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Starlink et le secteur postal sont des sujets qui, depuis quelque temps, font couler beaucoup d’encre, tantôt faisant polémique, tantôt étant la panacée à deux grands problèmes au Liban, à savoir l’apathie du service Internet et la désuétude du service postal. Ces deux points étaient à l’ordre du jour de la séance de la commission parlementaire de l’Information et des Télécommunications qui s’est tenue mercredi.

Le service Internet fourni par Starlink et l’attribution du secteur postal – deux sujets qui font couler beaucoup d’encre – étaient à l’ordre du jour de la séance de la commission parlementaire de l’Information et des Télécommunications, présidée par le député Ibrahim Moussaoui, qui s’est tenue, mercredi, en présence du ministre sortant des Télécommunications, Johnny Corm et du directeur des adjudications, Jean Allieh.

Contacté par Ici Beyrouth, le ministre sortant des Télécommunications, Johnny Corm, a tenu à préciser que la connexion Internet fournie par Starlink est "une solution et non un problème". "Nous avons obtenu une période d’essai de trois mois pendant laquelle les services sécuritaires vont étudier le réseau avec des informations fournies quotidiennement par Starlink. Dans le même temps, l’étude commerciale du ministère sera achevée. À l’issue de ces trois mois, la décision sera prise de donner ou non une licence à Starlink", indique-t-il.

De plus, contrairement à ce que veut la rumeur, Starlink ferait rentrer de l’argent et assurerait des recettes au ministère des Télécommunications, insiste M. Corm. "Le ministère octroiera des licences (approuvées par le Conseil des ministres) à des sociétés qui vendront ce système aux particuliers à travers le ministère des Télécoms. Nous n’aurons absolument rien à payer", précise-t-il. Il signale avoir préparé "un business plan très pointilleux pour que l’entreprise soit bien contrôlée par le ministère".

Il souligne qu’il s’agit d’une option en plus et certainement pas d’une exclusivité, insistant sur le fait que les autres fournisseurs restent en place.

Des réserves de la part de certains députés

Lors de la réunion, plusieurs députés ont exprimé des réserves et certaines inquiétudes à ce sujet. "Ce problème n’est pas un sensationnalisme médiatique et nous devons y trouver une solution", a noté le député Moussaoui, à l’issue de la séance, révélant que des questions fondamentales ont été posées concernant l’avenir d’Ogero (fournisseur public d’Internet) et la sécurité. Il a estimé que cette question doit être discutée en Conseil des ministres.

Il convient de rappeler que, pour trouver une solution au problème du réseau Internet au Liban et fournir une connexion accrue, le ministère des Télécoms s’est penché sur le système Starlink, un service Internet par satellite fourni par SpaceX, compagnie fondée par Elon Musk. Starlink repose sur 3.200 satellites placés en orbite autour de la Terre, permettant aux utilisateurs de se connecter à Internet sans avoir besoin d’infrastructures comme des câbles ou des lignes téléphoniques.

Le principal avantage de Starlink est qu’il pourra fournir un accès Internet rapide et fiable aux zones reculées et rurales où l’infrastructure traditionnelle est soit obsolète, soit inexistante. Starlink pourra aussi donner le coup de pouce nécessaire à l’infrastructure existante, désuète.

La poste dépend du Conseil des ministres

Concernant l’attribution du secteur postal au géant français du transport maritime CMA CGM, via le groupe constitué par la société Merit et Colis Privé France, M. Corm indique à Ici Beyrouth que la décision finale dépendra du Conseil des ministres.

"Je défendrai à nouveau mon point de vue et les ministres présents trancheront", a-t-il réaffirmé, avant de préciser que son "objectif était de résoudre les problèmes liés à ce secteur". "De deux choses l’une, soit l’entreprise gagnante prend en charge le secteur postal, soit le contrat de LibanPost est une fois de plus renouvelé, ce qui constituerait une très mauvaise option." Il a rappelé que le cahier de charges a été modifié comme demandé et que Mérit et Colis Privé ont remporté deux fois l’adjudication.

Dans ce cadre, rappelons que CMA CGM avait remporté, en juillet dernier, via le groupe constitué par la société Merit et Colis Privé France, l’appel d’offres lancé par le ministère des Télécoms pour succéder à LibanPost et prendre ainsi en charge la gestion du service postal au Liban.

Or, la Cour des comptes a rejeté l’attribution du contrat de gestion de la poste au Liban à la société française, même après la demande de révision de M. Corm. La cour a invoqué des infractions liées aux principes de transparence, d’objectivité, de concurrence et de recherche du meilleur prix. Elle a en outre déploré une offre "taillée sur mesure et peu transparente, ce qui contrevient aux critères et aux principes définis pour soumissionner les recettes publiques". Elle a par ailleurs mis en avant le manque d’expérience du soumissionnaire.

Merit-Colis Privé est la seule entreprise à avoir présenté, en juillet dernier, une offre pour la gestion du marché postal au Liban. Elle devait ainsi succéder à la société LibanPost qui gérait les services postaux au Liban depuis 1998. Le contrat de LibanPost, renouvelé tacitement depuis 2019, a pris fin le 31 mai dernier, mais la société continue de fournir les services postaux en vertu du principe de nécessité pour assurer la pérennité du marché public.

Merit-Colis Privé France avait déjà remporté le 30 mars dernier l’appel d’offres lancé par le ministère des Télécoms pour succéder à LibanPost. Néanmoins, à cause de vices de forme dans le cahier des charges, le ministre des Télécoms avait annulé l’adjudication pour corriger le document et relancer la procédure le 7 juin dernier.