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Le Conseil des ministres a examiné, mercredi matin, lors de la réunion présidée par le Premier ministre sortant, Najib Mikati, la question de l’attribution de la gestion du secteur postal à la société française de transport maritime CMA CGM via le groupe constitué par Merit-Colis Privé, qui avait initialement remporté l’appel d’offres. Une renégociation du contrat a été demandée et donc l’attribution reportée.

Le dossier du secteur postal et de son attribution au géant français du transport maritime CMA CGM, via le groupe constitué par la société Merit-Colis Privé France, a été longuement discuté en Conseil des ministres, jeudi. Cette discussion a été initiée à la suite d’une requête du ministre sortant des Télécommunications, Johnny Corm, en raison du rejet des résultats de l’appel d’offres par la cour des comptes.

M. Corm a indiqué à Ici Beyrouth, à l’issue de la réunion, que le Conseil des ministres l’a chargé "de renégocier le contrat pour le secteur postal avec Merit-Colis Privé selon les recommandations de la cour des comptes si cela est possible".

Il semblerait que cette issue ait été trouvée afin de gagner du temps et de retarder l’attribution.

Toujours est-il que le nouvel appel d’offres permettrait à l’État de percevoir 5 millions de dollars par an, tandis qu’actuellement, il ne récolte que 40.000 dollars. Des pertes colossales pour le Trésor public.

Il convient de rappeler à cet égard que CMA CGM avait remporté, en juillet dernier, via le groupe constitué par la société Merit et Colis Privé France, l’appel d’offres lancé par le ministère des Télécoms pour succéder à LibanPost et prendre ainsi en charge la gestion du service postal au Liban.

Or, la cour des comptes a rejeté l’attribution du contrat de gestion de la poste au Liban à la société française, même après la demande de révision de M. Corm. La Cour a invoqué des infractions liées aux principes de transparence, d’objectivité, de concurrence et de recherche du meilleur prix. Elle a en outre déploré une offre "taillée sur mesure et peu transparente, ce qui contrevient aux critères et aux principes définis pour soumissionner les recettes publiques". Elle a par ailleurs mis en avant le manque d’expérience du soumissionnaire.

Merit-Colis Privé est la seule entreprise à avoir présenté, en juillet dernier, une offre pour la gestion du marché postal au Liban. Elle devait ainsi succéder à la société LibanPost qui gérait les services postaux au Liban depuis 1998. Le contrat de LibanPost, renouvelé tacitement depuis 2019, a pris fin le 31 mai dernier mais la société continue de fournir les services postaux en vertu du principe de nécessité pour assurer la pérennité du marché public.

Merit-Colis Privé France avait également remporté l’appel d’offres lancé par le ministère des Télécoms le 30 mars dernier pour succéder à LibanPost. Toutefois, en raison de vices de forme dans le cahier des charges, le ministre des Télécoms avait annulé l’adjudication afin de corriger le document et de relancer la procédure le 7 juin dernier.