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©Ici Beyrouth
L’entrée en vigueur du cessez-le-feu a été accueillie par des… tirs de joie et des distributions de drapeaux du Hezbollah dans la banlieue sud de Beyrouth. Certains Libanais ont une tendance assez stupéfiante à ne rien apprendre des drames du pays.
3.700 morts, 10 milliards de dollars de dégâts et des… tirs de joie!!!
Le pauvre Jean-Yves Le Drian, émissaire spécial français au Liban, est arrivé à Beyrouth pour battre le fer tant qu’il est chaud et précipiter l’élection d’un président de la République. Il pourrait être surpris de découvrir que rien n’a changé. Le tandem chiite d’un côté, l’opposition désunie de l’autre. C’est à désespérer le plus chevronné des diplomates.
Ceux qui s’apprêtent à célébrer des victoires, "divines" ou non, devraient y réfléchir à deux fois. De quoi parle-t-on? De 60 jours, si tout va bien, d’un cessez-le-feu. Durant ces deux mois, l’armée libanaise doit se déployer au sud du Litani, le Hezbollah est supposé renoncer à ses armes et le gouvernement est engagé à contrôler la frontière avec la Syrie. Avec la traditionnelle "bienveillance" du régime de la famille Assad, ce sera loin d’être une partie de plaisir.
Autant de missions qui reviennent à une escalade de l’Everest à mains nues.
Comme dans une sorte "d’école des fans" morbide, tout le monde a gagné. Les Israéliens vont pouvoir reconstituer leurs stocks de munitions et faire souffler leurs réservistes en se concentrant désormais, comme l’a dit Benjamin Netanyahou, sur l’Iran et le Hamas, quitte à reprendre la guerre un peu plus tard. Le Premier ministre israélien a bien précisé aux notables des villes du nord du pays qu’il était beaucoup trop tôt pour rentrer chez eux. Le Hezbollah, militairement défait, va proclamer, contre toute évidence, sa victoire. Son nouveau secrétaire général va pouvoir rentrer d’Iran et ses députés sortir du Parlement où ils s’étaient réfugiés. L’administration Biden tient enfin son succès diplomatique.
Mais qui rendra des comptes pour avoir plongé le pays en enfer? Probablement personne. Qui reconstruira ce que l’erreur stratégique de l’Iran a détruit? Probablement pas grand monde.
Tout va reposer sur l’État libanais. Autant dire que rien n’est gagné et que c’est très inquiétant. Parce que l’État libanais, malheureusement, on connaît!
Dans 60 jours, Donald Trump sera au pouvoir. Il n’est pas certain qu’il supporte éternellement les habituels atermoiements des dirigeants libanais. Il pourrait fort bien placer la barre encore plus haut que l’accord de cessez-le-feu en 13 points. Le souci, c’est que la "guerre des 66 jours" était entre le Hezbollah et Israël. L’accord de cessez-le-feu a été conclu entre l’État libanais et Israël. Une précision de taille. Il est donc à craindre qu’en cas de non-respect, ce soit le Liban officiel et, avec lui, les infrastructures civiles du pays qui en paieront le prix.
Churchill disait: "Quand vous traversez l’enfer, continuez tout droit…" Allez! On fonce.
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