L’armée israélienne a bombardé samedi la bande de Gaza après des critiques de Washington sur la conduite de la guerre et la mise en garde de l’ONU contre une "catastrophe humanitaire colossale" dans la ville surpeuplée de Rafah, à la frontière égyptienne.

Des équipes de l’AFP ont fait état de frappes dans la nuit, dans différents secteurs de Gaza, qui ont fait plus de 30 morts, selon des médecins et des témoins. Ces frappes ont eu lieu après la diffusion d’un rapport du département d’État sur la situation dans le territoire palestinien, où la guerre menée par Israël contre le mouvement islamiste Hamas est entrée dans son huitième mois.

Les États-Unis jugent "raisonnable d’estimer" qu’Israël a violé le droit humanitaire international à Gaza sans pouvoir toutefois le conclure de manière définitive, et continueront à livrer des armes à ce pays, selon le rapport.

À New York, l’Assemblée générale de l’ONU s’est prononcée vendredi, à une écrasante majorité, pour que les Palestiniens deviennent membres à part entière de l’organisation, leur octroyant quelques droits supplémentaires à défaut d’une véritable adhésion bloquée par les États-Unis, premier allié d’Israël.

"Sans délai"

Sur un autre front diplomatique, des pourparlers indirects entre Israël et le Hamas, au Caire, visant à arracher une trêve et éviter une offensive majeure sur Rafah se sont achevés jeudi sans parvenir à un accord, à l’issue de négociations avec les pays médiateurs (Égypte, Qatar et États-Unis).

Pour le Hamas, le "rejet par Israël" d’une proposition des médiateurs à laquelle le groupe a donné son feu vert ramène les négociations "à la case départ". Lundi, il avait dit oui à un accord en trois phases de 42 jours chacune, selon lui, incluant un retrait israélien de Gaza ainsi qu’un échange d’otages israéliens et de prisonniers palestiniens, en vue d’un "cessez-le-feu permanent".

Or Israël s’oppose à un cessez-le-feu définitif tant que le Hamas, qu’il considère comme une organisation terroriste, ne sera pas vaincu.

Pour "vaincre" le Hamas, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, insiste sur la nécessité d’une opération à Rafah (sud), où se retranchent selon lui les derniers bataillons du mouvement islamiste palestinien.

Défiant les mises en garde internationales contre une offensive majeure dans cette ville où s’entassent 1,4 million de Palestiniens, la plupart déplacés par les violences, selon l’ONU, l’armée israélienne y mène depuis mardi des incursions dans l’est. Elle a pris le contrôle du point de passage frontalier avec l’Égypte, verrouillant une porte d’entrée névralgique pour les convois d’aide humanitaire.

Fuir Rafah

L’armée israélienne a annoncé samedi qu’"environ 300.000" Palestiniens avaient quitté les quartiers est de Rafah, depuis l’ordre d’évacuation qu’elle avait lancé le 6 mai.

"Quelque 30.000 personnes fuient la ville chaque jour", a indiqué le bureau des Affaires humanitaires de l’ONU (Ocha), précisant que la plupart avaient "déjà dû se déplacer à cinq ou six reprises" depuis le début de la guerre.

Malgré la réouverture, mercredi, du passage de Kerem Shalom, voisin de Rafah, fermé par Israël pendant trois jours après des tirs de roquettes du Hamas, l’acheminement de l’aide reste "extrêmement difficile", a affirmé à l’AFP Andrea De Domenico, le chef du bureau de l’Ocha dans les territoires palestiniens.

Vendredi soir, le Cogat, organe du ministère israélien de la Défense supervisant les affaires civiles dans les Territoires palestiniens, a néanmoins annoncé "le transfert de 200.000 litres de carburant à des organisations internationales" via Kerem Shalom.

Toutefois, observe Sylvain Groulx, coordinateur d’urgence de Médecins sans frontières (MSF) à Gaza, il faut "comprendre que lorsque plus des deux tiers des hôpitaux ou des structures médicales de Gaza ont été soit détruits, soit partiellement détruits, il devient encore plus difficile d’offrir à la population les services de santé de base dont elle a cruellement besoin".

Avec AFP