Depuis près d’un an, date à laquelle la Banque du Liban a décidé de réduire les subventions sur le carburant, le prix de l’essence n’a de cesse d’augmenter. Près de la moitié du tarif est désormais indexée sur le taux du marché de change parallèle. Il semble que la BDL se dirige vers une levée totale des subventions. Faire le plein deviendra inexorablement un luxe inaccessible pour de nombreux Libanais.

Depuis que la Banque du Liban a décidé de réduire les subventions, le prix de l’essence n’a cessé d’augmenter. Il ne s’agit pas de subventions classiques. C’est le précédent gouvernement qui avait imposé à la Banque du Liban de subventionner le carburant, un fait qui a accablé l’institution. Or, depuis un an, la BDL a pris la décision de réduire graduellement la fourniture de dollars Sayrafa aux importateurs de carburants. Résultat: les prix locaux de l’essence se sont alignés sur les cours mondiaux.

Aujourd’hui encore, la banque centrale approvisionne les importateurs d’essence en dollars au taux de Sayrafa or "les réserves de la BDL ne sont pas destinées à subventionner les produits selon le désir des gens", explique Nassib Ghobril économiste en chef de la Byblos Bank. "Dans le but de préserver ses réserves en devises, la Banque du Liban a décidé de réduire le pourcentage de dollars qu’elle vend aux importateurs de carburant", ajoute-t-il.

Diminution du ratio de dollars

Un grand importateur de carburant qui a souhaité garder l’anonymat, explique qu’il sait de source sûre que la BDL va baisser chaque semaine le ratio de dollars qu’elle échange au taux de la plateforme Sayrafa, ce qui va entraîner inéluctablement une hausse des prix de l’essence. Ceci va se répercuter sur l’ensemble de la chaîne de production et conduire à une hausse des prix supplémentaires à la consommation que les Libanais ne peuvent plus supporter. Quelles sont les mesures envisagées par le gouvernement pour alléger ce fardeau? Aucune, chaque ministère rejetant la responsabilité sur l’autre. En attendant, le Libanais voit son salaire englouti par les prix faramineux de l’essence et du mazout à travers les groupes électrogènes de quartier. Qu’en est-il de l’augmentation des allocations de transports? Elles sont toujours bloquées à 95.000 LL par jour pour les secteurs public et privé. Mais que représente cette somme devant un bidon d’essence à 592.000 LL? Soit six fois plus…

Concernant la réforme des transports en commun, comme toutes les réformes au Liban, elle se trouve au point mort. Le Liban a bien reçu des bus offerts par la France, mais ceux-ci ne sont pas encore en circulation. Personne au ministère des transports n’a été en mesure de répondre. La réponse laconique est invariablement: "Nous travaillons dessus.". La mise en œuvre de la réforme des transports en commun aidera inéluctablement beaucoup de Libanais. Mais qu’attendent-ils?

Une subvention du gouvernement

L’idée serait qu’au vu de la terrible crise économique que vit le pays, le gouvernement subventionne d’une façon ou d’une autre l’essence à travers le budget qui est l’outil principal pour traiter les subventions.

Pour Nassib Ghobril, il faut savoir que ce n’est pas à la banque centrale de n’importe quel pays de subventionner des produits. C’est la responsabilité des gouvernements selon les budgets. Le coût des subventions est généralement inclus dans les dépenses publiques des budgets des gouvernements.

Anéantissement des réserves de la BDL

Aujourd’hui, beaucoup de plaintes s’élèvent contre la Banque du Liban parce qu’elle a réduit le pourcentage de dollars qu’elle met à la disposition des importateurs. "En principe, la BDL ne doit rien à voir avec les subventions. Ce qui s’est passé, c’est qu’au fil des mois, les subventions ont abouti à l’anéantissement de ses réserves 10 milliards 100 millions de dollars à la mi-août, ce qui constitue une baisse de 2 milliards 700 millions de dollars depuis le début de l’année 2022", s’insurge M. Ghobril.

À noter, que la décision de subventionner les importations des hydrocarbures et d’autres produits a coûté à la BDL 12 milliards de dollars.