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Le Liban et la Palestine subissent les conséquences dévastatrices de la guerre entre le Hamas et Israël qui sévit depuis le 7 octobre dernier. Les répercussions économiques sont considérables, touchant particulièrement le sud du Liban. Cependant, il est important de noter que l’État d’Israël lui-même ne sortira pas indemne de cette situation et aura du mal à se rétablir sans la mise en place d’un plan de paix global.

Alors que le Liban semble ne pas subir de pertes majeures compte tenu de sa situation économique déjà désastreuse, avec un PIB de 12,5 milliards de dollars, Israël, qui jouissait d’une économie florissante avant le 7 octobre, avec un PIB d’environ 564 milliards de dollars et une croissance annuelle de 2,8%, est confrontée à une réalité différente en raison du conflit en cours.

Selon les prévisions de la Banque d’Israël, l’économie israélienne devrait enregistrer une contraction au quatrième trimestre, avec une perspective de croissance de 2,3% en 2023. Cependant, S&P Global Ratings est moins optimiste, anticipant une contraction plus sévère de 5% au cours des trois derniers mois de 2023.

Malgré l’affaiblissement de l’économie, qui aura sans doute un impact sur les dépenses de consommation et les investissements, la banque centrale a insinué qu’elle ne prévoit pas de réduire les taux d’intérêt, estimant qu’une réduction du taux actuel (4,75%) pourrait entraîner une dépréciation du shekel et stimuler l’inflation.

Liban: une économie élastique

Pour l’économiste Fouad Zmokhol, même si les répercussions sur l’économie libanaise sont dramatiques, le Liban a une économie très élastique qui peut très vite se rétablir après quelques jours d’accalmie, ce qui n’est pas le cas de l’État hébreu. Il estime que les répercussions de la guerre sur l’économie israélienne seront très graves et difficilement effaçables. Les pertes, bien que non dévoilées de manière précise, sont évaluées à plusieurs centaines de milliards de dollars.

M. Zmokhol souligne: "La bourse israélienne a enregistré une perte de plus de 30 ou 40%, et le secteur financier a subi des pertes d’environ 30 à 50 milliards de dollars américains, sans mentionner la panique parmi les déposants qui cherchant à retirer leurs fonds des banques et l’arrêt de l’octroi de crédits. Les productions industrielles et technologiques sont également en baisse, car la plupart des innovateurs ne peuvent plus travailler. Même l’extraction de gaz est actuellement gelée. D’un autre côté, le mouvement du tourisme et des investissements a régressé, restant figé, et toute croissance future semble compromise sans stabilité."

M. Zmokhol rappelle qu’Israël a construit sa confiance en garantissant une sécurité constante grâce à une armée puissante et à un service de renseignements réputé imbattable, ce qui a attiré de nombreux investisseurs. Cependant, ces investisseurs maintiendront-ils leur engagement alors que la guerre bat de son plein?

Israël, qui aspirait à devenir une plate-forme majeure au Moyen-Orient, en tant que pôle de leadership, d’innovation et de technologie, se retrouve maintenant dans une situation de déclin, indépendamment des aides potentielles et des injections de liquidités qu’elle pourrait recevoir.

L’économiste est d’avis que l’État hébreu reconnaît que sans un plan de paix global, la reprise économique, et surtout le remboursement de la dette, seront des défis considérables, voire impossibles à relever. Selon lui, cette réalité pourrait inciter à promouvoir une initiative de paix globale, offrant ainsi une certaine sécurité à la région, afin d’éviter l’accumulation de pertes économiques, financières et monétaires, sans oublier celles engendrées par la guerre.

Selon M. Zmokhol, le Liban et le Moyen-Orient se retrouvent face à deux alternatives: soit persister dans une voie de guerre et de confrontation globale, soit saisir une dernière opportunité de négociations aboutissant à une paix et une stabilité globales.