Loin de nous l’idée de doucher les espoirs suscités par l’accord préliminaire avec le FMI et ses trois milliards de dollars. Mais force est de constater que son importance réside essentiellement dans l’effet d’annonce. Car, soyons sérieux, qui n’a pas entendu parler des dizaines de fois depuis des années des principaux volets cités dans cet accord, comme prémices de sortie de crise? Pêle-mêle, on aligne des lieux communs, très importants certes, mais pas franchement originaux :  audit, recapitalisation, et restructuration du secteur bancaire (central et commercial), répartition des pertes (sans préciser comment), secret bancaire, contrôle des capitaux, restructuration de la dette et négociations avec les créditeurs, gouvernance, corruption, électricité, système de pension des fonctionnaires, budget 2022, taux de change unique, etc.

On a aussi voulu amplifier l’effet d’annonce par des déclarations solennelles des 3+1 piliers du pouvoir, que sont le Président, le Premier ministre, le président du Parlement + le vice-premier ministre. Puis, des serments qu’on fera tout pour exécuter tout cela avec une célérité exemplaire. À la limite, on est face à des relents de campagne électorale un mois avant le scrutin, quand justement le gouvernement et le Parlement devront être remplacés, et donc les serments actuels n’engageront en rien les nouveaux venus au pouvoir.

Où sont les actifs de l’État ?

Mais au-delà de cet aspect qui en a étonné plus d’un, l’accord pêche par manque de détails, le jus n’y est pas. Ou, selon une expression française consacrée, il y a des trous dans la raquette.

L’un des principaux volets qui manquent à l’appel est l’important rôle que devra jouer le secteur privé et comment faire pour faciliter son travail. Les réunions de la délégation du FMI avec les organismes économiques comme avec l’Association des banques ont montré des divergences dans certaines approches. Le secteur privé voulait montrer, à juste titre, qu’il a toujours été le moteur de la croissance dans le pays, et que le secteur public, même au zénith de son apogée, n’a jamais constitué plus qu’un acteur secondaire, quand il ne s’est pas transformé franchement en un boulet.

Une dimension annexe qui n’a pas été mentionnée dans l’accord préliminaire est la constitution d’un fonds souverain qui regrouperait les actifs de l’État, quitte à en confier la gestion et l’exploitation à des acteurs privés. C’est l’une des revendications du secteur privé, y compris bancaire, à la fois pour contribuer à la réduction de la dette, du ‘trou’ financier, et en même temps pour relancer l’activité économique et attirer des investissements. On a bien mentionné la nécessité d’éliminer les entraves à la création d’emplois et d’encourager la croissance, mais sans plus de détails.

Tout reste à faire

En réalité, après l’accord, comme avant lui, tout reste à faire. Non seulement en termes d’exécution des arrangements de l’accord, mais déjà dans la mise en place de plans d’action dans chacun des domaines cités, parfois à peine effleurés. On se demande vraiment pourquoi on a consacré six mois de travail pour juste en arriver à émettre des titres de paragraphes.

Pour le futur proche, compter uniquement sur le pouvoir pour faire avancer les choses risque de traîner en longueur. Rien qu’à voir l’épopée de l’électricité, et le pseudo plan du gouvernement dans ce domaine ! La seule façon de passer à la vitesse supérieure est, pour le FMI et les autres partenaires, de maintenir la pression sur les autorités. La pression viendra aussi de la rue, là où la paupérisation risque de s’amplifier, mais ce n’est pas ce volet qui risque d’émouvoir outre mesure les autorités.