Au cas où les critères qu’ils ont définis pour le choix d’un nouveau président de la République ne sont pas pris en compte, les députés dits du changement menacent de recourir à la rue.

Les députés dits du changement, issus pour la plupart du mouvement du soulèvement populaire d’octobre 2019, ont annoncé samedi une initiative censée favoriser une entente autour d’un nouveau président de la République, suivant des critères déterminés, " loin des alignements politiques ". Ils n’ont pas nommé de candidat mais ils ont préconisé le choix d’une personnalité capable de " suivre les changements intervenus dans le pays après le soulèvement du 17 octobre " et plaidé notamment pour " un retour à la Constitution ".

Les parlementaires au nom de qui Melhem Khalaf s’est exprimé, veulent un président " qui puisse rétablir les fondements d’un État avec toutes ses prérogatives, qui préserve l’unité et la souveraineté du pays, au double plan interne et externe, qui consacre la justice et l’État de droit, qui sauvegarde les avoirs de l’État, et qui œuvre à définir ses frontières maritimes auprès des instances internationales compétentes, conformément aux lois internationales correspondantes ".

Ils ont menacé de " recourir à toutes les méthodes légitimes de protestation populaire, si à l’expiration du délai prévu par la Constitution pour l’élection d’un nouveau chef de l’État, le 21 octobre 2022, les autorités n’auront pas tenu compte de cette initiative ".

Entre-temps, les députés issus du soulèvement du 17 octobre doivent engager des concertations avec l’ensemble des blocs parlementaires pour la leur expliquer et essayer de dégager un consensus autour de leurs propositions. Ce consensus, a expliqué M. Khalaf, est commandé par l’urgence d’une dynamisation des institutions et la crainte d’un vide, alors que le pays, en crise, a besoin sans tarder d’être mis sur les rails d’un redressement.

Nous avons décidé d’aborder les affaires publiques d’une manière productive pour sauver le pays " puisque la souveraineté de l’État et nos relations avec les pays arabes ont été détruits ". Une allusion on ne peut plus claire au Hezbollah qui contrôle pratiquement le pays avec ses alliés, et dont les interventions militaires dans des pays de la région, suivant un agenda iranien, ont mis à mal les relations du Liban avec les pays arabes.

" Il n’est pas permis qu’une partie quelconque mettre la main sur le pays. Nous refusons aussi qu’elles continuent d’agir comme si elles possédaient le pays. Pour que notre initiative réussisse, il faut que nous ayons des discussions franches avec toutes les parties et leur tendre la main ", a expliqué Melhem Khalaf, en insistant sur le fait que l’échéance présidentielle " doit être libanaise ". En d’autres termes, il faut la soustraire aux ingérences régionales et internationales.