Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, s’est dit prêt à "discuter de toute formule de stratégie de défense et à l’adopter". Il a tenu des propos en ce sens dans un discours qu’il a prononcé lundi soir pour le quarantième anniversaire de la fondation de sa formation.

Il n’a pas abordé le dossier de la présidentielle et n’a pas voulu non plus se prononcer au sujet du dossier des négociations indirectes avec Israël sur la délimitation des frontières maritimes, dans l’attente des conclusions de la mission du médiateur américain, Amos Hochstein. "Nous attendons les prochains jours afin de prendre la décision qui s’impose. Notre discours est clair", a-t-il dit, en minimisant l’importance des menaces israéliennes contre le Liban. "Ces menaces n’ont aucune valeur", a avancé Hassan Nasrallah.

Le ton qu’il a adopté détonnait avec le discours belliqueux qu’il tenait depuis quelques semaines, lorsqu’il multipliait les menaces contre Tel Aviv au cas où il s’aviserait à extraire, en septembre, du gaz du champ de Karish, situé au sud de la zone contestée en Méditerranée. Sans doute parce que, comme il l’a dit, "des changements positifs semblent se profiler à l’horizon, notamment au niveau du dossier régional", en allusion notamment à la progression des négociations entre Washington et Téhéran sur le dossier nucléaire.

Lundi matin, le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, avait brandi la menace d’une nouvelle guerre au cas où le Hezbollah mènerait une attaque contre le champ de Karish. "Le gouvernement israélien a dit clairement que le gisement de Karish était situé au sud de la zone disputée, il n’y a pas débat à ce sujet. Et le gisement produira (du gaz naturel) lorsqu’il sera prêt à produire ", a déclaré lundi M. Gantz dans une interview à la radio 103 FM.  " L’État d’Israël est à la fois prêt à protéger ses actifs et prêt à arriver à un accord avec le gouvernement libanais via la médiation américaine sur le gisement de Sidon (champ de Qana, NDLR), a-t-il ajouté. Je crois que dans le futur, il y aura deux plateformes gazières, une de notre côté, une du leur. Et j’espère que nous n’aurons pas à passer par un nouveau round d’affrontements avant cela.  "

Le chef du Hezbollah a par ailleurs souligné son attachement à la paix civile au Liban. "Nous avons toujours évité de nous laisser entraîner vers une discorde", estimant que "ce piège est tendu au Liban depuis 2005". S’adressant au Courant du futur de l’ancien chef du gouvernement, Saad Hariri, il s’est engagé à barrer la voie à toute tentative de discorde. Hassan Nasrallah a énuméré dans ce contexte toutes les fois au cours desquelles, selon lui, le pays a "réussi à surmonter des incidents qui auraient pu provoquer une guerre civile".

Il s’en est pris aux États-Unis les accusant de s’ingérer dans les affaires intérieures du Liban, après avoir exposé sa vision de l’État libanais dans les années à venir.