Le président de l’ordre des médecins, Youssef Bakhache, a lancé vendredi un véritable cri d’alarme sur les difficultés auxquelles fait face le corps médical. Un "cri de douleur" qui reflète l’effondrement du secteur sanitaire, alors que le Liban était autrefois surnommé "l’hôpital du Moyen-Orient", a expliqué le Dr Bakhache lors d’une conférence de presse tenue à la Maison du médecin (siège de l’ordre), à Téhouita. Le président de l’ordre a ainsi souligné le rôle essentiel que jouent les médecins dans le tissu social et économique du pays, ce qui contraste avec la précarité croissante dans laquelle ils sont plongés. Une situation intolérable pour l’ordre, qui estime que les médecins sont forcés à l’émigration.

Le Dr Bakhache a ainsi listé les raisons, principalement financières, pour lesquelles les médecins sont aujourd’hui poussés à partir. Les médecins font face, tout comme le reste des Libanais, à la baisse de leur pouvoir d’achat. De plus, les codes qui fixent les honoraires des médecins n’ont pas été revus depuis 2019 et restent calculés par les tiers payants publics et les assurances au taux officiel de 1.507 livres pour un dollar. Sans oublier les retards affichés dans leurs versements. Le Dr Bakhache a expliqué dans ce cadre que le dernier versement effectué par l’État aux hôpitaux remonte à juin 2021. Enfin, les médecins font face à un plafond de retrait bancaire bas, qui atteint dans les meilleurs des cas six millions de livres libanaises par mois. Le Dr Bakhache a également dénoncé le fait que les honoraires des médecins ne soient pas encore séparés des dus de l’État aux hôpitaux. Il a enfin déploré le fait que l’argent des médecins à la retraite soit bloqué dans les banques, soulignant que la pension de retraite ne dépasse pas les 3 millions de livres.