Le secteur de la santé n’est pas au mieux de sa forme. Ce n’est pas la lune de miel entre les compagnies d’assurance, les hôpitaux et les médecins. Le patient ayant souscrit à une police d’assurance privée se trouve ainsi pris entre l’enclume et le marteau.

Le patient ayant souscrit à une police d’assurance privée n’est pas à l’abri de surprises malencontreuses à sa sortie d’hôpital. Récemment, le centre hospitalier où il se fait traiter a décidé d’exiger des frais supplémentaires supposés être couverts par la police d’assurance santé, payée en dollars, en espèces. Les frais supplémentaires portent tantôt sur des médicaments, des prothèses de toutes sortes ou/et des honoraires de médecins ou de chirurgiens traitants.

Contactés par Ici Beyrouth, plusieurs patrons de sociétés d’assurance ont reconnu, sans ambages, que les primes de polices d’assurance santé sont acquittés en billet vert, en espèces, depuis début 2022. Par conséquent, les assurés sont en droit d’exiger l’exécution intégrale du contrat d’assurance et de tous ses avenants. "Un patient assuré ne doit pas se faire de souci d’être bien soigné", martèle l’un d’eux.

Supplément de paie

Or, la problématique est aujourd’hui au niveau du montant des honoraires des médecins et des chirurgiens. Ces derniers réclament des suppléments de paie. Ces suppléments sont facturés à la charge de l’assuré, quelle que soit la nomenclature de sa police d’assurance.

Les assureurs souhaitent mettre de l’ordre dans ce paysage et protéger leur client. L’Association des compagnies d’assurance au Liban (Acal) négocie avec l’ordre des médecins un protocole d’accord, en vertu duquel les compagnies d’assurance relèveraient les frais de chaque consultation du médecin traitant à cinquante dollars à condition qu’aucun supplément de paie ne soit mis à la charge de l’assuré, croit savoir une source proche du dossier. Celle-ci doute toutefois que l’accord sous étude soit conclu prochainement. Ces derniers temps, la pratique la plus courante consiste à charger l’assuré d’un montant supplémentaire de vingt-cinq dollars pour chaque consultation d’un médecin traitant. Quant au chirurgien traitant, il réclame actuellement un supplément de paie, équivalent à une somme forfaitaire, selon le genre d’opération effectuée.

Avance des compagnies d’assurance

Pour ce qui est de la décision des hôpitaux privés de faire payer directement à leurs patients le prix des médicaments qui leur sont administrés ou de leurs traitements sur place, elle a été réglée comme on le sait de manière "provisoire", selon les propres termes du président du syndicat des propriétaires d’hôpitaux, Sleiman Haroun. L’État s’est engagé auprès de ces derniers à leur permettre de retirer la somme de cent milliards trois cent mille livres par mois. Ce montant devrait couvrir les salaires du corps soignant, l’achat de médicaments et de matériel médical. Le syndicat avait réclamé 200 milliards de livres en rythme mensuel.

Interrogé par Ici Beyrouth, le PDG d’une grande compagnie d’assurance a déclaré qu’il traite actuellement au cas par cas cette affaire d’achat des médicaments par les patients hospitalisés: soit il leur rembourse ultérieurement le prix du médicament, soit il accorde une avance à l’hôpital.

Il confie que la tendance dans le secteur de l’assurance consiste à payer des avances aux hôpitaux universitaires dans le pays.

En temps normal, les compagnies d’assurance bénéficient d’un délai de deux mois pour s’acquitter de leurs dus envers les hôpitaux. Mais, aujourd’hui, c’est un temps de crise où toutes les composantes du marché sont à la recherche de liquidités.