Les États-Unis, comme certains pays européens, s’intéressent toujours à quelques aspects de la situation au Liban, en particulier à l’armée libanaise, de peur que l’exacerbation des crises politiques et économico-sociales ne se répercutent sur l’institution militaire. Mais jusqu’à l’heure, le commandement de l’armée dirigé par le général Joseph Aoun force l’admiration. Ce dernier a réussi à maintenir la cohésion de la troupe alors que les soldats sont frappés de plein fouet par la crise et perçoivent une solde de misère.

Le commandement de l’armée, qui jouit toujours du droit de conclure des accords avec diverses parties, a étonnamment su préserver les avantages médicaux dont bénéficient les militaires. À cet égard, l’aide financière américaine allouée au soutien technique et logistique joue un rôle majeur dans le maintien de cette prestation de service si nécessaire et essentielle.

Cette aide permet par ailleurs de sécuriser les pièces de rechange et les technologies indispensables à de nombreux engins militaires, notamment pour l’armée de l’air. De même, les États-Unis continuent de fournir à l’armée armes et munitions. L’institution militaire envisage même de se doter bientôt de pièces navales.

Il faut aussi noter que les Américains sont sur le point de remettre à l’armée 67 millions de dollars à payer en espèces aux militaires et aux officiers, qui seront versés à raison de 100 dollars par mois.

Des diplomates américains et européens ont affirmé que les investissements au bénéfice de l’armée libanaise se poursuivront, au vu de la grande compétence affichée en termes de formation et de mise en œuvre de tactiques de combat, ainsi que dans l’utilisation des différents types d’armements dont elle dispose.

Par ailleurs, en réponse à ceux qui soulignent que les pays concernés, en particulier les États-Unis, ne fournissent pas à la troupe des armes de pointe, on rétorque de source diplomatique qu’il n’y a aucune interdiction de fournir à l’armée de tels équipements. Cependant, la question est de savoir si le Liban est en mesure de payer le coût très élevé de l’achat et de l’entretien de tels équipements.

On relève de même source que l’armée constitue toujours l’une des composantes encore sur pieds de l’État libanais et peut avoir un rôle clé dans sa relance, si elle réussit à résister aux plans de ceux qui rejettent son édification ainsi que le contrôle de ses décisions, en particulier celles de paix et de guerre. On ajoute que l’armée a jusqu’à présent été en mesure de faire face aux plans qui la visaient. Toutefois, l’on met en garde contre les tensions sécuritaires montées de toutes pièces qui pourraient se produire dans les prochains jours, afin d’entraîner l’armée dans des incidents internes.

En outre, si la question des réfugiés syriens au Liban reste l’une des questions qui nécessitent la préservation de l’institution militaire et sa cohésion, le maintien de la sécurité intérieure constitue, lui aussi, l’une des missions principales de l’armée. D’ailleurs, les diplomates ont eu vent que celle-ci ne resterait pas les bras croisés si certains incidents sécuritaires venaient à surgir, et que le rôle qu’elle a joué dans les événements de Tayouné, en octobre 2021, est susceptible de se reproduire dans toute zone qui pourrait faire l’objet de tensions sécuritaires.

En résumé, les diplomates craignent que certains candidats politiques à la présidence de la République soient prêts à renoncer à tout, si l’on en croit leurs déclarations, dans le seul but d’accéder à la magistrature suprême, et ce au profit de l’axe qui rejette l’État et l’armée. Ainsi, l’armée serait réduite à un outil au service des forces du fait accompli et utilisée dans la répression musclée de toute opposition.