de douze heures qui a « enthousiasmé le public ». Vous aurez été prévenus.
La programmation du « In » est du seul ressort du directeur du festival. Les troupes « In » sont invitées et payées et jouent très souvent à guichet fermé, les places étant quasiment toutes réservées dès les quelques heures qui suivent l’ouverture de la location. Environ cent cinquante mille places par an, vendues entre quarante et deux cents euros.
Le festival « In » est subventionné avec un budget de treize millions d’euros, dont 57 % de subventions publiques et 43 % de recettes propres.


La Cour des Papes, lieu de représentation emblématique du Festival d’Avignon. (crédit Challenges.fr)

Le festival « off », lui, repose essentiellement sur l’autofinancement. Soixante-quinze mille six cent quatre-vingt-quinze places ont été vendues -autour de douze euros la place- en 2021 et quatre-vingt-dix-huit mille en 2019, année où le ministère de la Culture française a consenti, pour la première fois, une subvention de… quarante mille euros pour le « Off ».
Les compagnies qui y jouent louent des créneaux horaires dans les « théâtres » disponibles : il s’agit d’un garage ou d’une remise réadaptée, d’un véritable théâtre, mais aussi d’un salon d’appartement, un restaurant, une cour d’école, un chapiteau, un cinéma, un jardin, une chapelle, etc.
Les compagnies participent et investissent (et perdent souvent) beaucoup d’argent dans le Off, dans l’espoir de voir acheter leurs spectacles par les programmateurs et directeurs de salles venus de la France entière.
Au-delà de cette distinction entre « In » et « Off », nombreux sont ceux qui assistent aux deux festivals avec une petite préférence pour l’un ou l’autre.
La prochaine édition 2022 aura lieu comme tous les ans en juillet. Si vous êtes tentés par cette immersion dans une ambiance théâtrale extraordinaire, pensez à réserver votre séjour avant février 2022. Car comme le dit un habitant de la ville : « En juillet, Avignon c’est plus cher que Monaco ». Un studio loué deux cent cinquante euros en temps normal se négocie entre mille cinq cents et deux mille euros au mois de juillet !
Pour en savoir plus, vous pouvez consulter la programmation du Off et du In de l’édition 2021. Bonne lecture et attention à l’addiction !

Liens utiles : 
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