Les portes de la Banque du Liban (BDL) étant fermées, l’activité de Sayrafa, sa plateforme de change, est pratiquement à l’arrêt. Quant aux banques commerciales, elles sont opérationnelles à quelques nuances près.

Le syndicat des employés de la Banque du Liban observe une grève de trois jours qui a débuté mercredi et s’étendra jusqu’à vendredi 22 juillet compris, pour protester contre les débordements de la procureure générale près la cour d’appel du Mont-Liban, Ghada Aoun qui, en dépit d’une interdiction de la cour d’appel de Beyrouth, avait  perquisitionné lundi les locaux de la banque des banques en application, a-t-elle dit, d’un mandat contre le gouverneur, Riad Salamé.

Sayrafa: 1$= 29.250 LL

Cela dit, le taux de change de Sayrafa est officiellement celui du dernier jour de travail de la Banque centrale c’est-à-dire 29.250 LL pour un dollar. Ce taux sera adopté théoriquement pour la réalisation des transactions autorisées sur cette plateforme. Sauf que dans la pratique, la BDL étant le fournisseur des banques commerciales en billets verts pour les opérations sur Sayrafa, selon un quota bien défini, les établissements de crédit ont été contraints de freiner les grandes opérations de change placées par des commerciaux et des importateurs de crainte de se retrouver à court de liquidité en devises, d’ici lundi.

Par contre, toutes les opérations de caisse, qui pour une banque englobent celles effectuées par sa clientèle, dans les guichets physiques ou automatiques tels les décaissements et encaissements en espèces, par chèque et par carte bancaire, sont traitées normalement selon les règlements et circulaires en vigueur. Par ailleurs, il est évident que la date de valeur d’un chèque déposé à la banque au cours des trois jours de grève sera décalée vu la suspension des séances d’opérations de compensation à la BDL. Quant à l’application de la circulaire 161, elle est jusqu’à lundi prochain restreinte aux opérations de change des montants des salaires sur les ATM dans la limite de 500$/mois.

Gestion de crise

Quant à la communauté des affaires au Liban, elle est rompue à la gestion des crises. " Les grands importateurs n’auront pas de problèmes majeurs avec la suspension de l’activité de Sayrafa pour trois jours, ils ont tous des réserves de devises et des stocks de produits dans leurs dépôts ", confie à Ici Beyrouth un important importateur de produits agroalimentaires. En effet, ce sont les patrons de PME qui travaillent en flux tendu, en général les distributeurs, qui pourraient rencontrer certaines perturbations de leurs opérations vu leur besoin urgent de convertir de petits montants d’argent.
Ce qui explique le cri lancé mercredi matin par le représentant des distributeurs de dérivés pétroliers Fadi Abou Chacra, mettant en garde contre les retombées de la grève des employés de la Banque centrale sur le secteur. M. Abou Chacra a affirmé qu’il n’y aura pas de publication mercredi de barème des carburants en général, et de l’essence en particulier, vu " la stabilité du taux de change sur Sayrafa en raison de la grève " . Il a appelé les responsables à intervenir pour faire bouger les choses.