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Depuis plusieurs semaines, les rumeurs vont bon train concernant une augmentation conséquente du prix de la "rabta" de pain, affolant une certaine classe de Libanais qui, conséquence de la crise économique, base désormais son alimentation sur le pain. Qu’en est-il de ces rumeurs? Ici Beyrouth fait le point.

Depuis quelques semaines, les rumeurs concernant une augmentation substantielle, d’environ 50.000 livres, voire plus, du prix de la "rabta" de pain, vont bon train, affolant une grande partie de la population qui, du fait de la crise économique qui sévit depuis 2019, base son alimentation sur le pain. Ce vent de panique intervient alors que le soutien à l’importation de blé par la Banque mondiale (BM) a pris fin.

Toutefois, le ministre sortant de l’Économie et du Commerce, Amin Salam, assure à Ici Beyrouth qu’il n’en est rien et que les quantités de blé subventionnées par la Banque mondiale sont suffisantes jusqu’au mois d’octobre. Il explique que la levée de la subvention, que permettait le prêt de 150 millions de dollars de la Banque mondiale, a été faite "progressivement et intelligemment" pour que le citoyen ne la sente pas. "Nous avons rationalisé la subvention", insiste-t-il. Avant de préciser qu’en octobre, lorsque le blé acheté via le prêt de la BM sera épuisé, le citoyen ne sentira pas une grande différence, ou alors une légère augmentation d’environ 10.000 livres. Le ministre souligne néanmoins que le blé agit sur une partie du prix du pain, mais que d’autres facteurs entrent en compte et influent sur le prix.   

Il a par ailleurs révélé qu’une cargaison de 65.000 tonnes de blé doit être livrée bientôt au port de Beyrouth.     

Il s’est également voulu rassurant en avançant que la subvention va se transformer en un soutien apporté par l’État libanais aux personnes les plus vulnérables. "Ce sera une aide ciblée", affirme-t-il.

M. Salam rappelle que l’accord de subvention était intervenu près de deux mois après le début des négociations avec la délégation de la Banque mondiale au Liban, en mai 2022. Celles-ci avaient été entamées après l’offensive russe en Ukraine et les craintes d’une crise de blé à l’échelle internationale, plus particulièrement au pays du Cèdre qui importe son blé essentiellement d’Ukraine. La guerre dans ce pays, ainsi que l’effondrement économique et financier dans lequel le Liban est plongé, avaient exacerbé les risques d’une crise alimentaire locale. La Banque mondiale avait proposé cette subvention comme première étape pour "éviter de perturber l’approvisionnement en blé à court terme et aider à garantir du pain à un prix abordable aux Libanais".

La "rabta" à environ 70.000 livres

De son côté, le président du Syndicat des propriétaires de boulangeries du Mont-Liban, Antoine Seif, a assuré, lui aussi, à Ici Beyrouth, que le blé subventionné par la Banque mondiale via un prêt au gouvernement libanais est disponible jusqu’à début octobre, mais qu’après cette date, le prix de la "rabta" ne "bondira pas" et tournera autour de 70.000 livres libanaises. Il a noté que depuis une semaine, le prix du pain a déjà augmenté de 5.000 livres à cause d’une hausse mondiale du prix du blé.

M. Seif indique qu’aujourd’hui la subvention sur le blé est levée à 40%. Il ajoute que la tarification du pain ne comporte pas uniquement le blé, mais aussi le sucre, la levure, l’eau, la main d’œuvre, le mazout, l’électricité et le plastique (pour les sacs). Le prix du pain est donc tributaire des fluctuations du prix du pétrole, d’une inflation généralisée et de l’augmentation des taxes gouvernementales.  

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