La Fondation May Chidiac a organisé le lundi 18 juillet une conférence à l’hôtel Le Royal de Dbayeh pour rendre publics les détails du programme de "renouvellement structurel de la politique et de l’économie du Liban" qu’elle a initié en collaboration avec la section des affaires publiques de l’ambassade américaine de Beyrouth. 

Ce projet s’inscrit dans un contexte de crise sans précédent que traverse le Liban depuis près de trois ans. Une crise aggravée par les retombées de la pandémie du Covid-19 et surtout l’explosion dévastatrice du 4 août 2020. Aujourd’hui, cette crise s’aggrave de jour en jour et de plus en plus de Libanais n’arrivent plus à subvenir à leurs besoins de première nécessité. C’est dans ce contexte que la FMC a décidé de proposer des solutions politiques et économiques pour une sortie de crise, avec l’aide de l’ambassade américaine de Beyrouth.

Parmi les principales mesures proposées figurent la protection et l’indépendance du corps judiciaire ou encore la condamnation des personnes soupçonnées de corruption. En outre, l’aide aux forces armées libanaises est au centre du rapport: les États-Unis proposent une meilleure coordination et une assistance pour la sécurité du pays ainsi qu’un financement plus important à l’armée qui devra elle-même assurer la souveraineté et devrait préserver l’autorité de l’État sur la totalité du territoire. Concernant le secteur bancaire, le rapport propose le vote d’un bail-in ou encore la restructuration de la Banque du Liban pour acquérir une meilleure liquidité.

La conférence s’est tenue en présence, notamment, de la présidente de la Fondation, May Chidiac, de l’ambassadrice américaine au Liban, Dorothy Shea, du vice-président de la Chambre, Élias Bou Saab, du ministre de l’Énergie, Walid Fayad, et de plusieurs députés, diplomates et responsables politiques.

Dans un discours qu’elle a prononcé durant la cérémonie, l’ambassadrice américaine a réaffirmé "l’engagement indéfectible des États-Unis et de ses partenaires " à aider " du mieux qu’ils peuvent " le Liban. Dorothy Shea a aussi rappelé que "le Liban s’est engagé à réaliser un programme réformateur très ambitieux qui restructure notamment le système bancaire", tout en appelant à " faire voter au Parlement très rapidement les réformes nécessaires à la réalisation" de ce programme. Rappelons que le 7 avril 2022, le Liban a conclu un accord préliminaire avec le Fonds Monétaire International et s’est engagé à réaliser plusieurs réformes nécessaires au redressement du pays.

Les frontières maritimes 

Mme Shea a ensuite indiqué que " nous sommes très proches de la réalisation du résultat escompté au niveau du dossier de la délimitation des frontières maritimes ". Et d’ajouter en outre que "le peuple libanais mérite mieux que le dysfonctionnement politique et la corruption dont il a été victime depuis des décennies". Elle a émis l’espoir à ce propos que la classe politique libanaise "entende les revendications du peuple et œuvre à redresser l’économie en réalisant les réformes exigées par la communauté internationale".

De son côté, la présidente de la FMC, l’ancien ministre May Chidiac, a assuré que le programme qu’elle présente s’est attardé sur "plusieurs problèmes impactant la situation au Liban et a retracé la voie à suivre en vue de la reprise ". Mme Chidiac a notamment abordé "la crise économique et financière qui a un impact social catastrophique avec plus de la moitié de la population qui vit aujourd’hui sous le seuil de pauvreté". Elle a ensuite remercié "les États-Unis qui œuvrent toujours à aider le Liban à préserver son indépendance, sa souveraineté et son autorité sur l’intégralité du territoire".

La présidente de la FMC s’est ensuite penchée sur les conflits géopolitiques qui ont des retombées sur le Liban, notamment "les négociations sur le nucléaire à Vienne qui se répercutent considérablement sur la politique de la milice iranienne (et donc le Hezbollah) qui contrôle le pays". Elle a appelé à "modifier cette situation en rétablissant l’identité du Liban avec l’aide de la communauté internationale ".

Mme Chidiac a conclu en évoquant les grandes lignes de son programme pour la restructuration politique et économique : "Il est nécessaire de rétablir la souveraineté de l’État libanais, de trouver une solution au dossier énergétique, de renforcer  l’armée et les forces armées libanaises (FAL) qui doivent protéger les frontières, d’appliquer des réformes économiques et financières, de renforcer le rôle de la femme …".

Quant à Mirelle El-Hajj, membre du directoire de la FMC, elle a présenté le contexte qui anime le paysage politique libanais et a rappelé que "des facteurs internes et externes jouent leur rôle dans l’effondrement" du pays. Selon elle, "les facteurs internes sont la corruption et les quotas confessionnels et sectaires alors que les facteurs externes se rapportent essentiellement aux négociations sur le nucléaire avec l’Iran et la guerre entre la Russie et l’Ukraine ". Mme Hajj a affirmé que le programme mis en place "avait pour but d’identifier les principaux défis, d’analyser les risques et de proposer des solutions ". Et d’affirmer que la crise des réfugiés syriens, la délimitation des frontières maritimes avec Israël et l’aide aux forces légales ont été abordées au cours de la mise en place du programme. Elle a conclu en insistant sur " la nécessité de respecter les résolutions 1559, 1680 et 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU" qui mettent l’accent sur la souveraineté libanaise et l’autorité de l’État sur la totalité du territoire libanais.