Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a fait part, lundi, à deux hauts responsables israéliens, de la "vive inquiétude" des États-Unis après des frappes meurtrières de l’armée israélienne ces derniers jours dans la bande de Gaza, selon son porte-parole.

M. Blinken a reçu deux responsables israéliens influents – le ministre des Affaires stratégiques, Ron Dermer, et le conseiller à la Sécurité nationale, Tzachi Hanegbi – "pour leur faire part de notre vive inquiétude concernant les récentes pertes civiles à Gaza".

Les pertes "restent inacceptables. Nous continuons à voir beaucoup trop de civils tués dans ce conflit", a déclaré à la presse le porte-parole du département d’État, Matthew Miller.

L’armée israélienne a lancé plusieurs frappes meurtrières ces derniers jours sur un camp de déplacés et une école abritant des civils.

En réponse, le Hamas a déclaré qu’il se retirait des négociations sur le cessez-le-feu, ce qui a encore réduit les perspectives d’une trêve et d’un accord sur la libération des otages.

Israël a indiqué avoir visé Mohammed Deif, le chef militaire du Hamas, et Rafa Salama, commandant du mouvement islamiste à Khan Younès, présentés comme "deux cerveaux du massacre du 7 octobre" en Israël, qui a déclenché la guerre.

Les deux responsables israéliens ont indiqué à M. Blinken n’avoir "pas de certitude" sur son sort, a indiqué le porte-parole du département d’État.

Les discussions bilatérales ont également porté sur un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, sur l’aide humanitaire à Gaza et sur les plans d’après-guerre.

Cette visite intervient quelques jours avant que le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, ne s’adresse au Congrès américain le 24 juillet.

"Nous continuons d’entendre directement de la part d’Israël qu’il souhaite parvenir à un cessez-le-feu et qu’il s’engage à respecter la proposition qu’il a présentée", a déclaré M. Miller.

Le président américain Joe Biden est soumis à des pressions politiques croissantes concernant le sort des Palestiniens de la bande de Gaza.

"Nous sommes incroyablement troublés par la mort continue des Palestiniens à Gaza", a déclaré lundi M. Miller, interrogé sur les armes américaines fournies à Israël.

Bombe par Israël dans la "zone de sécurité"

Les États-Unis fournissent, chaque année, à Israël, des milliards de dollars d’aide militaire.

La frappe meurtrière d’Israël sur Al-Mawasi, l’une des attaques les plus sanglantes en plus de neuf mois de guerre à Gaza, a utilisé des bombes à charge massive fournies par les États-Unis, selon des experts en armement.

Le bombardement de la "zone de sécurité" déclarée par Israël a transformé la ville de tentes située sur la côte méditerranéenne en un champ de ruines carbonisé, les hôpitaux voisins étant submergés de victimes.

Deux experts en armement ont déclaré à l’AFP qu’un morceau de munition vu dans une vidéo du site de l’explosion circulant en ligne était un aileron de queue d’une munition d’attaque directe conjointe (JDAM) de fabrication américaine. L’AFP n’a pas pu vérifier la vidéo de manière indépendante.

Le kit assisté par GPS convertit les bombes à chute libre non guidées – dites "bombes muettes" – en munitions "intelligentes" guidées avec précision, qui peuvent être dirigées vers une ou plusieurs cibles.

Les premiers JDAM ont été livrés en 1997 et, selon l’armée de l’air américaine, leur fiabilité est de 95%.

Trevor Ball, ancien technicien de l’armée américaine chargé de la neutralisation des explosifs et munitions, a conclu des images de la frappe d’Al-Mawasi qu’il s’agissait à 100% d’un kit JDAM fabriqué aux États-Unis.

Il a ajouté que le fragment pourrait également être compatible avec l’ogive BLU-109 "bunker buster", qui est conçue pour pénétrer le béton.

Maria Chami, avec AFP