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Le directeur général de la Caisse nationale de sécurité sociale, Mohamad Karaki, a décidé vendredi d’adopter un taux de change de 89.500 livres pour un dollar, pour le calcul des cotisations des adhérents à la Caisse qui perçoivent leur salaire, en entier ou en partie, en devises étrangères. Cette mesure entre en vigueur le 1er février 2024.

Dans une note d’information, le directeur général de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), Mohamad Karaki, a expliqué avoir soumis le 24/1/2024 au conseil d’administration de la Caisse une lettre portant le numéro 210 dans laquelle il demande l’adoption du taux de change officiel le plus élevé du dollar approuvé par la Banque du Liban, à savoir 89.500 livres pour un dollar.

La décision s’inscrit dans le cadre des efforts de M. Karaki visant à assurer la durabilité de la CNSS, dont les tiroirs se sont retrouvés vides, après que le Liban se soit déclaré en défaut de paiement en mars 2020. La CNSS, comme tout le monde le sait, avait investi une grande partie de ses fonds dans les bons du Trésor. À cet élément s’est ajouté l’effondrement tonitruant de la monnaie nationale, qui a perdu 98% de sa valeur par rapport à la période qui a précédé le 30 octobre 2019.

Inflation à trois chiffres

La décision, qui était pourtant prévisible, a suscité la désapprobation du patronat. Celui-ci considère qu’une telle décision, prise en dehors d’un plan global de résolution de la crise, fait assumer au seul secteur privé l’inflation à trois chiffres. Un poids lourd pour les PME, qui continuent à tenir le rôle de moteur d’une économie, qui connaît une croissance nulle depuis plus de quatre ans.

Une hausse de six fois  

Dans les détails, le relèvement du taux de change de 15.000 à 89.500 livres pour un dollar, signifie une hausse des cotisations annuelles des adhérents à la CNSS multipliées par six.

Cependant, du côté du patronat, la principale préoccupation réside dans le calcul des indemnités de fin de service. Et pour cause: ces indemnités sont calculées sur base du dernier salaire de l’employé multiplié par le nombre de ses années de service. Selon la loi en vigueur, le patronat assume l’inflation qui affecte le salaire en rythme annuel. Ce qui contraint l’entreprise à constituer des provisions.

Des provisions

Aujourd’hui, le patronat se trouve cloué au pilori. A-t-il les moyens de constituer suffisamment de provisions pour faire face à une montée en flèche des cotisations à la CNSS?

Interrogé par Ici Beyrouth, un membre du directoire des organismes économiques, qui ont appelé à une réunion urgente lundi prochain, a évoqué "un plan prémédité pour mettre fin aux PME". Dans ce contexte, il rappelle "l’affaiblissement du secteur bancaire, mis à part "Al-Qard al-Hassan", qui a déjà ouvert plus de cinquante branches, l’affaiblissement du secteur de la santé, puis de l’éducation, et à présent celui des PME".

Cette source, qui a requis l’anonymat, a condamné le comportement de M.Karaki "qui s’est substitué au comité de l’indice des prix". Dans ce contexte, elle a évoqué son communiqué en vertu duquel il a souligné ne pas accepter une déclaration de salaire inférieur à vingt millions de livres.

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