Un calme précaire et une colère à peine contenue régnaient samedi à Tripoli, qui a fait ses adieux à Mahmoud Khodr, l’une des quatre personnes tuées la veille dans la fusillade qui a eu lieu dans un magasin de vente de téléphones mobiles dans la région d’el-Tell, à Tripoli. Deux autres victimes, les frères Mohammed et Omar Hosni, employés du magasin, ont été enterrés dans leur village natal à Bebnine, dans le Akkar. Le quatrième mort, Khaled Abdel-Majid, était au rang des agresseurs. C’est un repris de justice avec des antécédents "terroristes", selon un communiqué du bureau de l’orientation de l’armée, qui a précisé en outre, dans un communiqué, avoir arrêté l’une des personnes impliquées dans la fusillade.

À Tripoli, l’armée s’était déployée en force samedi et la majorité des magasins de vente de téléphones mobiles étaient fermés, rapporte notre correspondant, Badih Karhani. Citant des sources, il souligne que l’un des assaillants serait un agent des Forces de sécurité intérieure.

Celle-ci a eu lieu vendredi lorsque quatre inconnus à bord de deux motos ont ouvert le feu sur le magasin situé près de l’hôpital Chahine, tuant quatre personnes. Ils ont également lancé une grenade en direction du magasin, avant de prendre la fuite, selon des témoins.

Aucune version officielle n’a encore été donnée sur les circonstances du crime. D’après des sources proches du propriétaire du magasin, il s’agirait d’une opération orchestrée dans un but de vol. D’autres sources évoquent un "acte de vengeance" en raison de différends anciens.

Commentant l’incident, Misbah Ahdab, ancien député de Tripoli, a dénoncé samedi "le chaos sécuritaire qui augmente au fil des jours et qui bénéficie de la couverture de certains hommes politiques et de certains services de l’État". "La politique qui consiste à traiter une ville qui compte 700.000 citoyens des différentes communautés comme un foyer de terroristes et à impliquer ses jeunes dans des affaires sécuritaires après leur avoir délivré des permis de port d’armes est une politique connue de tous qui doit arrêter immédiatement", a insisté M. Ahdab dans un communiqué.

Il a appelé les forces de sécurité à mettre un terme à ce chaos sécuritaire, au lieu d’assurer la protection de cette classe politique qui a ruiné le pays. "Que font le Premier ministre (Najib Mikati), le ministre de l’Intérieur (Bassam Maoulaoui) et les députés de la ville pour la sauver?" s’est demandé M. Ahdab, qui a appelé à prendre les mesures nécessaires pour mettre un terme aux armes illégales et au chaos sécuritaire. Et de mettre en garde contre "toute tentative de provoquer des incidents communautaires pour faire sombrer la ville dans la violence".

Vendredi, M. Mikati, qui avait suivi l’évolution de la situation à Tripoli et mené les contacts nécessaires avec M. Maoulaoui et le commandant en chef de l’armée, Joseph Aoun, avait insisté sur "la nécessité de contrôler la situation et de renforcer les mesures de sécurité pour empêcher quiconque de porter atteinte à la sécurité de Tripoli".

De son côté, M. Maoulaoui a contacté le directeur général des Forces de sécurité intérieure, le général Imad Othman, pour qu’il intervienne immédiatement afin de contrôler la situation et de préserver la sécurité de la ville.

Mawlawi a souligné "la nécessité de maintenir la sécurité et l’ordre, notant qu’une réunion du Conseil central de sécurité intérieure réunira tous les responsables de la sécurité pour élaborer un plan sécuritaire à la lumière des événements récents."