Les employés des opérateurs de téléphonie mobile Alfa et Touch réclament la mise en application du contrat collectif de travail et dénoncent les ingérences politiques dans le processus de promotion et des augmentations octroyées aux employés.

Les employés des opérateurs de téléphonie mobile Alfa et Touch ont tenu vendredi un sit-in, menaçant de recourir à l’escalade si leurs doléances ne sont pas satisfaites. Rassemblés devant les sièges des entreprises, ils ont appelé à mettre en application le contrat collectif de travail. Ils ont également dénoncé les ingérences politiques dans le processus de promotion et des augmentations octroyées aux employés. Ils exigent à cet égard que tous les salariés soient placés à la même enseigne.

"Nos revendications sont justes", affirme à Ici Beyrouth Marc Aoun, président du syndicat des employés de la société Alfa. Il estime qu’il n’est pas "décent" que seuls près de 20% des employés obtiennent leurs droits. Il explique dans ce cadre qu’avant les législatives, quelque 300 employés de Touch et Alfa ont bénéficié d’augmentations salariales et de promotions, "à la demande de certains hommes politiques à qui ils prêtent allégeance". Les deux entreprises comptent près de 1.500 salariés. "Selon le contrat collectif de travail, tous les employés doivent bénéficier d’une augmentation, martèle M. Aoun. Nous voulons que tous les employés obtiennent leurs droits".

Pour rappel, il y a quelques mois, les employés du secteur de la téléphonie mobile avaient observé une grève pour les mêmes raisons. D’après le contrat collectif de travail, une augmentation de 5% est prévue sur les salaires avec un effet rétroactif jusqu’à début 2018, ainsi qu’un bonus et un treizième mois.

"Le ministre nous a promis de nous accorder ces augmentations avec l’entrée en vigueur de la nouvelle tarification sur les communications (juin 2022, NDLR), poursuit M. Aoun. Ce qui n’a toujours pas été fait." De plus, le syndicat a demandé à ce qu’une partie des salaires soit versée en dollars frais. "Au terme de longues discussions, on nous a promis que 25% des salaires seront payés en dollars frais. Nous n’avons toujours rien obtenu", déplore-t-il.

Jeudi, les syndicalistes se sont entretenus avec le ministre sortant des télécommunications, Johnny Corm, qui a, selon eux, refusé de satisfaire leurs doléances. "Si aucune solution n’est trouvée, nous nous dirigerons vers une escalade", met en garde M. Aoun.

Manque de fonds

Face à ces protestations, M. Corm affirme que "les fonds sont insuffisants". Selon lui, la question de promotions et d’augmentations n’est pas nouvelle. "Le syndicat s’en sert pour réclamer en fait une majoration des salaires dont une partie sera versée en dollars frais, dit-il à Ici Beyrouth. J’ai d’ailleurs appris qu’une partie des employés de Touch s’oppose à ce mouvement de grève."

Et M. Corm d’affirmer que les deux entreprises n’ont pas les moyens d’augmenter les salaires ou de payer en dollars frais. "Financièrement, cela est impossible, insiste-t-il. De plus, les deux entreprises n’arrivent pas à se procurer des dollars frais, puisqu’elles perçoivent les factures en livres libanaises et elles n’ont pas le droit d’acheter des dollars sur le marché parallèle. Alfa et Touch viennent d’ouvrir des comptes à la Banque du Liban, espérant que celle-ci effectuera les opérations de change en dollars."

M. Corm explique qu’il a proposé aux employés des deux sociétés d’attendre le début de l’année prochaine pour "mener de nouvelles négociations, puisque rien ne peut être fait actuellement". Il assure, toutefois, que les employés finiront par être rémunérés en dollars frais. "Cela représentera 35% des recettes des sociétés de téléphonie mobile, précise-t-il. Et, avec l’entrée en vigueur, début février, du taux officiel du dollar à 15.000LL, les dépenses vont augmenter encore plus."