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Sans préavis, la Banque du Liban (BDL) a annoncé lundi soir, par le biais d’un simple communiqué, un nouveau taux de change du dollar sur sa plateforme de change Sayrafa, fixé à 89.500 livres pour un dollar. Cela représente une augmentation de 4.000 livres par rapport au taux en vigueur depuis juin dernier.

Pourtant, chez les changeurs agréés sur le marché, le taux de change du dollar face à la livre était toujours de 88.000 livres pour un dollar le mardi.

L’ajustement du taux de Sayrafa aura a priori l’avantage d’épargner à la Banque centrale d’essuyer des pertes de 4.000 livres pour chaque dollar vendu.

En revanche, la tarification des services de téléphonie mobile, d’internet et de l’Électricité du Liban (EDL) sera ajustée à la hausse, puisque leur montant est calculé en livres selon le taux de change de Sayrafa.

Quant aux fonctionnaires, dont le salaire était basé sur le taux de Sayrafa en dollars, ils ne seront pas lésés, contrairement à ce que l’on pourrait penser à première vue.

Incitations financières

Les fonctionnaires devraient recevoir, en principe, au début de 2024, des incitations financières dénommées "indemnité de productivité", en plus des allocations exceptionnelles versées chaque mois depuis 2021 en raison de la dévaluation de la livre. Cela se traduirait par une augmentation d’environ deux mille milliards de livres dans la masse monétaire en circulation.

Ce chiffre a motivé la "la décision préventive" de la Banque du Liban (BDL) d’ajuster à la hausse le taux de change sur la plateforme Sayrafa, afin d’éviter d’importantes pertes de change à l’avenir.

Une envolée de la valeur du dollar par rapport à la livre semble improbable, pour le moment du moins, tant que la BDL, en coordination avec le ministère des Finances, continue de surveiller étroitement la variation de la masse monétaire en circulation en livres.

Incohérence dans les revenus

Sur un autre plan, la mesure prise par la BDL devrait contribuer à remettre de l’ordre dans les comptes du Trésor et permettre une augmentation du volume de ses recettes.

À titre d’exemple, le calcul de l’impôt sur les bénéfices (entreprises et personnes), en devises étrangères, est basé sur trois taux de change, à savoir le taux de change officiel de 15.000 livres, le taux de change de 85.500 livres (l’ancien taux de Sayrafa) et celui du marché parallèle de 90.000 livres. La question se pose alors de savoir à quel taux sera effectuée l’opération de conversion de la devise forte vers la livre.

Par ailleurs, la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) est facturée au consommateur final selon taux de change du marché parallèle. Cependant, entre entrepreneurs, qui ne sont pas considérés comme des consommateurs selon la définition du décret 11230 du 18/4/2023, la TVA est calculée sur la base du taux de Sayrafa.

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