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Le secteur du tourisme au Liban a contribué à 30% du PIB en 2023, avec des revenus s’élevant à 6 milliards de dollars. Ces chiffres seront sans doute difficilement atteints cette année, si la guerre qui sévit à Gaza et ses débordements au sud du Liban ne prennent pas fin.

En 2023, les revenus générés par le secteur du tourisme – 6 milliards de dollars – ont contribué à 30% du PIB. La guerre à Gaza, qui se poursuit depuis plus de sept mois, et l’ouverture du front sud, le 8 octobre, au lendemain du début de cette guerre, ont porté un coup dur au secteur. À l’approche de l’été, les prévisions pour la saison touristiques ne sont pas encourageantes, notamment pour l’industrie hôtelière, qui tire la sonnette d’alarme.

Il est vrai que les expatriés viendront au pays comme d’habitude pour y passer les vacances, mais ces visites n’auront aucune incidence sur le secteur hôtelier, sur le marché de la location de voitures, ou sur les visites touristiques guidées.

Un coup dur pour les hôtels

La situation régionale a durement frappé le secteur hôtelier, qui reste le plus touché par les répercussions de la guerre à Gaza et de son extension au Liban-Sud. En effet, bien que les expatriés libanais reviennent au pays malgré les tensions à la frontière, les touristes étrangers ne sont pas au rendez-vous.

"L’industrie hôtelière est touchée de plein fouet", indique à Ici Beyrouth le président de la Fédération des syndicats touristiques et du syndicat des hôteliers, Pierre Achkar, rappelant que la majorité des expatriés ont des logements au Liban. Il souligne également que la situation des hôtels est très mauvaise. "Je suis en contact permanent avec les dix plus grandes enseignes hôtelières internationales de Beyrouth, poursuit-il. Les réservations pour cet été oscillent, jusqu’à présent, dans le meilleur des cas entre 20 et 22%." Il explique que pour couvrir ses frais de fonctionnement, un établissement hôtelier a besoin d’un taux d’occupation qui varie entre 30 et 50%. Rappelons qu’à la mi-mai de l’année dernière, le pourcentage des réservations dans le secteur hôtelier pour la saison estivale variait entre 60 et 70%.

Selon le rapport d’Ernst & Young sur la performance des hôtels quatre et cinq étoiles au Moyen-Orient, le taux d’occupation des hôtels de Beyrouth a chuté de 17,1 points sur une base annuelle, atteignant 19,7% en janvier 2024. Il s’agit du taux le plus bas enregistré au cours du mois de janvier depuis 2014. De plus, une baisse de 42,5 points a été observée pour le taux d’occupation de septembre 2023, soit avant le déclenchement de la guerre à Gaza. En revanche, le tarif moyen des chambres a augmenté de 187,8% par rapport à l’année précédente, atteignant 145 dollars en janvier 2024.

Au niveau régional, parmi les neuf capitales incluses dans le rapport, le taux d’occupation des hôtels à Beyrouth durant le mois de janvier 2024 était le plus bas. En tête de liste des capitales de la région en termes de taux d’occupation des hôtels quatre et cinq étoiles se trouve Doha (88,2%), suivie d’Abou Dhabi (87,7%) et du Caire (75,5%).

Du côté des maisons d’hôtes, la situation est meilleure, notamment parce que les locaux choisissent de passer des week-ends ou quelques jours dans ces établissements. Ramzi Salman, président du syndicat des propriétaires de maisons d’hôtes, exprime cette attente: "Tout le monde est dans l’expectative à cause de la situation dans la région et au sud du Liban." Il souligne que ce secteur dépend fortement de la diaspora. Il prédit: "Nous aurons une demi-saison, dans le sens où elle ne sera pas aussi bonne que l’été 2023, mais qu’elle ne sera pas non plus catastrophique. Certains expatriés viendront, probablement la moitié de ceux qui sont venus l’année passée."

Des avions bondés

Les avions à destination du Liban sont presque complets. Jean Abboud, président du syndicat des propriétaires des agences de voyage, a déclaré à Ici Beyrouth que les réservations atteignent déjà 85% à 90%. Ces chiffres devraient augmenter à mesure que la saison estivale approche. Il estime que si une "trêve permanente est décrétée à Gaza, l’été 2024 sera deux fois meilleur que celui de l’année passée".

Il précise toutefois que les voyageurs sont en majorité des Libanais ou viennent des pays arabes, notamment d’Irak, d’Égypte et de Jordanie. "Les Européens ne viennent plus du tout depuis le 7 octobre", regrette-t-il.

Par ailleurs, le ministre sortant du Tourisme, Walid Nassar, a annoncé que la campagne pour l’été 2024 sera lancée aujourd’hui vendredi du village de Douma, "un des plus beaux villages du monde", et qu’elle sera encore "plus importante que celle de l’année dernière (Ahla bi hal tallé)".

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