Alfa et Touch: la ligne est mauvaise… pour les droits des employés
Télécoms au Liban : des employés en quête de justice et de reconnaissance. ©Ici Beyrouth

Depuis plusieurs années, les employés des opérateurs de téléphonie mobile Alfa et Touch mènent une lutte acharnée pour obtenir leurs droits. Entre grèves, sit-in et revendications légitimes, ils ne lâchent rien. Les lignes téléphoniques grésillent, mais les revendications, elles, sont claires. Retour sur une mobilisation qui ne faiblit pas.

Depuis des années, les employés des opérateurs de téléphonie mobile Alfa et Touch se battent, sans succès, pour obtenir ce qui leur revient de droit: bonus, 13e mois, signature des contrats collectifs et une retraite digne de ce nom. Et leur détermination ne faiblit pas. Aujourd’hui, ils haussent de nouveau le ton.

Marc Aoun, président du syndicat des employés, ne mâche pas ses mots: «Nous ne lâcherons rien!», indique-t-il à Ici Beyrouth. Parmi les principales revendications: les bonus de 2022, 2023 et 2024. «Les employés réclament le versement de leurs primes, promises, mais jamais versées», explique-t-il avant d’ajouter que le 13e mois 2024 n’a également toujours pas été décaissé, «un droit acquis qui n’a toujours pas été honoré». Et enfin la signature du contrat collectif, «un document essentiel pour garantir la stabilité et les droits des employés», selon M. Aoun.

Des inégalités criantes

De plus, les employés pointent du doigt des inégalités flagrantes. Alors que certains bénéficient de conditions avantageuses, d'autres se retrouvent laissés-pour-compte. Selon des sources internes, cinq employés auraient pu accéder à leur retraite grâce à des «pistons», tandis que la majorité attend toujours sans réponse. Ils reprochent au ministre des Télécommunications, Charles Hajj, de ne pas fournir les documents nécessaires permettant aux retraités de toucher leurs indemnités.

Ces mêmes sources s’interrogent sur les motivations réelles de Liban Telecom. Elles se demandent aussi pourquoi les employés de l'Autorité de régulation des télécommunications bénéficieront de salaires allant de 7.000 à 8.000 dollars, comme l’a affirmé le ministre des Télécoms, alors que les employés d'Alfa et Touch peinent à atteindre les 2.000 dollars, malgré des responsabilités similaires.

La 5G: un coût élevé, des priorités mal orientées

Par ailleurs, pendant qu'on parle fièrement de déployer la 5G pour 200 millions de dollars, rien que ça, les antennes existantes rouillent, les lignes craquent et les infrastructures datent d’un autre siècle. Impossible d’avoir une communication téléphonique digne de ce nom! Une sorte de chirurgie esthétique sur un patient qui n’a même pas reçu de premiers soins. Les employés, eux, restent dubitatifs: ne vaudrait-il pas mieux commencer par réparer ce qui est abîmé avant de rêver de vitesse lumière?

Les employés d'Alfa et Touch ne montent pas uniquement au créneau pour des augmentations salariales, conclut M. Aoun, mais pour la reconnaissance de leur travail et de leurs droits. «Leur mobilisation est un appel à la justice sociale et à l'équité. Ils demandent que des solutions concrètes soient apportées.»

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