Selon des informations obtenues par " Entreprendre ", une délégation saoudienne de premier rang a rencontré à Paris la semaine dernière de hauts fonctionnaires français en charge des dossiers libanais et moyen-orientaux.

Les deux délégations ont tenu une série de réunions consacrées au Liban et à l’aide qui pourrait être apportée au pays, en proie à une crise économique et financière désastreuse.

Selon nos sources, la délégation saoudienne a réaffirmé, sans ambiguïté, sa position sur l’aide financière envisagée par le FMI pour le Liban.

Pour Ryad, représentant l’ensemble des pays du Golfe, il n’est pas question de débourser 1 centime tant que l’axe iranien continue de diriger le Liban. 
L’approche saoudienne consiste à prioriser donc la dimension politique dans le règlement de la crise, jusque-là occultée par le plan du FMI et son principal parrain, la France. Le royaume pose donc des " préalables stricts " à son engagement.
Il exige, d’abord, l’élection d’un président de la République souverainiste et non porté par le parti-milice pro iranien, le Hezbollah, comme cela avait été le cas en 2016 pour l’élection du président actuel Michel Aoun.
Il exige ensuite la formation d’un gouvernement tout aussi souverain. Il exige enfin le retour du Liban, aujourd’hui tourné vers l’Iran, dans son environnement arabe naturel.

Aucun de ces trois points n’étant actuellement réunis, le royaume saoudien a donc mis un terme aux illusions françaises.
Cette position est un coup sévère porté au plan du FMI qui comptait sur une participation financière massive des pays du Golfe. C’est également un revers politique majeur pour le président français qui comptait sur cette aide pour la mise en place du plan du FMI.
Pour rappel, le gouvernement libanais avait signé avec le FMI un accord intermédiaire, le 20 mai dernier et ce, quelques heures avant qu’il ne devienne constitutionnellement chargé d’expédier les affaires courantes. Cet accord, selon des sources économiques, a été conçu à la va-vite pour être en phase avec l’agenda libanais du président Macron.
Beaucoup d’observateurs européens, mais aussi américains, critiquent désormais ouvertement la conduite du projet avec un gouvernement libanais, sans réel plan global de sauvetage du pays, qui navigue à vue et bricole dans l’opacité la plus totale des projets de lois demandés par la France. Un plan qui prévoyait notamment de ponctionner lourdement les épargnants sans que l’État libanais, pourtant principal responsable de l’effondrement du pays, ne mette la main à la poche.

Une aberration en soi de la part du FMI qui dans toutes ses approches sur d’autres pays a toujours privilégié la réduction des services publics et la privatisation des secteurs mal gérés par l’État…
Autre aberration, le contrôle des frontières libanaises, ouvertes à tous vents et à toutes les contrebandes, n’est jamais abordé par le FMI.

Curieusement, dans l’affaire libanaise, le FMI veut radicalement changer son approche. C’est peut-être une nouvelle expérience de cette instance internationale, incompréhensible pour les économistes, sur un cobaye : le Liban.

Après cette mise au point saoudienne, la France pourrait être contrainte de revoir son approche dans une perspective servant uniquement les intérêts du Liban.
De leur côté, les Saoudiens, représentant l’ensemble des pays du Golfe, sont allés à Paris remettre les pendules à l’heure et rappeler à tous, les réalités du Liban.

*  "Entreprendre" Magazine