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Les paiements par carte ne sont plus le choix par défaut des consommateurs. La carte bancaire cède lentement, mais sûrement, la place à des moyens de paiement alternatifs. Cette tendance est mondiale. Le Liban n’est pas en reste, les portefeuilles électroniques, à titre indicatif, y connaissent un grand succès. Les offres ne cessent de s’accroître.

Dans les prochaines années, il y aura moins de cash et de guichets électroniques (ATM) dans le monde, mais également moins de cartes de paiement physiques. Les paiements alternatifs ont le vent en poupe.

Dans un contexte de croissance continue du commerce électronique, les consommateurs tendent à délaisser les réseaux de cartes traditionnels (et, dans les économies émergentes, le paiement à la livraison) au profit de méthodes de paiement alternatives locales telles que les portefeuilles numériques, les paiements de compte à compte (A2A) (paiements instantanés et virements bancaires) – PIX au Brésil, UPI en Inde ou iDEAL aux Pays-Bas par exemple –, les facturations directes par les opérateurs (Carrier Billing) et les offres de BNPL ou les offres "d’Achetez Maintenant, payez plus tard".

Rapport de Boku 2024

Selon un rapport publié par Boku, le réseau mondial de solutions de paiement localisées, intitulé 2024 Global Ecommerce: The Changing World of Payments, les paiements par carte ne représenteront plus, d’ici à 2028, que 19% de la valeur des transactions de commerce électronique (contre 31% en 2023) et 30% en termes de volume (contre 41% en 2023).

Par ailleurs, d’ici à 2028, les méthodes de paiement alternatives locales représenteront 58% de la valeur des transactions de commerce électronique (contre 47% en 2023), représentant pour la première fois une majorité de la valeur des transactions en ligne.

Dans le détail des méthodes locales de paiement, le rapport de Boku a souligné que les paiements instantanés de compte à compte (A2A) et les portefeuilles numériques non liés à une carte représenteront plus de 50% de la valeur des transactions de commerce électronique dans le monde, d’ici à 2028.

L’Europe, en particulier, connaîtra une désaffection spectaculaire pour les cartes, la proportion du volume des transactions de commerce électronique réalisées avec des cartes chutant de 53% en 2023 à seulement 30% en 2028. Les paiements de compte à compte (A2A) connaîtront une croissance massive, passant de 16% du volume des transactions en 2023 à 25% en 2028.

Dans son étude sur les préférences de paiement et les comportements des consommateurs à travers le monde, Boku s’est basé sur les réponses d’un échantillon de 10.500 consommateurs présents dans trente-sept marchés majeurs à travers le monde.

Les paiements via le portable   

Les générations les plus mobiles d’aujourd’hui (celles qui adoptent rapidement les nouvelles technologies de communication) privilégient des méthodes de paiement pratiques, fluides et transparentes. Elles ont peu d’affinité avec les réseaux des cartes, surtout dans un monde de la finance augmentée et intégrée (embedded finance), où l’on gère tout au moyen d’appareils connectés 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Selon le rapport de Boku, d’ici à 2028, des paiements de près de 10.000 milliards de dollars seront effectués par l’intermédiaire de téléphones portables.

Les frais d’interchange

Cela dit, le modèle des quatre piliers, à la base de l’industrie des cartes bancaires, pose la problématique des frais d’interchange considérés comme exorbitants. Ces frais d’interchange représentent les charges et les coûts que chaque acteur de ces piliers ajoute. Il s’agit du fournisseur de réseaux de cartes de paiement, la banque (l’émettrice) et le commerçant. Cette problématique fait l’objet d’un débat aux États-Unis et en Europe depuis une dizaine d’années, l’objectif ultime est de poser des limites et des plafonds aux frais d’interchange.

Le Liban et les e.wallets

Sur le plan local, la Banque du Liban encourage la création de portefeuilles électroniques pour freiner un tant soit peu les transactions en cash. Elle a déjà accordé des permis d’exploitation à dix-huit fournisseurs de portemonnaies électroniques, dont deux le mois dernier, alors que d’autres demandes sont à l’étude.

Pour rappel, la BDL, en vertu de la circulaire intermédiaire 588, permet à tous les Libanais d’avoir accès à un portefeuille électronique, même ceux qui ne possèdent pas de compte bancaire. Ces portefeuilles peuvent être libellés en livres libanaises ou en devises étrangères.

Probablement à l’avenir, il n’y aura plus de cartes ni d’argent en espèces que dans des circonstances exceptionnelles, mais il y aura toujours des émetteurs de cartes et des acquéreurs qui sous-tendront la finance intégrée à l’Internet des objets (IdO). Il s’agit d’une tendance émergente du monde de la finance consistant à intégrer des services financiers directement dans les applications et les plateformes. La carte bancaire n’existera plus comme objet physique, mais elle sera toujours là.

Les commerçants réalisent aujourd’hui que la clé de leur future croissance et de leur succès à l’échelle mondiale réside dans leur capacité à offrir aux consommateurs un plus grand choix de modes de paiement. Les paiements alternatifs ont le vent en poupe.

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