Une analyse simple du marché montre que la dollarisation du prix de l’essence est l’unique issue pour un fonctionnement efficace de la chaîne d’approvisionnement.

C’est pour bientôt le bidon d’essence à un million de livres? L’expression se trouvait mercredi sur toutes les lèvres, le prix du bidon d’essence 95 octane ayant franchi la barre des 700.000LL.
L’essence, contrairement au diesel et au gaz, bénéfice d’une subvention de la Banque centrale, qui vend les dollars aux importateurs au taux de change de sa plateforme Sayrafa.
Si cette subvention devait s’arrêter, l’augmentation du prix du bidon d’essence serait égale à la différence des taux de change entre Sayrafa et le marché parallèle, sachant que le prix des vingt litres d’essence est de 27$.
Aujourd’hui, explique un professionnel du secteur, la différence entre les taux de change de Sayrafa et du marché noir est de 4000 LL, ce qui revient à dire que le prix du bidon d’essence accusera une hausse de 108.000 LL., au cas où le marché de l’essence est libéralisé.

L’essence ou l’électricité

Plusieurs sources ont rapporté que la Banque du Liban a déjà fait part au Premier ministre sortant Nagib Mikati de son intention d’arrêter la subvention de l’essence, qui représente une dépense à fonds perdus, et d’accorder par ailleurs les deniers publics à l’EDL pour s’approvisionner en fuel, à condition qu’elle relève le tarif du killowatt/heure. "Une démarche raisonnable", déclare la source susmentionnée, d’autant que la subvention de l’essence avec le début de la saison d’été signifie " la subvention du vacancier et non du citoyen résident".

Les prix affichés en dollar

Une fois la subvention de l’essence levée, le prix du bidon sera affiché en dollar par les stations-service, le taux du jour du dollar étant fixé par le ministère de l’Énergie.  " Le consommateur, quant à lui, pourra payer en livre ou en dollar, mais dans aucun cas par carte ", souligne Maroun Chammas, président du syndicat des importateurs de pétrole. La disponibilité des livres en espèce étant soumises à des restrictions, l’importateur ne peut retirer de ses comptes en banque les montants dont il a besoin. Le taux d’escompte du chèque en Bira – soit les livres libanaises coincées dans les banques – tourne autour de 43%. S’il évoque une baisse de 25% de la consommation d’essence dans le pays depuis 2019, il ne manque pas de souligner l’importance de l’approbation,   dans les meilleurs délais, de la carte d’approvisionnement, conscient du taux d’inflation galopant.