Il faut appeler les choses par leur nom. La Gap Law n’est ni une réforme, ni un cadre juridique, ni un plan de sauvetage. C’est une loi destructrice aux effets dévastateurs.
Un massacre économique, social et moral, commis au nom d’une idéologie technocratique qui a décidé que l’effacement des déposants était le prix à payer pour solder les fautes de l’État.
Celui qui signe une telle loi ne réforme pas.
Il efface. Il efface l’argent des déposants, la classe moyenne, la confiance, l’économie réelle — et, avec elles, toute perspective de redressement national.
Une loi qui détruit l’économie au lieu de la sauver
En prétendant « combler le déficit financier », la Gap Law détruit méthodiquement les fondations mêmes de l’économie libanaise. Elle liquide les banques, neutralise le crédit, anéantit l’épargne et condamne toute relance durable. Une économie sans banques, sans dépôts, sans confiance et sans droit de créance n’est pas une économie réformée : c’est une économie morte.
Cette loi ne soigne rien. Elle enterre.
Et pourtant, Nawaf Salam ose parler de justice, de transparence et de responsabilité. Ce discours relève du mirage politique. Car la Gap Law repose sur un principe inédit dans l’histoire moderne du Liban : l’État ne doit plus rien à personne. Il peut détruire, confisquer, puis déclarer l’insolvabilité générale comme absolution finale.
Les mirages de Nawaf Salam
Nawaf Salam vend une illusion. Il promet la restitution des dépôts tout en inscrivant noir sur blanc que cette restitution dépendra des « ressources disponibles ». Autrement dit : si l’État ne peut pas, il ne paiera pas.
Il promet la justice tout en légalisant l’injustice.
Il promet la transparence tout en verrouillant les responsabilités.
Il promet la fin de l’érosion des dépôts tout en la gravant dans la loi.
Ce n’est pas une erreur de jugement. C’est un choix politique assumé.
Les mensonges d’Amer Bsat
Amer Bsat, lui, habille cette opération d’un vernis économique. Il parle d’obligations, de solutions « réalistes », de cadres modernes. En réalité, il vend aux déposants du papier financier sans garantie, sans échéance crédible et sans valeur économique réelle.
Transformer des dépôts en obligations fictives n’est pas une restitution.
C’est une confiscation différée.
Dire qu’il n’y a « aucune déduction sur le principal » quand le principal devient irrécouvrable relève du mensonge économique pur. Ces instruments ne réparent rien : ils servent à sortir les déposants des bilans, à nettoyer les comptes, à fermer le dossier.
Une loi écrite pour l’agenda de Kulluna Irada
Il faut le dire clairement : la Gap Law n’est pas une loi libanaise.
C’est une loi idéologique, écrite pour satisfaire l’agenda de Kulluna Irada et de son écosystème, qui prône depuis des années la liquidation du secteur bancaire, l’effacement des dettes publiques et la socialisation totale des pertes sur les citoyens.
Cet agenda ne cherche pas à sauver l’économie. Il cherche à la réinitialiser sur les ruines de l’ancienne société, quitte à sacrifier des millions de Libanais au nom d’une pureté doctrinale.
Le FMI sert ici de paravent technique. Kulluna Irada fournit la matrice idéologique. Le gouvernement Salam exécute.
Signer cette loi, c’est signer contre les déposants.
Il n’y a plus d’ambiguïté possible.
Signer la Gap Law, c’est :
- légaliser l’effacement des dépôts,
- absoudre l’État de ses crimes financiers,
- détruire le système bancaire sans alternative,
- condamner toute reprise économique,
- et rompre définitivement le contrat entre l’État et les citoyens.
Aucune société ne se reconstruit sur une telle base. Aucune économie ne renaît après un tel acte.
Une loi qui restera comme une tâche historique
La Gap Law restera. Elle restera comme la loi qui a transformé le vol en politique publique.
Comme la loi qui a fait de la faillite de l’État une excuse pour massacrer l’épargne privée.
Comme la loi qui a enterré le Liban au nom d’un « réalisme » cynique.
Ceux qui la portent aujourd’hui ne pourront pas dire demain qu’ils ne savaient pas.
Ils savaient. Ils ont choisi.
Et l’Histoire retiendra que, face à l’effondrement, ils ont préféré effacer les déposants plutôt que d’assumer leurs responsabilités.



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