Le Liban est aujourd’hui le pays le plus dépendant des transferts de fonds de la diaspora dans le monde, selon un rapport publié par Mercy Corps. Les envois d’argent des émigrés libanais vers le pays du Cèdre ont représenté 53,8% de son PIB en 2021.

Les envois de fonds des émigrés au Liban jouent un rôle important dans l’économie du pays, ayant permis une moyenne d’apport de fonds de 7,15 milliards de dollars en glissement annuel lors dix dernières années.

Toutefois, ces montants transférés peinent à suivre la courbe ascendante du coût de la vie. Leur pouvoir d’achat a rapidement diminué lorsque la Banque du Liban a supprimé ses subventions dans plusieurs secteurs en 2021, et s’est enfoncé encore plus avec la hausse des prix internationaux des matières premières.

Alors que les transferts de fonds des émigrés sont considérés comme des filets sociaux sûrs, ils ont des limites qui présentent des risques pour les Libanais, relève le rapport de Mercy Corps. Les envois de fonds au Liban sont vulnérables aux chocs externes, tels que la crise ukrainienne et la hausse des prix mondiaux.

Les expériences précédentes montrent que les pics d’envois de fonds enregistrés au lendemain de crises telles que la double explosion au port de Beyrouth ne durent pas longtemps. C’est que les expéditeurs de fonds sont souvent dans des positions vulnérables dans leur pays d’accueil et beaucoup d’entre eux ont une capacité limitée à maintenir un support de long terme.

Des transferts intermittents

Dans la plupart des cas, les envois de fonds ne sont pas livrés régulièrement. Selon Mercy Corps, près des deux tiers des personnes ayant reçu des envois de fonds ont déclaré les avoir collectés par intermittence ou lors d’occasions spéciales comme les vacances et les fêtes de famille. Malgré ces défis, une meilleure compréhension des rythmes de transferts de fonds et de leurs montants peut fournir un contexte aux stratégies d’adaptation des récepteurs et éclairer des actions humanitaires plus cohérentes et plus robustes. Pour y parvenir, les acteurs du secteur humanitaire au Liban doivent combler de multiples lacunes dans les données actuelles.

Cela dit, certains groupes comme les personnes âgées peuvent fortement être dépendantes des envois de fonds pour leur survie. 32% des ménages interrogés ont dit ne pas être en mesure de satisfaire leurs besoins élémentaires s’ils ne recevaient pas de transferts d’argent.

Canaux informels

D’une manière générale, les envois de fonds sont en grande partie acheminés par le biais de marchés informels et soumis aux fluctuations des taux de change. Ils risquent parfois de détourner les dépenses des secteurs productifs et d’entraver la croissance durable.

Trop souvent, le rôle des envois de fonds comme filet informel de sécurité sociale est utilisé comme excuse pour l’inaction politique. Bien que les transferts de fonds soient importants, ils ne remplacent pas la réforme économique et sociale ou l’aide humanitaire et au développement bien ciblé, relève Mercy Corps.

S’il est difficile de déterminer le nombre exact des familles libanaises qui reçoivent des fonds de leurs parents et proches à l’étranger, les estimations de Mercy Corps ont fait état d’environ 15 à 30% des ménages en 2022. Ceux-ci comptaient sur les envois de fonds comme source de revenus, en hausse de 10% par rapport à 2019. Le pic des transferts au cours des dernières années a été enregistré en 2016 avec un montant de 7,8 milliards de dollars.