L’association Cent pour Cent Liban a organisé une réunion de travail sur le contrôle des capitaux à laquelle ont participé plusieurs spécialistes économiques et juridiques. C’est le premier débat d’une série portant sur des sujets économiques, financiers et monétaires. Chacun a donné son avis ou a expliqué la réalité de cette loi qui ne cesse de soulever des interrogations et de provoquer des débats.

Cette table ronde sur la compréhension et l’opportunité de la loi sur le contrôle des capitaux était animée par un panel d’experts économiques et de juristes. Marwan Iskandar (économiste), Nassib Ghobril (directeur du département de recherches et analyses économiques à la Byblos Bank Group), Mohammad Ibrahim Fheili (stratège risques), Wissam Fahed (professeur à la LAU – PDG Fahed retail holding), Me Carine Farran (avocate associée – Étude Badri et Salim el-Meouchi), Fouad Rahmé (Consultant et expert dans le domaine des banques et finances), Ghassan Chammas (consultant et expert dans le domaine des banques et finances) et Yasser Akkaoui (PDG et rédacteur en chef du magazine Executive) ont participé à cette réunion.

Cette initiative s’inscrit dans le cadre d’un projet plus vaste lancé il y a quelques mois par l’association Cent pour Cent Liban avec l’aide de nombreux experts et spécialistes couvrant la majorité des secteurs économiques et ayant pour thème central l’élaboration et la production d’un plan de redressement de l’économie libanaise. L’association œuvre particulièrement à la promotion du dialogue entre les différentes composantes de l’économie libanaise, notamment au niveau du secteur privé dans sa diversité, avec un accent particulier sur le noyau principal du tissu économique local et régional incarné par les PME et les entrepreneurs individuels. Lors de ce premier débat, chacun a donné son avis sur la loi du contrôle des capitaux qui, même si elle n’est pas légitimisée, est désormais en vigueur.

La loi, une partie de la solution
Pour M. Fahed, on se moque de nous. "C’est clair, le contrôle des capitaux est déjà mis en place. Si vous voulez 100 dollars d’un compte où il y a 10 millions, la banque ne vous les donne pas. Il faut organiser le système des paiements. Le contrôle des capitaux a été fait à Chypre, en Grèce, en Islande et même dans des pays africains. Le Nigeria a un système de contrôle des capitaux qui permet, selon le secteur, de retirer une certaine somme ou alors il est permis d’importer des nécessités et pas le superflu. Nous, nous voulons une importation libre. De plus, ce qui est arrivé et le fait d’avoir perdu l’argent est un problème pour l’économie et on en paie le prix avec une livre libanaise qui n’a de cesse de se déprécier parce que les dollars sont inexistants."

Et d’ajouter : "Nous avons besoin d’une solution et celle-ci commence par la politique. Nous sommes des économistes et nous n’avons pas la solution. Il faut une loi, non seulement pour cerner les opérations mais aussi pour les protéger. Des procès contre les banques ont été gagnés. Mais s’ils doivent rendre les fonds aux déposants, d’où vont-ils les apporter? Nous avons besoin d’une loi comme une partie de la solution."

Le pouvoir mis en cause
Selon Mohammad Ibrahim Fheili, "nous subissons le contrôle des capitaux depuis 2019, mais nous n’avons pas eu la légalisation de cette pratique. La banque a mis la main sur les dépôts parce que le pouvoir exécutif n’a pas légiféré, a souligné M. Fheili. Aujourd’hui, l’homme le plus important sur la scène politique est Riad Salamé, pas le gouverneur de la Banque centrale, Riad Salamé. Il écoute les politiciens, prend des décisions puis revient dessus. Tout le système et le protocole ne sont pas respectés. Ce désordre n’est pas de la faute des banques mais de la faute du pouvoir en place. Les banques ont demandé dès 2019 un contrôle des capitaux. Tout est fait en fonction des intérêts politiques et électoraux."

Marwan Iskandar (économiste) a ajouté que "la loi n’est pas mise en application. Ils ont proposé le haircut qui s’applique déjà à chacun de nous", a-t-il relevé avant de souligner que le problème ne se règle pas avec une loi. De son côté, Me Carine Farran a expliqué que du point de vue juridique, elle n’a pas vraiment une réponse tranchée pour savoir s’il faut ou non une loi sur le contrôle des capitaux, mais il est certain qu’il y a des points qui doivent être analysés d’un point de vue légal. Même si des procès sont gagnés contre les banques, comment vont-ils être exécutés?

Enfin, Fouad Rahme a affirmé que "nous ne pratiquons pas l’art pour l’art mais l’art pour le dollar. Le problème majeur du Liban, a-t-il souligné, c’est le manque de dollars dans le système. Nous sommes gouvernés par Aoun et le Hezbollah qui nous sortent des circuits financiers internationaux. Parlons de l’électricité avant de parler du contrôle des capitaux. Parlons de choses simples que nous pouvons faire. Personne ne va nous aider si nous ne réformons pas. L’Égypte avait 40 milliards de déficit, elle a appliqué des réformes et a été aidée par le FMI."

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