Le président Michel Aoun a reçu mercredi en début de matinée le Premier ministre désigné Nagib Mikati pour un entretien qui marque essentiellement un retour à la normale dans les relations entre les deux hommes, après le bras-de-fer, ponctué d’échanges acerbes, qui les a opposés autour du dossier gouvernement.

Les deux semblent aujourd’hui dans de bonnes dispositions, selon les informations relayées au sujet de l’entretien de Baabda. Dans leur entourage, on fait état d’un optimisme modéré.

Il est bien entendu prématuré de parler d’un déblocage, Michel Aoun et Nagib Mikati s’étant contentés d’échanges généraux autour de la nécessité pour le pays d’être doté d’un nouveau cabinet avant l’échéance présidentielle d’octobre. Ils ont aussi abordé les complications qui découleraient de l’incapacité, pour une raison ou autre, d’élire un nouveau chef de l’État à l’expiration du mandat actuel, alors que le gouvernement actuel continue d’expédier les affaires courantes.

Les deux hommes ont également passé en revue les sujets examinés la veille, mardi, durant la réunion ministérielle informelle du Sérail, notamment une hausse des tarifs du kilowatt/heure, ou encore du dollar douanier. Le chef de l’État aurait été d’accord sur le fait qu’il est difficile de relever les tarifs de l’électricité, sans en améliorer la distribution et qu’il serait préférable de laisser au ministère des Finances et à la Banque du Liban le soin de fixer le taux du dollar douanier.

Le chef du gouvernement serait parti avec la promesse de revenir dans les prochains jours à Baabda, muni d’une nouvelle mouture gouvernementale qui tiendrait compte des remarques du président concernant la répartition des portefeuilles ministériels.

Dans sa déclaration à la sortie du palais présidentiel, M. Mikati a affirmé: "Les discussions ont porté sur la formule gouvernementale que j’avais présentée le 29 juin dernier, dans l’espoir d’un rapprochement des points de vue".

La première combinaison ministérielle rejetée par Michel Aoun correspondait à un remaniement de l’équipe actuelle. Nagib Mikati avait proposé le maintien de la majorité des ministres à leurs postes, à l’exception de ceux de l’Énergie et des Finances. À la tête de l’Énergie, il a voulu remplacer Walid Fayad par Walid Sinno, un spécialiste du dossier proche de lui, alors qu’aux Finances, il a proposé l’ancien député Yassine Jaber, proche du président de la Chambre Nabih Berry à la place de Youssef Khalil. Le CPL continue cependant de s’accrocher à l’Énergie qu’il a géré pendant plus de dix ans, avec les résultats lamentables qu’on connaît, alors que Nagib Mikati veut essentiellement réformer ce secteur dans le cadre du plan prévu pour une sortie de crise au Liban. Le parti aouniste a vu dans la proposition du Premier ministre désigné une atteinte qui l’a fait monter au créneau. Le CPL reste déterminé à obtenir la formation d’un gouvernement dans lequel il sera prédominant avec ses alliés. Il souhaite aussi garder des portefeuilles-clés, surtout si la nouvelle équipe doit assumer les prérogatives présidentielles en cas de vacance à la tête de l’État.