Le ministre sortant de la diplomatie Abdallah Bou Habib préconise une feuille de route commune libano-européenne pour un retour chez eux des réfugiés syriens.

Le ministère des Affaires étrangères et des Émigrés a répondu vendredi à la déclaration du haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, Josep Borrell, faite le 30 juillet au nom de l’UE sur la situation dans le pays et notamment sur le dossier des réfugiés. L’UE avait implicitement critiqué la volonté, exprimée par les autorités libanaises, d’obtenir le départ de réfugiés syriens vers les régions sûres dans leur pays.

Dans un communiqué publié vendredi, le chef de la diplomatie Abdallah Bou Habib a mis l’accent sur le poids que représentent les réfugiés syriens au Liban. Il a rappelé que " le Liban est confronté à une crise économique et sociale sans précédent dans son histoire et à cause de laquelle 80% du peuple libanais vit en dessous du seuil de pauvreté ". Le ministre a ensuite expliqué que l’une des principales causes de cette crise socio-économique est " la présence massive de Syriens déplacés sur le territoire libanais ". Le ministre a défendu la position du Liban à ce sujet, en réaffirmant qu’il existe de nombreuses régions sûres en Syrie vers lesquelles les réfugiés présents au Liban peuvent revenir et en insistant sur le fait que " la plupart des déplacés syriens sont des réfugiés économiques ". " Ils profitent des aides internationales directes et sélectives en devises qui leur sont fournies et qu’ils envoient en Syrie, sachant que celles-ci ne passent pas par l’Etat ", a-t-il dit. Et d’ajouter: " A cause de la crise socio-économique, les groupes économiques les plus vulnérables des Libanais se disputent des services et des ressources alimentaires limités, fournis en grande partie aux réfugiés syriens et palestiniens et qui constituent environ 40% de la population libanaise. Cette situation a attisé les tensions et les incidents violents entre différents groupes de la société ".

M. Bou Habib a relevé l’absence de toute feuille de route internationale pour un retour des réfugiés syriens et insisté sur le fait que le Liban ne peut pas attendre indéfiniment une solution politique en Syrie.

Le ministre a conclu en lançant un appel à un dialogue et à une coopération libano-européenne, afin de mettre en place une feuille de route qui favoriserait le retour progressif des réfugiés syriens chez eux, en toute dignité et en toute sécurité, par souci pour la stabilité du Liban.

Dans sa déclaration du 30 juillet dernier, le Haut représentant de l’Union européenne avait indiqué que " les autorités libanaises et la communauté internationale doivent continuer de coopérer sur la question complexe et délicate des réfugiés syriens au Liban ". " L’UE et ses États membres saluent la générosité du Liban, mais invitent les autorités libanaises à se garder de tout discours porteur de division et à agir de manière constructive sur cette question. Ils rappellent leur position selon laquelle le droit humanitaire international et le principe de non-refoulement défini par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) doivent être respectés ", a affirmé le bureau de Josep Boorrell, avant d’ajouter: " L’UE et les États membres poursuivront leurs efforts visant à lutter contre les causes sous-jacentes de la crise des réfugiés et des personnes déplacées, conformément à la résolution 2254 du Conseil de sécurité des Nations unies, de manière à permettre aux réfugiés syriens de rentrer volontairement dans leur pays, de manière sûre et digne, dans le respect des normes du HCR. Les conditions d’un retour sûr, volontaire et digne des réfugiés et des personnes déplacées, y compris des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays (PDI), ne sont toujours pas remplies en Syrie. Il incombe donc au régime syrien d’agir en ce sens pour créer ces conditions ".