Les regards se tournent vers la réunion du conseil central de la Banque du Liban (BDL) qui devrait se réunir, aujourd’hui, vendredi, sous la présidence du gouverneur par intérim de la BDL, Wassim Mansouri, avec à l’ordre du jour notamment l’amendement de la circulaire 151, au terme de plusieurs semaines de négociations entre la banque centrale et l’Association des banques. Cette réunion était prévue mercredi, mais elle a dû être ajournée, puisque certains membres du conseil étaient en déplacement.
De sources fiables proches du vice-gouverneur, l’on souligne l’importance d’accorder aux déposants une partie de leurs droits, ce qui devrait se traduire par l’amendement de la circulaire 151, qui doit avoir lieu vendredi. Wassim Mansouri a attendu la fin des séances du débat budgétaire, pour amender cette circulaire qui avait été émise par l’ancien gouverneur de la BDL en avril 2020. Conformément à cette circulaire, les déposants pouvaient retirer leurs lollars ou dollars bancaires au taux de change de 15.000 livres. Les effets de cette circulaire sont arrivés à expiration fin 2023. Le conseil central de la BDL ne l’avait pas prorogé. Dans les milieux proches de M. Mansouri, on avait alors assuré que cette circulaire restait en vigueur tant que le taux de change officiel du dollar bancaire adopté par le gouvernement restait de 15.000 livres libanaises.
Les réunions qu’a tenues récemment Wassim Mansouri avec l’Association des banques ont été marquées par des divergences de points de vue parmi les entreprises bancaires concernant la mise à exécution des amendements proposés à la circulaire 151, selon laquelle les banques doivent permettre aux déposants de retirer 150 dollars en espèces de leurs comptes en lollars, sur base de certaines conditions définies par la circulaire.
Selon les informations disponibles, l’amendement de la circulaire 151 bénéficiera aux déposants qui ne profitent pas de la circulaire 158, permettant le retrait de 400 ou de 300 dollars par mois, en fonction de la date à laquelle le déposant a souscrit à ladite circulaire. Même si le déposant possède un compte dans une autre banque que celle au sein de laquelle il a souscrit à la circulaire 158, il ne pourra pas bénéficier de l’amendement de la circulaire 151. Ne pourront pas non plus bénéficier de cet amendement les «trafiquants de chèques». Les banques devraient, grâce à un processus de contrôle des transactions bancaires, pouvoir identifier ces «trafiquants de chèques» qui ne seront pas autorisés à retirer les 150 dollars mensuels.
Le conseil central de la BDL devrait également, lors de la réunion de vendredi, décider des mesures à prendre pour les comptes qui ne sont pas «frais», ouverts après le soulèvement du 17 octobre 2019.
Au cours des dernières semaines, les banques étaient partagées entre celles qui ont manifesté la volonté de répondre favorablement à la demande de Wassim Mansouri en se conformant à l’amendement de la circulaire 151, et celles qui ont fait part de leur incapacité à mettre en œuvre cette mesure en raison des difficultés à assurer les liquidités nécessaires pour couvrir les retraits anticipés. Néanmoins, M. Mansouri a réitéré que les circulaires émises par la BDL sont contraignantes et, par conséquent, les banques doivent s’y conformer.
Selon les données disponibles, le coût annuel de la nouvelle circulaire est estimé entre 200 et 230 millions de dollars, que se partageront la BDL et les banques. Le nombre des comptes bancaires bénéficiant de cette circulaire dépasse les 100.000.
Dans les cercles proches de M. Mansouri, on affirme que ce dernier n’émettra pas de circulaire modifiant le taux de change officiel du dollar. Cela ne relève pas d’ailleurs de ses compétences. Ainsi, le taux de 15.000 livres libanaises par un dollar bancaire restera en vigueur pour les déposants souhaitant retirer des livres libanaises de leurs comptes en dollars, en plus des 150 dollars qu’ils pourront retirer grâce à l’amendement de la circulaire 151. Ce taux de change restera d’ailleurs en vigueur jusqu’à la publication du budget 2024, la semaine prochaine, dans le Journal officiel. Et, c’est là que réside le danger. Il incombe au gouvernement ou au Parlement de prendre des mesures adéquates pour déterminer le nouveau taux de change à adopter pour le dollar bancaire, sachant que l’adoption du taux de 89.500 livres libanaises (le taux de change du dollar sur le marché parallèle) pour un dollar aura un impact catastrophique sur la masse monétaire en livres libanaises et, par conséquent, sur le taux de change du dollar sur le marché parallèle.
Toutefois, il demeure possible d’opter pour un taux de change basé sur la plateforme de la BDL, qui est de 89.500 livres, en l’absence d’une loi sur le contrôle des capitaux. Ce qui portera un nouveau coup dur au taux de change de la livre libanaise. Dans les milieux proches de M. Mansouri, on affirme que le gouverneur n’a pas les prérogatives d’émettre une circulaire agissant comme une loi de contrôle des capitaux, mais que cela relève du Parlement ou du gouvernement.
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