Depuis début mars, les prix sont affichés en dollars dans les supermarchés. Si le billet vert s’est ainsi imposé dans le quotidien des ménages libanais à leur grand dam, dans un contexte d’hyperinflation, les prix à la consommation ont toutefois baissé d’environ 7%.

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Depuis début mars, les Libanais ont vu les prix s’afficher dans les supermarchés en dollars. Si au début le fait d’imposer le billet vert dans les supermarchés, dans un contexte d’hyperinflation, a provoqué un tollé chez les consommateurs, il s’est avéré, trois mois plus tard, que les prix à la consommation ont baissé de 7,3%.

Le président du Syndicat des propriétaires de supermarchés au Liban, Nabil Fahed, confirme à Ici Beyrouth que "les prix des biens à la consommation ont diminué de 7,3% entre janvier 2023 et mars 2023, c’est-à-dire, après la dollarisation des prix. De plus, le panier de la ménagère, composé de 50 produits de base, s’est stabilisé ces dernières semaines. Nous avons comparé le panier de la ménagère lorsque les prix étaient affichés en livres libanaises en les convertissant en dollars et lorsque la tarification est passée en dollars. Nous avons constaté que pour un même produit avec la tarification en dollars, le prix a baissé de 7%. Le but de l’étude était d’analyser les effets de la dollarisation." Il précise que les tarifs de certains produits ont fléchi de 5%, d’autres de 10%, d’autres pas du tout. Il rappelle qu’il s’agit d’une moyenne.

Supression de la marge

La raison de cette baisse? "Les importateurs de produits tout comme les industriels locaux appliquaient une marge plus importante pour se couvrir au vu des fluctuations importantes du taux de change du dollar par rapport à la monnaie nationale, étant donné que les supermarchés réglaient les factures en livres libanaises. Du coup, avec la dollarisation, cette marge a été supprimée", avance M. Fahed.

Une étude réalisée par le ministère de l’Économie fait également ressortir que le prix du panier de la ménagère a baissé. Ainsi, pour ce qui est de la catégorie des fromages, les tarifs ont baissé de 5%, ceux des boites de conserve de 7%.  De même, à la fin du mois de mai, les prix de l’huile de tournesol et du beurre ont baissé de 1%, alors que celui des cuisses de poulet a accusé une chute de 14%.

Le président du Syndicat des importateurs de produits alimentaires au Liban, Hani Bohsali, abonde dans le même sens. Il indique à Ici Beyrouth que la tarification en dollars a été un pas en avant pour "stabiliser les prix et faire preuve de transparence".

Il assure également que les prix des aliments dits de première nécessité ont baissé en dollars ou sont restés stables, après avoir un temps augmenté, du fait de la crise ukrainienne. On parle de produits tels que l’huile végétale, le riz ou encore le sucre.

Inflation et baisse des prix

Commentant les statistiques faisant état d’une inflation de 366% en glissement annuel de mars 2022 à mars 2023, il avance qu’il faut prendre les chiffres de manière scientifique. "Les prix n’ont pas tous augmenté de 366% et nous le savons tous. Il faut prendre en considération le contexte et les conditions dans lesquels chaque statistique a été faite, ainsi que le volume et surtout si ces statistiques ont été réalisées sur une base de prix en livres libanaises."

Il aussure qu’en deux ans (2021-2023), les prix en dollars n’ont pas bondi. Ils ont varié, augmenté puis rebaissé, et d’autres sont restés stables. Ainsi, d’avril 2021 à janvier 2023, le prix de 5 kg de riz égyptien est resté le même (4,5 dollars), alors qu’en livres libanaises, il est passé de 45.000 LL  à 200.000 LL pour redescendre à 180.000 LL en janvier 2023.

De même, le prix de 5 litres d’huile de tournesol a connu un pic (17,5 dollars) avec le début de la guerre en Ukraine, en avril 2022, alors qu’il était de 2,5 dollars, avant de repasser sous la barre des 10 dollars en janvier 2023.

M. Bohsali souligne que l’objectif de la dollarisation est de sécuriser les aliments et d’afficher des prix "justes".